Chapitre 12 (partie 2)
Après avoir obtenu l’arme à spirale, remercié Max pour le petit-déjeuner et le logement, ainsi que remis les clefs, les jeunes entamèrent le chemin vers la foire.
Quelques tyroliennes et passerelles plus tard il était possible d’entendre les commerçants susciter l’attention des passants à coup de braillements. Le marché de Gybor était tout aussi déstabilisant que la ville en elle-même, suivre un sens particulier pour faire des achats n’était surtout pas envisageable car il n’en existait pas. Il était aussi facile de s’y perdre qu’un labyrinthe. Les comptoirs enchevêtrés se fondaient au sein même des arbres exorbitants. Des stands brandissaient des bannières colorées afin d’attirer l’œil. La foire avait de quoi faire jalouser la jungle, ici c’était la loi du plus fort, de celui qui hurlait le plus.
— Bon il faut trouver de la poudre alimentaire, une tenue de rechange chacun et le reste on improvise sur le tas, ça te va ?
— Parfais, je vais voir pour la nourriture et toi les habits. On gagnera plus de temps ainsi. Il est précisément 7h42, à 8h30 on se réunit ici pour le départ.
Sur un accord commun ils se séparèrent et s’enfoncèrent dans l’essaim d’êtres humains. Les vendeurs hélaient à tout bout de champ, n’hésitant pas à brandir leurs produits et les secouer devant les regards intéressés. Suite à une intense analyse de toutes enseignes présentes, Jad dénicha finalement ce qu’il recherchait. Au-dessus de lui se tenait une petite boutique, accessible à l’aide d’une échelle, avec pour écriteau une gravure représentant les sachets de nourriture. Une fois les échelons gravis l’adolescent s’intéressa aux différents paquets présents.
Il réfléchissait à la quantité nécessaire de nourriture en fonction de la durée envisageable de leur voyage lorsque quelqu’un lui tapota l’épaule.
— B’soin d’aide l’môme ? fit le commerçant d’un ton grinçant tout en coupant ses mots.
Hésitant, Jad affirma que oui et lui expliqua sa requête sans trop laisser de détails. L’adulte montra une large gamme de choix en fonction de leurs spécialités et goûts auquel le mineur sélectionna quelques produits. Ils conclurent donc les 15 sachets pour 120 Koll’z et s’échangèrent les billets argentés que le vendeur prit soin de bien ranger.
— Et n’oublies pas l’môme : la poudre alimentaire c’est préf’rable avec d’l’eau. Des p’tits malins ont voulu manger seul’ment la poudre j’t’assure qu’ils ont rendu tripes et boyaux.
Opinant de la tête, Jad se tourna vers l’entrée du marché dans le but de rallier sa sœur. Il arrêta brutalement sa marche dans le cœur de la foule quand il crut apercevoir un objet qu’il connaissait plutôt bien pour l’avoir vu récemment. Allumé d’un soudain espoir il se mit à poursuivre l’inconnu détenant le sac identique à celui de Jenson. Sans une once d’hésitation il se fraya un chemin en poussant les obstacles qu’ils soient vivants ou non sous les cris indignés des passants.
C’est en arrivant à l’intersection de la tour aux trampolines qu’il le rattrapa et l’interpella.
— Excuses-moi mais est-ce que je peux vérifier un truc ? demanda un Jad haletant au gars à peine plus âgé que lui.
Celui-ci refusa prétextant qu’il était pressé et commença à sauter sur le géant trampoline afin de gagner l’étage supérieur quand Jad le rattrapa dans son élan et le plaqua sur le sol élastique.
— En fait ce n’est plus une demande maintenant, grogna Jad d’un regard noir envers le type chauve. Alors tu prends ton mal en patience et tu me laisses faire.
Tout en écrasant fermement le corps de l’inconnu qui se débattait il ouvrit le sac et vérifia son contenu. Des vêtements, des pommes, une lampe, des biscuits, une carte et de l’argent. Sans tarder il referma le sac à dos. D’un geste rapide et sec il releva le jeune homme malgré le sol instable emprunté par d’autres humains.
— Ce sac ne t’appartient pas, déclara férocement Jad.
— Je l’ai trouvé, il est à moi ! s’agita l’autre adolescent en serrant les poings.
— Tu l’as pris où ?
— Je n’ai rien à te dire alors laisse-moi ou je te jure que je vais…
— Ou tu vas quoi ? Rends-le-moi immé…
Sans avoir eu le temps de finir sa phrase Jad se retrouva la face contre la plate-forme suite à un croche-patte de son nouvel ennemi.
— Mais quel merdeux celui-là ! pesta-il en se relevant en vue de le talonner.
L’inconnu, n’ayant pas perdu de temps, avait déjà franchi deux trampolines d’une agilité étonnante. Jad peinait à le suivre et entamait un certain retard. Réalisant la grande distance qui les séparait et son incapacité à aller plus vite, Jad s’extirpa de la tour aux trampolines pour aller emprunter un boomerang à un marchand furieux situé à deux pas des tremplins.
— Désolé, je vous prends cela temporairement !
En se retournant il analysa la situation. Le chauve avançait vite. Très vite. Celui-ci regarda en arrière pour s’assurer que Jad était assez loin. Une erreur à ne pas commettre : le gars percuta un enfant qui se mit immédiatement à pleurer de douleur sous le regard mauvais de sa mère. Sans perdre une seconde Jad lança le boomerang à une vitesse folle. L’objet en bois virevolta jusqu’à rencontrer les jambes de l’inconnu qui trébucha une seconde fois sur l’enfant. Pour le coup la mère de la petite partie régler ses comptes avec l’ado agressant sa fille. Entre-temps Jad pu sauter de trampoline en trampoline à la rencontre du gars qui commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs.
Des curieux se réunissaient, formant ainsi une foule attirée par l’agitation. Quant à la mère, elle s’enfuit avec sa petite après avoir exigé des excuses de la part du jeune homme. Ce dernier mit cap en direction de l’accès menant au niveau supérieur quand Jad plaqua son poing dans l’épaule gauche de son adversaire. Ce geste provoqua quelques sifflements et engendra des paris au sein de la cohue.
— Le gars châtain aura le dessus !
— C’est sûr ! On voit qu’il a la rage de vaincre celui-là !
— Je ne pense pas. A mon avis l’agilité et la rapidité de l’autre seront bien plus efficaces.
— Je te pari 35 Koll’z que j’ai raison.
— Très bien ! Pari tenu. Attends-toi à perdre !
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