Il courait toujours plus vite.

Toujours plus loin.

La ville en flammes derrière lui illuminait son chemin à travers les fourrés. Il chercha Walfy des yeux, à travers le torrent ininterrompu de gens qui s'enfuyaient. Mais à son grand désespoir, il ne le trouva pas, bousculé de tous les côtés par cette foule qui n'avait qu'une seule idée en tête : fuir.

Les mollets en sang, la chair déchirée par les ronces qui rampaient au sol, il se rendit à l'évidence. Il ne retrouverait pas son ami. Au loin, il pouvait entendre les horribles cris des Malfaisants. ll devait s'enfuir avant qu'ils ne le rattrapent. Il devait partir même si Walfy n'était plus avec lui.

Soudain, un reflet argenté attira son regard à travers les broussailles. Il aurait pu le reconnaître entre mille. Soulagé et rassuré, il s'écria :

- Walfy !

Son ami, d'un signe de tête, lui indiqua la direction à prendre pour emprunter le portail. Se frayant un passage parmi la foule terrorisée, ils s'éloignèrent de l'agitation et s'enfoncèrent dans la forêt. Les bruits de la bataille s'estompèrent peu à peu, laissant place au silence pesant de l'immense étendue d'arbres. Silencieux, Walfy ouvrait la marche. Au loin le cri de terreur d'un fuyard résonna jusqu'à eux. Les deux coéquipiers accélérèrent l'allure. Ils stoppèrent devant une petite clairière, où scintillaient plusieurs lucioles, éclairant faiblement les arbres alentours. Soudain, un furieux tourbillon lumineux apparut devant eux, les projetant au sol.

- C'est le portail ! Allons-y avant qu'il ne se referme ! cria Walfy.

Le jeune garçon hésita, malgré l'injonction de son ami. Il était sur le point de quitter sa terre. Sur le point de quitter son monde. Mais il n'avait pas le choix. C'était fuir ou mourir.

Ensemble, ils sautèrent dans le portail. Ils ne pouvaient plus revenir en arrière.