36. Fleur de lotus - Liang

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If only I could speak, I'd scream

Let me sleep you monster

Eyes shut, count one, two, three

Every time I look, it's watching

Si seulement je pouvais parler, je crierais

Laisse-moi dormir, monstre

Les yeux fermés, compte un, deux, trois

Chaque fois que je regarde, il m’observe

UNDREAM & IOVA - Monster

Mardi 20 juillet 2021

Axel passe les vacances d’été en Bretagne chez ses grands-parents. Cela fait seulement six jours qu’il est parti et il me manque déjà terriblement. Il faut dire qu’on a passé pas mal de temps ensemble dernièrement, encore plus ces dernières semaines, et c’était magique. J’adore être avec lui, le câliner et glousser de nos conneries. On rit beaucoup, même au lit.

C’est étrange de ne plus pouvoir le voir, le toucher, l’embrasser. De ne plus pouvoir le coller, tout simplement. Heureusement qu’il y a la messagerie, je peux continuer d’échanger avec lui, tout le temps sur tout et rien, ça rend son absence moins cruelle. Je lui envoie des tonnes de messages, parfois j’ai une petite appréhension, la peur d’en faire trop, de le souler. Mais quand je vois qu’il en fait autant, je suis rassuré. Il m’envoie des photos de lui en maillot, il est encore plus sexy avec sa peau bronzée. J’ai gardé certains de ses vêtements en otage, ils ont son odeur. Le soir, avant de dormir, je les caresse afin de sentir sa présence pendant quelques instants.

Je ne lui ai pas dit à quel point son absence me pesait. Je ne veux pas l’inquiéter ni lui gâcher ses vacances. Il va falloir que je tienne jusqu’à septembre, ça me semble si loin. Il parait qu’on s’habitue, mais je ne suis pas sûr d’en avoir envie. Pourquoi apprendre à me passer de lui, alors que tout ce que je veux c’est le retrouver. Je suis totalement accro, autant l'assumer.

La semaine prochaine, je partirai à mon tour en vacances, peut-être que les journées me sembleront moins longues. Comme l’année dernière, ma grand-mère a loué un camping-car et nous faisons tout un périple en France et en Belgique, afin de rendre visite à nos nombreux cousins. Nous aurions dû partir en début de semaine, mais Mei a demandé à ce qu’on décale de quelques jours, prétextant qu’elle avait des choses à faire. Nainai et moi avons bien compris qu’elle aussi a du mal à se séparer de son amoureux.

Le comble c’est que toute l’année, j’ai manqué de temps et là, je ne sais plus quoi en faire. Du coup, je cogite un peu trop et l’ombre de mon père profite de ce vide pour venir me hanter.

Les souvenirs que j’ai de mes parents sont des moments heureux : les anecdotes de Nainai, des photos de jours de fête et quelques objets que nous avons d’eux. Mon père vient de tout gâcher. Je ne pourrais jamais comprendre ce qu’il a fait. Car j’ai beau me torturer l’esprit dans tous les sens, je n’y arrive pas. Rien ne peut justifier de vendre des gens !

Je suis tellement en colère contre lui. Je fais de nouveau des cauchemars sur l’accident et je ne peux m’empêcher de me demander si c’est sa faute.

Je pense également à Anastase et à sa famille, à ce qu’ils ont subi à cause de mon père. Je ne peux pas effacer le passé, mais je culpabilise de ne pas lui avoir dit la vérité. J’ai prétendu qu’il pouvait nous faire confiance, mais lorsqu’il nous a donné le nom du responsable, je n’ai pas avoué qu’il s’agissait de notre père. Je me suis contenté de hocher la tête, puis je lui ai dit que cet homme était mort et qu’il ne leur causerait plus de problèmes. Je ne sais même pas comment j’ai pu garder mon sang froid, sur le moment, cela me semblait tellement irréel.

***

Jeudi 22 juillet 2021

Je suis toujours préoccupé par cette histoire, je profite d’avoir Axel au téléphone pour lui en parler.

