Chapitre 4

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 Les soldats affluèrent vite en entendant le chien aboyer et partirent à la poursuite de Jenson qui les distançait de quelques mètres.

 — Il est là ! crièrent les éteints qui accouraient en pointant du doigt Jenson.

 Jenson courait sans relâche depuis vingt minutes, contournant plusieurs arbres sur sa trajectoire, il parvenait encore à entendre quelques jurons lâchés par les soldats agacés qui continuaient à le traquer. Evidemment, il n’avait pas pu dissimuler les traces de pas qu’il faisait en courant, et cela l’embêtait énormément car les éteints pouvaient ainsi le repérer facilement, même dans l’obscurité croissante. Il atteignit enfin le sommet d’une des montagnes et se cacha derrière le dos d’un arbre assez large. Il se retourna et regarda si des soldats arrivaient, il n’en vit aucun mais leurs voix lui parvenaient, cela signifiait qu’il avait peu de temps pour trouver une planque.

 — Il doit bien y avoir un endroit sûr quand même ! s’exaspéra Jenson qui haletait en cherchant partout.

 Il contempla les empreintes qu’il avait laissé au sol, et se rappela soudain une phrase qu’il avait dû entendre quelque part et qui pour lui ne voulait rien dire : « Les traces ne sont causées que par ceux qui ne savent pas voler ». Certes il ne savait pas voler, et qui le pouvait d’ailleurs, en revanche il savait grimper.

 Les arbres autour de lui ne lui permettaient pas de grimper, il devait continuer d’avancer. Quand il trouva enfin le bon arbre, il ne grimpa pas tout de suite. Il continua de courir jusqu’à une petite rivière qu’il avait aperçu en contrebas afin de laisser ses empreintes pour donner une fausse piste aux soldats. Il revint vers l’arbre en marchant dans ses propres traces et se dépêcha de l’escalader en faisant attention à sa main. Il monta le plus haut possible et s’installa sur une branche assez solide pour maintenir son poids. Cette cachette était pratique, notamment grâce aux autres branches d’arbre constellées de feuilles vertes qui dissimulaient ainsi Jenson de la vue des éteints. Il ne lui fallut pas attendre longtemps avant qu’ils arrivent.

 — Cherchez partout ! clama un éteint en braquant sa lampe torche dans chaque recoin.

 — Il va bien s’arrêter un moment quand même ?!

 — T’inquiète on va l’avoir, de toute façon il va s’épuiser.

 — Les traces continuent par là-bas, regardez ! dit un des éteints en indiquant d’un signe de tête la rivière.

 — Dépêchez-vous !

 Ils se hâtèrent vers le cours d’eau et disparurent dans les légères brumes qui émanaient de la rivière. Jenson lâcha un soupir de soulagement, il avait retenu sa respiration le temps que les éteints passent de peur d’émettre le moindre bruit qui l’aurait trahi. Il attendit un moment, le temps d’être sûr qu’ils ne reviennent pas, puis sentant la faim venir il sortit de son sac un fruit.

 Juste avant d’avaler le fruit il s’aperçu que c’était une pomme, fruit que Jenson n’avait jamais su apprécier. C’était surtout son goût amer et sa texture qui le répugnait. Il chercha dans son sac un autre fruit mais à sa stupéfaction il découvrit que les fruits qu’il avait emportés étaient tous des pommes.

 — Super, dit-il en maugréant.

 Il se contraint à manger sa pomme qu’il fit craquer sous ses dents avec une légère grimace. Quand il l’eut terminée il ne put s’empêcher de penser à Phil qu’il avait laissé seul au palais, entre les mains de son père.

 — Excuse-moi Phil, murmura Jenson à qui seul le vent répondit par son souffle.

 A l’idée que celui-ci face du mal à son ami, la rage de Jenson envers son père s’accrut encore un peu plus. Son père était tout à fait capable de faire souffrir Phil rien que pour le plaisir d’atteindre Jenson par la violence et les sentiments.

