La chute
Une fois dehors, je sortis mon téléphone pour chercher un hotel. Puis je me rendis compte que la gare était facilement accessible à pieds. Un train partait dans 40 minutes. Si je me dépêchais, je pouvais être chez moi avant 1h du matin. Je me mis donc en marche, pleurant toutes les larmes de mon corps. J'avançais pour ne pas m'écrouler.
Je réussis à avoir mon train. Là, je trouvais une place loin des regards. Je réalisais alors que ça y est, c'était fini. Florent ne se préoccupait plus de savoir où j'étais, ce qui pouvait m'arriver. Je murmurais : "Mais tu avais promis de toujours prendre soin de moi".
Je pensais alors à sa femme. J'avais raison depuis le début. Son charisme, sa beauté, avait eu raison de moi. Cette femme que j'admirais avait eu raison de mon bonheur. Je me rendis compte alors qu'elle avait toujours été présente avec nous, avant même que je ne découvre son visage, son allure. Le premier soir où nous étions sortis dîner et qu'il m'avait parlé du livre qu'il lisait, qu'on lui avait offert. "On" c'était elle. La fois où il m'a demandé de lui conseiller un restaurant pour sortir le samedi soir. Avec elle. La fois où nous sommes allés visiter une magnifique abbaye et qu'il m'a dit qu'il y retournerait. Avec elle. J'étais son brouillon, elle était sa note finale.
Le pire dans tout ça, est que je l'avais évoquée moi aussi. A partir du moment où il l'avait immiscée dans notre histoire, je l'avais gardée là, dans le creux de notre intimité. Je pensais à elle. Au fait qu'elle ne serait jamais détruite par une autre femme comme je l'étais actuellement, parce qu'il l'avait dans la peau. Savait-elle seulement quelle chance elle avait?
Lorsque le train arriva en gare, je commençais à marcher, emmitouflée dans mon manteau, mon sac à la main. Au bout de quelques minutes, je levais la tête vers l'appartement de Florent. Il était minuit passé, la lumière était allumée. J'appuyai sur l'interphone, les sanglots enfouis au fond de ma gorge.
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