— J’aurais dû lui dire.

— Lapinou, tu étais sous le choc. Il s’est passé beaucoup de choses ce soir-là. Tu n’as pas à culpabiliser.

Je laisse échapper un soupir de frustration.

— Je pense que je lui dois la vérité, ainsi que des excuses… Surtout que c’est la seule chose que je peux faire à propos des actes de mon père.

— Si ça te pèse autant, va le voir ! me conseille-t-il.

Est-ce que j’ai bien entendu ? Je pensais plutôt qu’Axel chercherait à me dissuader de revoir Anastase.

— J’y ai pensé, lui dis-je. Mais il a bien dit qu’il ne voulait plus entendre parler de nous.

— Il était en colère, tu devrais quand même tenter le coup.

Cette fois, je souris franchement.

— J’y crois pas que tu dises ça. D’ailleurs, j’ai remarqué que, depuis qu’on a été chez lui, tu l’appelles par son prénom.

— T’as vu comme j’ai grandi ? s’exclame-t-il. C’est vrai que j’ai un peu revu mon jugement, alors qu’on a pas vraiment bien été reçus.

— Comment ça ? demandè-je.

— Il aurait pu nous offrir du thé et des petits biscuits.

Je ricane en imaginant la scène.

— On a quand même débarqué chez eux en pleine nuit.

— Forcément, c’est un vampire, faut bien qu’on s’adapte !

Nous rions de bon cœur. J’entends une voix que je ne reconnais pas et Axel éloigne le téléphone pour répondre.

— Pardon, explique-t-il. C’était mon grand-père qui demandait qui c’était. Et du coup, il dit qu’il t’embrasse.

— Euh d’accord… passe-lui aussi le bonjour.

Je suis à la fois flatté et intimidé qu’il ait parlé de moi à ses grands-parents.

— Je suis désolé, je dois y aller, faut qu’on s’entraine pour le tournoi de pétanque. Mais, on en reparle quand tu veux.

— Bonnes boules ! plaisantè-je.

— Toujours !

— Et Liang, n’y va pas seul, ok ?

— Je vais en parler à Mei.

***

J’entre dans le pub, c’est plus calme que lors de mes précédentes visites, beaucoup de gens sont partis en vacances. Je repère aussitôt Anastase derrière le comptoir au fond de la salle. Nos regards se croisent. J’ai immédiatement envie d’être auprès de lui. Je fais un petit signe de tête auquel il ne répond pas, ce qui m’attriste.

Je me dirige vers le bar, d’un pas aussi assuré que me le permet ma jambe. Je me plante devant lui, Mei est à mes côtés. Il est en train d’essuyer un verre. Je fixe ses mains blanches comme de la craie.

— Bonjour, dis-je timidement.

— Qu’est-ce que je vous sers ? demande-t-il sans lever les yeux.

— Euh…

Je me tourne vers Mei.

— Un limoncello Spritz, répond-elle.

— Deux.

Je n’ai aucune idée de ce que c’est, mais Anastase acquiesce et commence à confectionner les cocktails. Déstabilisé, je me tourne vers Mei qui hausse les épaules. Je m’attendais à un tout autre accueil. Je pensais qu’il serait en colère. Il avait dit clairement qu’il ne voulait plus nous voir, et j’avais préparé mon argumentaire. Pourtant, je n’ai aucun doute sur le fait qu’il nous a bien reconnus, alors pourquoi joue-t-il la carte de l’indifférence ?

Ceci dit, s’il voulait me déstabiliser, ça fonctionne à la perfection. Je crois que je me sens même un peu vexé.

Après quelques minutes d’attente, il pose les verres décorés de rondelles de citron devant chacun d’entre nous et nous regarde enfin.

— Deux limoncello Spritz, annonce-t-il.

— Merci, soufflè-je. Je sais que tu as dit…

Il me fixe, attendant la suite.

— … que tu ne voulais plus entendre parler de nous.

Il laisse échapper un rire sarcastique.

