Mélusine
De mes yeux sombres, je scrutais son visage, rond, angélique, presque enfantin avec ses grands yeux clairs étincelants d’innocence et d’espièglerie. Je détaillais chaque parcelle de peau, chaque partie de cette ingénue qu’elle me laissait entrapercevoir dans son habit d’Eve. Je remarquais chaque tressaillement de ses muscles, sa façon de serrer les cuisses pour camoufler leur jointure, de croiser les bras discrètement sur sa poitrine et de frictionner comme pour se réchauffer. Je n’osais l’approcher, je n’osais la toucher, de peur qu’elle ne s’enfuis et que je ne puisse plus avoir accès à cette vision dés plus splendide qu’il m’est été donné de voir. Elle évitait de me regarder, mordillait sa lèvre, comme si elle voulait que les paroles qu’elle voulait prononcer reste bloquer sur sa langue et évite de monter jusqu’à mes oreilles, pour quelles raisons, je ne serais le dire. Après tout, malgré tous mes efforts pour connaître chaque partie d’elle, il mettait impossible de m’imposer pour ses choses qu’elle voulait garder secrète entre elle-même et ses pensées, car oui, j’aime à croire que nos pensées, nos réflexions sont indépendantes de notre propre personne. Mon regard continuait de prendre plaisir à imprimer dans mon esprit chacune de ses courbes, chacune de ses rondeurs, de ses petits défauts comme de ses petites perfections ; je ne pouvais m’en détacher, mais en fut obliger quand mon attention se porta sur le son si pure de sa voix mélodieuse qu’elle me permit d’entendre :
- Je ne suis pas à votre goût ?
Ces quelques mots, sa question, elle me la posa avec une voix qui avait perdu toute l’assurance qu’elle avait dégagé jusque-là et qui avait laissé place à cette fébrilité. Ce tremblement si léger qu’une autre personne ne l’aurait sûrement pas remarqué, me provoqua un déclic. Il est vrai que je n’avais fait que satisfaire ma vue depuis qu’elle avait lissé glisser les bretelles de sa robe qui se trouvait maintenant au sol, sans, à aucun moment pensé que l’angoisse et la gêne ne pourrait occulter la façon, parfois agaçante, qu’elle avait de lire en moi comme dans l’un de mes romans. Je fis un pas vers elle, puis un autre avant de réduire pratiquement à néant la distance qui nous séparer. D’un geste incertain mais doux, je vins caresser sa joue, guettant sa réaction priant au fond de moi pour qu’elle ne parte pas en courant et ne veulent plus jamais me parler. Je ne fus que soulagé de sentir sa joue venir chercher le toucher de ma paume, certainement à cause de la légèreté trop prononcer de mon geste. Ce fut à son tour de venir, du bout des doigts, caresser la peau de mon torse que ma chemise ouverte laissé entrapercevoir. D’un léger mouvement d’épaule, je vins l’inciter à faire tomber celle-ci sur le sol, dévoilant à son regard lagon, l’imperfection que je représentais. Quand je fus quelque peu découvert à sa vue, je m’attendais à voir le dégoût, la peur, la pitié due aux multiples cicatrices qui parcouraient tout le haut de mon corps. Mais il n’en fut rien, bien au contraire, je surpris dans ses yeux, de l’affection et il me semble, de l’admiration. Je me permis, d’un geste tendre, de rapprocher sa silhouette frêle de la mienne, ce contact nous faisant frémir tous les deux. De façon irréfléchie et naturelle, je laissais glisser mes mains au creux de ses reins, là où la cambrure gracile de son dos ne rendait que plus magnifique la forme généreuse de ses hanches.
Elle, la louve qui venait de me laisser la caresser, passa ses paumes sur mes avants-bras, les faisant remonter jusqu’à mes épaules, puis à ma nuque. À aucun instant, nos regards ne c’étaient quittés, de peur que tout cela ne soit qu’un rêve et qu’elle ne soit jamais tombé de nulle part, ou alors que je ne sois pas revenu sur mes pas, qu’au final, je l’ai laissé dehors jusqu’à ce qu’elle décide de partir. Mais il n’en était rien, et ce moment se rapprochait un peu plus de ce que j’aurais l’audace d’appeler « paradis ». Nos souffles s’entrechoquaient dans une valse sulfureuse alors que ses lèvres d’un rose doux rester entrouvertes, comme si elle suffoquait, comme un appel, un message. Ma bouche n’eut aucun mal à trouver la sienne, d’abord dans un effleurement, puis dans une pression un peu plus imposante avant de finir en une embrassade franche, brute, tendre, chaude, humide, sucrée, passionnelle… Il n’avait rien à voir avec les baisers volages que nous avions échangés jusque-là, comme si, à chacun d’entre eux, nous avions eu peur des conséquences, que l’on nous surprenne, que l’un ou l’autre disparaisse dans un nuage de fumée blanche, comme par enchantement. Non, celui-ci était naturel, présent, infinie, il fit naître en moi de nouvelles sensations, de nouveaux sentiments que je n’aurais jamais crus ressentir un jour. Cette femme, cette entêtée, cette têtue, cette attachante personne avaient réussi à faire revenir dans ma vie un peu de lumière et de joie dont je n’avais plus eu le goût et le ressenti depuis bien des années. Ses doigts fins explorèrent mon corps en une caresse digne de celle d’une plume, et finir par faire tomber à mes pieds le peu de tissu qui me couvrait.
À partir de maintenant, nous n’en avions plus besoin de toute façon, nous étions à égalité, entrés dans une danse que nous seuls pouvions vivre. À leurs tours, mes mains caressèrent chacune des parcelles de son corps, de sa peau, chacune de ses formes alors que sa chaleur venait réveiller chacun de mes sens, chacun des atomes qui pouvaient me composer et dont je ne connaissais pas forcément l’existence… Dans un élan de désir et d’envie, je vins agripper les cuisses de mon ingénue et la soulevais pour la déposer de façon douce, mais ferme sur le matelas avant de recouvrir son corps du mien. Je restais comme ça un instant, le désir de la faire mienne grandissant en moi, mais pourtant, je me contentais de la regarder pour le moment. Son regard m’interrogea longuement et semblait réclamer de nouveau mes baisers. Pourtant, avant de faire quoi que ce soit, ces quelques mots roulèrent entre mes lèvres, comme une vague, un rouleau salé tout droit sorti de l’océan de mes pensées :
- Vous êtes la plus belle des créatures qu’il m’ait été donné de voir.
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