Coquelicot de sang

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 Adrian

 Je me trouve là, tête basse, j'attends. Les soldats ne bougent pas, leurs armures argentifères luisent sous le soleil d'été. Ils ne me regardent pas, à genoux dans ce magnifique champ de coquelicots blancs. Ils attendent seulement leur maîtresse, car ce sont les soldats de la Reine. La majestueuse et belle Reine du Royaume de Nissea, Elvira de Montrouge, aussi connue sous le nom de Reine des Hommes, arrière-petite-fille de la défunte Reine guerrière Julia de Coqueblanc et du défunt Moniar, deux des plus grands monarques du Royaume.

 Elle joue avec les fleurs, cueillant ces éternels coquelicot, d'une blancheur pure et d'une douceur sans équivoque. Les légendes disent que ces coquelicots sont apparus ici car c'est là que fut tuée Julia de Coqueblanc, lors de la célèbre bataille de Renyan, mais dont la victoire par l'armée Nisseanne libéra le Royaume de l'envahisseur Yeriann, un Empire puissant de l'autre côté de l'océan Hérée qui se profile au bout de ce champ.

 Je suis admiratif devant ma Reine, car lorsque nous sommes amenés ici, c'est un cadeau de la Reine pour nos accomplissements et notre fidélité. Elle s'avance alors vers moi, ses cheveux marrons clairs s'envolent à peine au rythme de la douce brise d'été, sa peau est si blanche qu'elle semblerait pouvoir fondre comme de la neige, et ses yeux sont bleus clairs, ils ont la couleur de l'eau de la Mer Divine du Royaume, c'est le signe de la royauté légitime, c'est le signe qu'il s'agit bien d'une Reine choisie par les Dieux eux-mêmes. Elle me sourit, son visage harmonieux est éclatant de bonté et de joie, d'amour et de bonheur. C'est la plus belle des plus belles femmes du Royaume, elle a la grâce d'une Déesse, la splendeur de ce qui fait d'elle une bonne Reine.

 Elle prend le couteau que lui présente le Relicards, la dague de la Libératrice.

  • Êtes-vous prêts à recevoir votre coquelicot de sang, Adrian ?
  • Je le suis, ma Reine. Plus que tout.
  • Alors donnez-moi votre main, fidèle. Et récite les derniers mots de notre bien-aimée libératrice.

 Je tends ma main à la Reine, et commence à réciter.

Soldats, ne fuyez pas la bataille ! Soldat, battez-vous bien plus que pour la victoire, battez-vous bien plus que pour votre vie ! Donnez là pour votre liberté, et celle de vos amis, de votre femme ou de votre mari, de votre fils ou de votre fille !

 Ceci fait, elle glisse sa dague lentement le long de ma paume, laissant le sang couler sur le coquelicot qu'elle tient juste en dessous de ma main. Une fois terminé, elle recule et hoche la tête. Je suis libéré, je suis purifié. La Reine me donne le coquelicot qui reste encore blanc, tacheté de sang.

 Depuis la mort de Julia de Coqueblanc, la tradition veut que les soldats les plus fidèles du Royaume soient récompensés d'un coquelicot blanc gorgé du sang du fidèle mais aussi de celui de sa Reine.

  • Prenez donc ma dague, tranchez ma paume.

 Je m'exécute sans un mot, le sang de la Reine est incandescent sous le soleil vif d'été, il tombe sur le coquelicot qui devient entièrement rouge, comme si les pétales buvaient et se nourrissaient de cette substance. C'est ainsi que se fait un coquelicot de sang, la chose la plus précieuse au monde. Posséder le sang d'une Nissée, la famille Royale fondatrice du Royaume éponyme est une chose inestimable, bien plus que tout l'or du monde, car par ce signe, nous appartenons dès lors à cette famille.

 La Reine prend alors ma main blessée avec la sienne, et le sang se mélange pour affirmer l'union fidèle. Je suis donc désormais Anissée, je fais partie de la famille royale. C'est le fruit de plus de dix années de service auprès de ma Reine comme garde royal, et de l'avoir sauvée d'une tentative d'assassinat par un Héritier de la Mémoire. Puissent les ennemis du Royaume être exterminés, comment peut-on vouloir la mort de la Reine des Hommes ?

 La cérémonie est terminée, nous partons de ce lieu sacré l'âme en paix pour nous en retourner aux affaires sérieuses du Royaume, et procéder ainsi à l'exécution de cet ennemi de la Reine de sa propre main, sur la place principale de la cité Capitale, Coqueblanc.Je marche au côté de la Reine jusqu'à ce que nous soyons rentrés, comme le veux la coutume.

  • Que nos ennemis nous craignent, ma Reine, car vous ne ferez aucune pitié. Vous êtes bonne, mais nos ennemis doivent mourir pour tous les martyrs et tout le mal qu'ils ont fait.
  • Ne vous en faites pas. Nous allons déjà exécuter cet Héritier et nous enverrons par là un message fort aux autres, je continuerai à les traquer comme le fit de coutume ma mère, ma grand-mère et mon arrière-grand-mère, comme le firent tous mes ancêtres de la famille Nissée, qui, en fondant ce Royaume il y a bien longtemps, parvinrent à mettre un terme aux vices humains. S'ils ne voient pas le bonheur et l'amour ici, alors où peuvent-il le trouver ?
  • Vous avez raison, je ne comprends pas comment ils peuvent refuser d'accepter le présent de votre famille. N'avez-vous pas cherchez à convertir cet Héritier avant de le faire exécuter.
  • Bien sûr que si ! Je suis généreuse, et il a refusé en crachant à mes pieds ! Voyez donc comment ils sont prompt à refuser nos présents. Grand mal leur fasse, car je trancherai son cou.

 Je fais un signe de la tête pour acquiescer avec ma Reine. La silhouette de la cité Capitale apparaît déjà au loin, elle n'est pas bien loin du champ sacré de coquelicot blancs. Nous arrivons après une bonne heure de route. Derrière la magnifique muraille de marbre blanc se dressent les premières bâtiments et les immeubles de verres, dont le plus grand est le Palais Royal.

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