— Je savais que vous reviendriez. Vous êtes du genre à n’en faire qu’à votre tête. Je me demande encore si c’est de l’inconscience ou de la bêtise.

— Ni l’un ni l’autre, intervient Mei, contrariée. Nous voulons vous parler.

— Encore ? demande-t-il en levant les yeux au ciel de manière théâtrale.

Mei fronce les sourcils, mais de mon côté, je retiens un sourire. Ça ne se passe pas si mal.

— Oui, expliquè-je, si tu as un peu de temps à nous accorder.

Il nous observe pendant ce qui semble durer une éternité. C’est d’autant plus troublant, qui ne bouge pas d’un souffle.

— Ok, dit-il enfin, mais vous allez devoir patienter que mon collègue revienne de sa pause.

— Aucun souci.

— Vous avez des gaufres ? demande Mei.

Une demi-heure plus tard, nous suivons Anastase dans un couloir encombré par des caisses de bouteilles vides. On passe devant plusieurs portes et, tout au bout, nous arrivons dans un petit bureau sans fenêtre. Il s’assoit et ramasse les documents qui s’y trouvent pour les mettre en pile. Ce n’est que maintenant que je comprends qu’il est probablement le patron et le propriétaire du pub.

Mei me fait signe de prendre la seule autre place assise. Elle reste debout à mes côtés.

— Vous n’êtes pas venus avec votre petite bande ? nous demande-t-il.

— Non, répond aussitôt Mei. Ils sont partis en vacances.

Anastase éclate de rire.

— J’ai vraiment à faire au Club des cinq. Et votre chien, il est où ?

— On a un chat, répond Mei.

Il secoue la tête, toujours très amusé et surtout beaucoup plus détendu.

— Alors c’est pour quoi, cette fois ?

Je m’apprête à lui répondre, mais il ne m’en laisse pas le temps.

— Laissez-moi deviner, vous allez me dire que je me suis trompé et que Tonton Guo était un honnête homme…

Je me mords les lèvres et essaye de retenir le flot d’émotions qui m’envahit.

— Non tu avais raison. Notre grand-mère a confirmé. Enfin, elle n’était pas au courant des détails, mais elle soupçonnait…

Je reprends mon souffle et cherche mes mots. Anastase me regarde avec attention.

— … Elle savait qu’il y avait un problème. Ils se sont même fâchés à ce sujet. Et Guo n’était pas un oncle, mais notre père.

Ma voix se casse sur le dernier mot. Le sourire d’Anastase disparait. Mei bouge légèrement, prête à réagir. Il s’avance vers son bureau, y pose les deux coudes et joint ses mains.

— Guo est votre père ? À tous les deux ?

Je me contente d’acquiescer, ma gorge est trop serrée.

— Était, précise Mei. Comme Liang l’a dit la dernière fois, il est mort.

— J’ai de plus en plus de mal à vous comprendre petits Wang.

— Nous voulions juste te le dire, expliquè-je. La dernière fois, j’ai été tellement sonné que… je n’ai pas pu.

— Je comprends, répond-il calmement.

— Nous sommes aussi venus pour te dire que nous ne cautionnons pas ce qu’il a fait. Ce ne sont pas les valeurs de notre famille et ce n’est pas ce à quoi nous croyons…

Mei approuve d’un hochement de tête.

— … et même si nous ne pouvons pas réparer le mal qu’il a fait à ta famille, nous voulions te présenter nos sincères excuses.

Anastase secoue la tête. Ses lèvres semblent plus roses. Comme un bouton de rose sur la neige.

— Vous n’êtes pas responsables des conneries de votre père. Et puis, c’était il y a longtemps, vous n’étiez probablement que des gosses.

Les larmes me montent aux yeux, mais je suis soulagé par sa réaction. J’ai la sensation de m’être déchargé d’un poids.

— Est-ce que vous avez un lien avec l’accident ? lui demande Mei.

Surpris, je me tourne aussitôt vers elle.

— J’ai besoin de savoir, s’excuse-t-elle.

— Quel accident ? demande Anastase.

