Café brûlant

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Elle aimait bien ce moment, la coupure dans l'après-midi, celle de la pause café.

La pause en-elle même déjà était agréable, puis l'odeur, le vrombissement, la fumée.

Mais surtout, c'était lui qu'elle appréciait, l'observer se mouvoir, s'affairer devant elle.

La manière qu'il a de saisir les objets, comme s'ils étaient vivants, sensibles et vulnérables.

Son perfectionnisme aussi, qui le pousse à doser consciencieusement eau et café.

Puis ses errances l'avaient toujours fascinée. Constamment là sans être vraiment là.

C'est comme si les fenêtres l'aspiraient, transportant son attention vers une réalité parallèle.

Le sifflement de la cafetière le rappela à l'ordre.

Elle le trouvait encore plus déconnecté aujourd'hui, complètement ailleurs.

Elle savait que c'était sa manière à lui d'affronter ses démons.

Malgré tout, elle prenait ces égarements à coeur, blessée dans son orgueil, avec cette impression de n'être pas considérée comme une bonne confidente.

Café et sucre furent servis sans un mot, sans un regard.

Elle souffrait de son absence, et encore plus de sa propre impuissance.

Elle lui demanda à demi-mots comment il allait. Bien sûr, elle savait sa question idiote, mais ce silence ne pouvait plus durer, elle ne le voulait pas.

Sans surprise, sa langue ne se délia pas, enfermé qu'il était dans son mutisme. Elle sentait sa gorge se serrer, écrasée par cette vacuité.

Elle abattit sa dernière carte, ultimatum ou fusée de détresse, elle ne savait pas trop.

Ces moments ne pouvaient plus peupler son quotidien.

La neutralité ne pouvait plus être le mode de communication privilégié.

Elle ne tiendrait plus longtemps si aucun changement ne se produisait.

Son affection ne suffirait plus à empêcher son départ.

Alors que le silence avait de nouveau repris ses droits, comme à son habitude, tout bascula en un instant.

Les traits de son ami, jusque là lisses et inertes, s'étaient froissés, son teint sanguin, les yeux ombragés.

Le chaos suivait ses mouvements. La table fut projetée, avec tout ce qu'elle portait.

Surprise de ce revirement, affolée par cet aspect de sa personnalité qu'elle ne soupçonnait pas, elle ne réagissait plus que par réflexe.

Son corps s'était éloigné instinctivement, se cognant douloureusement le flanc contre le vaisselier.

Il ne s'arrêta pas, il franchit la porte, s'en allant, la laissant là, bouleversée tout autant que la pièce.

Ni une, ni deux, rassemblant péniblement ses esprits, elle courut à sa suite, ne pouvant l'abandonner dans un tel état.

Elle ne prit même pas clefs et papiers, encore trop perturbée par ce coup de théâtre.

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