Chroniques d'un Porteur de Lumière #2
Les Brutes.
Tout dans les muscles…
On n’a pas vraiment cherché loin pour les nommer, ceux là. Faut dire que y’avait pas grand chose à aller chercher non plus.
Ce sont de gros tas de muscles survitaminés au sang humain. Les premiers ont vu le jour à l’horizon du neuvième siècle, il parait. On les gave à outrance dès leur création dans le but de développer rapidement leur nouveaux corps. Et c’est plutôt efficace. Au début. Leur croissance n’est pas exponentielle, et même assez limitée. On se retrouve très vite avec un groupe de Brutes opérationnelles mais c’est une corvée pour les garder en forme tellement elles consomment de sang. Et ça juste pour les garder à leur niveau de développement. Sans ça, elles perdent tout aussi rapidement leurs énormes muscles et la force qui va avec.
Et je ne vous parle même pas des dégâts au cerveau.
Le sang est une drogue. Pas pour les humains, bien sûr. Les lumineux étant humains, ça ne les concerne pas non plus. Mais pour les Ombrumes, c’est extrèmement puissant. Moins pour les Célestiales.
Mais comme un petit joint de temps en temps ne fait pas de mal, si vous prenez plusieurs rails de cocaïne par jour, c’est une autre histoire. Votre intelligence, vous l’oubliez. Et bien c’est pareil pour le sang.
Cela dit, pour un objectif à court terme, un groupe de Brutes peut être pratique. Avec une réserve de sang suffisante, on monte une petite équipe et on la jette où on veut. Enfin, faut pas s’attendre à des miracles non plus mais ils font une bonne diversion. Le mieux étant de les assoiffer un peu avant. Ils sont comme des lions qu’on aurait sorti de leur cage.
Si on veut développer un peu le concept, il nous faut un Jardin. Pas de tomates dans celui-là mais plutôt des humains bien en chair. On les maintient en vie le strict minimum et on les ponctionne régulièrement. Ce faisant, on peut garder nos Brutes plus longtemps. En théorie.
Dans les faits, ça reste toujours de gros tas de muscles sans cervelle. Fatalement, c’est pas des bestiaux autonomes, donc faut s’en occuper.
Ce qui fait quand même beaucoup de points faibles. Ces monstres sont cons, couteux et pas discrets.
C’est ce qui m’a amené ici d’ailleurs.
L’Ombrume supérieur à qui appartenait ce Jardin n’a pas franchement été bon sur ce coup. Des humains qui disparaissent, des bruits bizarres venant de sous le sol. Du travail d’amateur.
La quasi-entièreté de ces monstres git au sol dans une marre de sang. Faut dire qu’ils étaient vraiment pas subtiles ceux là. Leur corps musclé n’est en rien un bouclier face à ma lame. Le doux chant de la mort leur aura au moins appris ça.
Ne reste qu’une seule Brute devant moi. Après un grognement sans doute très apeurant, elle fonce sur moi sans la moindre hésitation malgré le massacre récent de ses congénères. Une balle dans le genoux la fait chuter et elle vient s’empaler toute seule sur mon épée.
Comme je disais, tout dans les muscles…
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