— Le 19 janvier 2010, un camion a percuté la voiture de mes parents, explique Mei. Liang et moi, nous nous en sommes sortis, mais pas eux.

Il fronce les sourcils et jette un bref coup d’œil à ma canne.

— Non, je n’étais pas au courant et je n’y suis pour rien. Jamais je ne m’en serais pris à des enfants.

Axel dirait probablement que je suis sous le charme du vampire, mais je le crois. D’ailleurs, je ne suis pas le seul. Mei, habituellement plus suspicieuse, semble aussi se satisfaire de cette réponse.

***

Samedi 24 juillet 2021

Deux jours après, me revoilà au Spinella, mais cette fois, je suis seul.

— Tu ne peux plus te passer de moi ? me demande Anastase en me voyant arriver. À moins que, cette fois, tu viennes pour les cocktails.

— Un peu des deux.

— Je vois, monsieur veut encore discuter, dit-il en souriant. Tu as de la chance, c’est très calme pour un samedi, les gens sont tous partis en vacances.

Je suis heureux de voir que la situation est bien plus détendue.

Anastase quitte un instant son comptoir pour s’occuper de servir un groupe de jeunes. Lorsqu’il revient, je passe également commande et reprends la conversation.

— J’ai effectivement une question…

— Quelle surprise, s’amuse-t-il.

Sa bonne humeur me déstabilise un peu, si bien que j’hésite quelques instants, mais c’est pour ça que je suis venu ce soir, j’ai besoin de comprendre.

— Celle-ci est plutôt indiscrète.

Il fait un geste avec sa main pour m’encourager à poursuivre.

— Pourquoi est-ce que tu effaces les souvenirs de tes amants ? demandè-je.

Son beau sourire disparait aussitôt. Il se penche vers moi et agrippe mon poignet.

— Liang, t’es bien mignon, mais ce que je fais avec mes amants ne te regarde pas. À moins que tu ne veuilles te faire croquer.

Il parle tout bas, mais son ton ferme me glace le sang. Je retire aussitôt ma main.

— Je te fais peur maintenant ? gronde-t-il.

Je ne sais pas quoi lui répondre, j’ai du mal à maîtriser ce que j’éprouve en sa présence.

Je me souviens d’une discussion avec ma grand-mère. C’était au début de l’adolescence, pendant ma période « vampire ». Jeux vidéos, mangas, séries, je dévorais tout ce que je trouvais sur le sujet. Les vampires me fascinaient.

— Nainai, est-ce que les vampires sont dangereux ? lui avais-je demandé.

— Est-ce que les humains sont dangereux ?

— Tu triches, tu réponds à la question par une autre question !

— La réponse est toujours la même Liang…

— Ça dépend des individus.

— Voilà !

Je relève les yeux vers Anastase qui me fixe.

— Non, dis-je enfin. Mais je n’aime pas qu’on me touche.

— Je t’ai déjà dit que je ne leur faisais aucun mal, reprend-il froidement.

— Tu ne veux pas leur faire de mal, je te crois. Mais tu effaces leurs souvenirs ! C’est traumatisant.

Ses lèvres se pincent.

— Moins que de passer la nuit avec un monstre, répond-il d’un ton amer.

— Je n’en suis pas convaincu, l’esprit humain n’aime pas les vides, il a tendance à les remplir et pas toujours de la bonne manière. Au réveil, certains doivent imaginer le pire.

— Je n’ai jamais forcé personne !

Il continue de parler bas pour que les clients ne nous entendent pas, malgré tout, je sens la colère dans sa voix.

— Je sais…

— Comment ça tu sais ? me coupe-t-il.

Merde…

Il me fixe de son regard de glace. Je dois lui dire, sinon, je n’obtiendrais plus rien de lui.

— J’ai eu des visions de toi avec Damasio.

Il se penche vers moi.

— C’est donc comme ça que tu es au courant ? Mais comment ?