 Il s’adossa contre l’arbre et regarda les innombrables feuilles vertes qui semblaient danser un ballet gracieux sous ses yeux marrons, cela l’aida à se calmer. Puis il reprit son sac et en sortit la carte. Jenson se situait dans les montagnes ancestrales à la lisière d’une forêt, il avait couru vite et devait être à plusieurs kilomètres du palais, il chercha la ville la plus proche mais vit qu’il devrait retourner en arrière pour y aller. Il était hors de question pour lui de passer de près ou de loin du palais d’Aletar, lieu où se trouvait son père. Une autre ville nommée Gybor se situait non loin de là, Jenson comptait s’y rendre. Elle se tenait à quelques jours de marche à pied seulement.

 La nuit était déjà bien apparente quand il descendit de l’arbre en évitant d’appuyer sur sa main endolorie. Les arbres imposants frémissaient au contact de la brise, les créatures nocturnes commençaient à apparaître et chasser d’innocentes proies, Brillior le satellite naturel violacé de ce monde était déjà bien haut, tandis qu’il avançait, sac sur son dos, carte en main. Son allure était rapide, il essayait d’ignorer les potentiels dangers qui risquaient à tout moment de survenir, il n’avait qu’un poignard pour se défendre.

 Le poignard il l’avait volé à un éteint qui mangeait dans la salle à manger commune du palais. Jenson voulait depuis quelques jours en avoir un avec lui depuis qu’il avait assisté pour la première fois à une exécution sous ordre de son père, il se sentait en insécurité et cela l’oppressait énormément. Il avait fait tomber son plateau sur le sol à côté du soldat, ce qui avait provoqué un léger silence qui ne dura pas longtemps dans la salle. Les gens avaient été surpris par le vacarme et cherchaient de l’œil celui qui en était responsable. Ils reprirent tout de même leurs discussions non sans avoir jeter un regard froid adressé à Jenson. Celui-ci se releva en attrapant discrètement le poignard qu’il convoitait dans le sac de l’éteint qui n’avait rien vu. Il le cacha vite dans sa veste sans que personne ne l’aperçoive et se dirigea vers la sortie avec son plateau qu’il déposa juste avant sur un tapis roulant. Depuis son poignard ne le quittait presque jamais et il s’était beaucoup entraîné avec.

 Tout en avançant vite il aperçut dans l’obscurité une florambely, une fleur violette.

 — Tiens c’est bizarre, d’habitude cette fleur ne pousse pas pendant l’été, pensa Jenson.

 La fleur lui rappela le jour où, avec son maître, ils avaient été planter une graine de florambely dans le jardin du palais. Il avait cinq ans à ce moment-là, et chaque matin il retournait au jardin voir comment la plante évoluait. Une semaine après, en se rendant une fois de plus au jardin, il avait découvert une petite pousse verte qui dépassait du sol, il était parti chercher son maître en hurlant de joie.

— Maître ! Maître ! Ça y est !

— Quoi donc ? demanda calmement le maître.

— La fleur ! Elle a poussée !

Ils étaient partis voir la fleur.

— Mais elle n’a pas encore fini de pousser Jenson, dit le maître en observant la jeune pousse.

— Mais si regardez, on voit des feuilles vertes, s’exclama Jenson.

— Oui mais tu verras, si tu attends encore quelque temps ces petites feuilles vertes deviendrons une magnifique fleur violette avec une odeur délicieuse.

— Une odeur délicieuse ? s’étonna Jenson. On peut manger la fleur ?

Le maître rit un peu avant d’expliquer que cette plante ne se mangeait pas mais pouvait servir à guérir certaines maladies ou blessures.

 Jenson regretta cette époque ou l’innocence faisait partie de son quotidien et ou son maître était auprès de lui. Quand Jenson eut sept ans son maître parti vivre à Minrufa, une ville du royaume de Fyrium. Il ne revit plus son maître depuis.

 Cela faisait maintenant deux heures qu’il avançait dans les montagnes Ancestrales au milieu de tous ces arbres, il sentit la fatigue s’abattre sur lui. Il décida qu’il était temps de s’arrêter un peu, la nuit était déjà bien avancée. Il enfila des vêtements plus chauds et s’allongea au pied de l’arbre avec son poignard à la main, laissant place aux songes.

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