La vie avait reprit un cours normal, bien que l'altercation avec mon frère m'aie choquée, et je me demandais encore pourquoi il avait réagi ainsi.

Je demandais à Fen la permission de me rendre au château des Langlois, afin de revoir ma famille. Elle accepta, ce qui me surprit.

Connaissant désormais la forêt, je ne me perdis pas. Lorsque j'arrivais à la lisière de la forêt, je m'arrêtais, afin de penser à ce que j'allais pouvoir dire à mes parents. Ne sachant pas comment formuler ce que je pensais, je décidais de me rendre à la maison familiale.

• Il y a quelqu'un ? appelai-je, postée devant la porte d'entrée.
• Qui est là ? répondit une petite voix; je reconnus mon frère benjamin, Gaston, qui avait 6 ans.
• Je viens voir mes parents.

Intrigué, mon frère débarqua devant moi, et se figea.

• Maman ! Viens vite ! cria-t-il.
• Que se passe t'il encore !? répondit ma mère qui devait être à la cuisine.
• Viens vite c'est important !

Ma mère arriva, en frottant sur son tablier ses mains blanches de farine. Quand elle me vit, elle me prit dans ses bras et m'enlaça pendant de longues secondes. Sa réaction m'étonna : je m'attendais à des remontrances ou à une gifle. Elle me délivra de son emprise, et se mit à me regarder de haut en bas.

• Tu aurais pu me donner un signe de vie !
• Nils aurait pu le faire. répondis-je
• Nils ? Il ne m'a jamais parlé de toi. S'est-il passé quelque chose ?
• Oui. L'autre jour, j'ai été arrêtée par sa Brigade, et il m'a reniée. Je lui avais dis de te parler de moi. Il a manqué à son devoir. Cela ne m'étonne pas, tout compte fait.
• Comment cela, tu n'en es pas étonnée ? s'enquit ma mère, vous étiez si proche ! Ta disparition l'a renfrogné, et c'est cela qui l'a poussé à accepter la demande de Mr de Langlois pour qu'il devienne Chasseur !
• C'est donc de ma faute s'il est devenu un monstre. Ce qu'il fait n'est pas juste. Nombreuses sont les innocentes accusées de sorcellerie qui ont fini par être brûlées vives ! Fendora les connaissait toutes ! Toutes, tu m'entends !? m'emportai-je, la pensée de ce qui aurait pu m'arriver sans l'intervention de ma mère adoptive me dégoûtait.
• Ce n'est pas un monstre. Il n'est pas devenu ce que tu dis. Le soir, quand il rentre, il vient se blottir contre moi comme quand il était petit et me dit « maman, aujourd'hui une autre pauvre fille a été tuée à tort. Je veux que cela change. », tu vois, c'est un homme bien. Aimes-le.

Un bruit nous interrompit. Mon père. Il me vit, me sourit, et alla se coucher. Maman m'expliqua que ne plus me voir était à la fois un soulagement, car mes perpétuelles aventures l'agaçaient ; mais en même temps me voir de nouveau ici le réconfortait. Un homme simple, mon père...

Ma mère me mit à table et me servit un grand bol de soupe. Elle était de loin la meilleure cuisinière que j'aie jamais connue, mais on sentait que cuisiner était devenu une routine chez elle, tandis que Fen mettait énormément de cœur à faire la moindre chose.

À la fin de la journée, je rentrais chez moi. En chemin, je croisais Nils. Je cru qu'il allait s'arrêter pour me saluer, mais il n'en fit rien. Il me frôla, sans même un regard. Je passais le reste du trajet à pleurer, car mon frère me manquait.

En arrivant à la maison j'allais directement me coucher. Fen savait pourquoi, elle s'en doutait bien.

Elle ne pouvait comprendre mon ressenti, ayant été élevée dans un contexte tout à fait différent.

Pour me changer les idées, ma seconde mère décida de commencer à m'apprendre à soigner les animaux. Cela nous prit plusieurs mois, car il fallait que j'apprenne l'anatomie de plusieurs espèces telles que le cheval, le chien, le chat, les oiseaux...