— C’est une longue histoire. Un matin, j’ai trouvé Damasio dans le local de son association, totalement perdu. Il ne se souvenait pas de ce qu’il avait fait la nuit, si bien que j’ai eu peur que quelqu’un l’ait drogué pour abuser de lui.

J’omets volontairement la présence d’Axel.

— Pour qui me prends-tu ? Je n’ai pas abusé de lui ! affirme-t-il.

— Oui, mais à ce moment-là, je ne le savais pas, c’est pour ça que j’ai cherché à comprendre. J’ai un don et en touchant le foulard qui était resté sur place, je vous ai vu, tous les deux.

Il m’étudie, perplexe.

— De la psychométrie ? finit-il par demander.

— Oui.

— Je comprends mieux.

Un nouveau silence s’installe. Il ramasse les verres vides, les rince, les met à la machine. Passe un coup de chiffon sur le comptoir. Je termine ma boisson. Je crois qu’il est temps que je parte. Mais il revient vers moi.

— Donc, tu as vu nos ébats ? me questionne-t-il.

— Euh… oui…

— Tu as aimé ce que tu as vu ?

Il a l’air prêt à me croquer.

— Euh… bafouillè-je.

Il se met à rire, alors que mes joues me chauffent. Je ne dois pas entrer dans ce jeu-là avec lui.

— Je ne suis pas intéressé, dis-je le plus calmement possible.

Cela le fait sourire.

Il me sert un verre d’eau que je m’empresse de boire.

— Je ne te demande pas de comprendre, dit-il, mais je t’assure que c’est mieux pour eux.

— Mais Damasio a des sentiments pour toi !

Il rit de nouveau, mais ce rire-là est plein de sarcasmes.

— Non ça n’a rien à voir avec l’amour. Il est juste particulièrement sensible à mon aura. Mais rassure-toi, dès qu’il sort d’ici, il ne sait plus qui je suis.

— Je trouve ça tellement triste. Peut-être, un jour quand nous serons amis, nous pourrons en reparler.

Il secoue la tête, puis se remet à rire, plus franchement.

— T’es vraiment particulier Liang.

J’acquiesce, prenant cela pour un compliment, surtout venant de sa part. Nainai nous a toujours dit de cultiver nos particularités.

— Anastase, j’ai une proposition à te faire.

***

Lundi 26 juillet 2021

Assis à la table de la cuisine, je m’applique à garnir les raviolis.

— Nainai, tu sais, à l’heure où ils vont arriver, je pense qu’ils auront déjà diné. Et puis, je ne suis même pas sûr qu’Anastase mange.

— Mon garçon, crois-tu vraiment que je vais recevoir des invités sans rien avoir à leur offrir ?

— C’est la base de l’hospitalité ! ajoutè-je en me retenant de rire.

Elle me tapote l’épaule en souriant.

— Voilà ! Je propose et ils disposent !

Nous rions en cœur.

— Merci Nainai, soufflè-je.

Elle s’arrête et se tourne vers moi.

— Pour quoi ?

— Pour tout.

Elle m’offre un tendre sourire et vient poser un baiser sur mon front.

— Je suis fière de toi et de tes sœurs.

— Tu peux surtout être fière de toi.

Elle agite la main.

— Ce n’est pas le moment de nous relâcher, nous avons encore plein de choses à préparer !

Axel : ça va

Liang : je stresse

Axel : ils ont accepté de venir, ça va bien se passer

Liang : j’espère

Axel : j’en ai aucun doute

Axel : tu gères la fougère !

Liang : tu piques les expressions de mes soeurs ?

Axel : je m’adapte

Axel : je pense fort à toi, tout va bien se passer

Axel : je t’embrasse fort mon lapinou

Liang : moi aussi ♥

Le soleil vient de se coucher. Nainai est allée se changer. À sa demande, j’ai remplacé mon T-shirt par une chemise. Mei tourne comme un lion en cage dans la maison. Heureusement, Xin n’est pas au courant de ce qui se trame ici. Elle passe la soirée et la nuit chez Lucas. À cette heure-ci, ils doivent déjà dormir, du moins, je l’espère pour Ciara.

