L'Un, l'Autre

Une minute de lecture

Parle leur, mon frère, de ton réveil prochain
Alors, ma mère, je vous parlerai du sommeil de l’assassin.
Tu leur manquas à eux, les justes sages,
Quant à moi, je ne manquais qu’aux secs paysages.

On te pleura de mille gouttes salées,
On me jeta bien plus de pierres aiguisées,
Roses blanches pour l’un, aimé,
Dards tranchants pour l’autre, détesté.

Que voulais-tu qu’il advienne,
Du reste de mon existence diluvienne ?
Une errance sans joies libres, sans affectueuses attaches,
Un rejet somptueux des monstrueux lâches…

Aucun regret n’envahissait mon cœur débordant
À l’ultime tache, je t’ai tué, obéissant,
Et pourtant, je t’adulais, plus que mon sang,
Le tien, pur, coula une nuit durant.

N’est-ce point cruel d’être dévasté
Par un acte meurtrier si longtemps élaboré,
Par un soin autre que mon langage agile
Et la main d’un frère un peu trop habile ?

Où étiez vous complices infanticides ?
Seul devant les jugements acides,
Je me présentais fier et arrogant,
Le mot criminel m’allait comme un gant !

J’assumais ainsi la portée de mon amour,
Sur mon âme lisse coulaient de terribles jours.
À cette heure encore ne pénètre point
Les ténébreuses intrigues dont j’ai été témoin.

Jusqu’à la fin de cet atroce supplice
Quand enfin tu signifieras mon absolution libératrice,
Je sentirai à nouveau ta candeur tout entière
Enfin réunis, nous deux, feu et lumière.

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