Sur le Tertre, une Femme attend
Sombre compagne s’en vient
Son voile noir à la main,
Déjà ses doigts forts
Agrippent mon bras lourd.
Je n’ai que trop couru
Après d’illusoires trésors,
Je n’ai que trop combattu
De fantomatiques corps.
Mortes feuilles s’arrachent
De leurs ultimes attaches,
Adieu aux vents joueurs
Élèvent mon automne flétri
Au-dessus du tertre familial.
Petite Mère de loin regarde
Venir son terrible enfant,
Assise sur la pierre centrale.
Longtemps tu m’as attendu
Par froids mordants, tempêtes hurlantes,
Temps n’est-il pas venu ?
Point je n’entends le galop du cheval,
Ni perçois le hurlement du chien gardien.
Dieux m’abandonnent-ils à souffrir éternellement ?
Destin n’est pas tissé complètement,
Petite Mère, vite, prononce mon nom !
Les glaçantes haleines des géants du Nord
Givrent les plus hauts bouleaux,
Couvrent les cris des enfants épeurés
Non loin du mont emprisonné.
Petite mère écoute longuement
Couler les larmes enfantines
Une main sur le ventre abandonné
Cachant la blessure béante.
À leurs heures patientent les fruits délaissés
Sur d’effroyables peines, douloureuses craintes,
Petite Mère qu’ai-je fait ?
En voulant les aimer, je ne les ai que trop détestés,
Seuls, ils affrontent les dangers semés.
Ai-je seulement juste un instant ?
Tout semble si court à présent,
Petite Mère ne prononce pas encore mon nom !
Sombre compagne m’accompagne,
Tarde à creuser le sinistre chemin,
Se relâche son étreinte fatale
Devant mes erreurs passées.
Petite Mère attendra bien un peu,
Ici-bas espèrent mes derniers regrets,
Dame noire sourit sous son voile mortuaire.
Sur la pierre centrale, deux femmes m’attendent…
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