Lorsque Anastase arrive, accompagné de Baya, je les accueille en essayant de paraitre serein, mais j’ai du mal à cacher mon stress. Comme toujours, Anastase est très beau, il porte une tunique blanche sur un pantalon bleu clair. J’imagine déjà Axel le comparer à un glacier. L’idée de cette rencontre, vient de Mei, pourtant elle reste en retrait et se contente d’observer. Baya a apporté des pâtisseries, ce qui ravit ma grand-mère, elles commencent à faire les présentations tout en discutant et l’ambiance se détend.

— Ta maison est agréable, me dit Anastase.

— Merci, mais je n’y suis pas pour grand-chose, c’est ma grand-mère qu’il faut féliciter

— Ça a l’air d’être un sacré personnage.

J’acquiesce tout en l’observant, elle est en train de proposer des raviolis à Baya.

— Et donc ? Vous allez me faire signer un contrat ? me demande-t-il.

— Quelque chose dans le genre.

— Est-ce qu’on a vraiment besoin de ça ?

— Besoin non, c’est symbolique. Disons que c’est important pour nous.

Son regard s’attarde sur le buffet où est installé notre autel funéraire. Derrière les bâtons d’encens se trouvent un portrait de mon grand-père, ainsi qu’une photo de mariage de mes parents. Anastase s’en approche, observe avec attention, mais ne fait aucun commentaire.

Mei prépare du thé et nous nous installons tous les cinq autour de la table. Je pose mes mains devant moi afin de ne pas les sentir trembler, je me répète les mots d’Axel : « tout va bien se passer », et je me lance.

— Merci Baya et Anastase d’avoir accepté notre invitation. Notre famille entretient depuis toujours des liens étroits avec le surnaturel. Mais notre père s’est égaré. La voie qu’il a choisie n’est pas la nôtre. Nous respectons les humains tout autant que les créatures. Nous voulions vous réitérer des excuses pour les agissements de notre père.

Nainai baisse les yeux et mon cœur se serre. Mon père fait honte à notre famille.

— Merci pour tes mots, dit Anastase, mais vous n’êtes pas responsables de ses actes.

Je le remercie silencieusement pour ces mots, il me l’avait déjà dit, mais cela allège le fardeau. J’espère qu’il en est de même pour Mei et Nainai.

— Le plus important à présent, est de protéger les vivants, ajoute Baya.

— Entièrement d’accord, confirme ma grand-mère.

Mei acquiesce avec sérieux. Je me sens soulagé d’avoir franchi la première étape. Avec Mei, nous avons préparé ce que j’allais dire.

— Oui, confirmè-je à mon tour. C’est aussi pour cela que nous vous avons invités, pour sceller un accord de paix et de respect entre nos deux familles.

— Je pense effectivement que nous avons des intérêts en commun, dit Anastase. Votre famille est presque autant atypique que la nôtre.

— Cela veut dire que vous êtes d’accord ?

Anastase et Baya échangent un regard.

— Oui, confirme-t-il. Tant que tu ne me fais pas signer avec mon sang.

Nainai laisse échapper un petit rire.

Mei se lève puis dépose une petite boite rouge entre Baya et Anastase. La vieille femme l’ouvre, elle contient un pendentif en jade. Mei l’a choisi avec soin.

— C’est une fleur de lotus, explique Mei, symbole de paix.

— Merci, dit Baya en la mettant à son cou, c’est très beau.

Elle détache un de ses colliers qu’elle tend à Mei.

— Et celui-ci est pour toi.

Mei examine le bijou : un fin triangle argenté, frappé de motifs, attaché à un lacet de cuir. Elle reste très silencieuse, mais je sais qu’elle prend tout cela très à cœur. Puis, elle l’accroche à son cou.

— Bien maintenant, nous pouvons trinquer ! annonce Nainai.

Elle retourne dans la cuisine et revient avec de l’alcool de riz et de petits verres.

— À nos familles !

— Et à l’étrange, ajoutè-je en levant mon verre.

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