Chapitre 1
Cette fin d’après-midi est idyllique. Le printemps n’est là que depuis quelques jours, mais déjà le soleil répand ses pâles rayons sur des paysages bucoliques.
Troy sort de son bureau et respire à pleins poumons l’air du dehors. Un taxi s’approche du trottoir, le garçon hésite à lui faire un signe. À la vue du ciel bleu il préfère renoncer et c’est d’un pas nonchalant qu’il rentre chez lui. Le jeune cadre traverse alors une ruelle étroite, serrée entre deux immeubles aux façades décrépites, ne laissant deviner au-dessus de lui qu’un mince filet azuré.
Alors qu’à quelques mètres de lui, il peut voir la route et les voitures roulant à faible allure, il observe un brouillard qui glisse vers lui. Troy reste immobile, légèrement stupéfait. Il n’a pas remarqué la brume se former. Elle est pourtant bien là, devant lui, compacte… désormais il ne distingue plus rien, pas même la chaussée qu’il regardait cependant quelques secondes auparavant. Le trentenaire s’enfonce dans la nappe humide, marche un peu puis s’arrête. Il n’est pas à l’aise, a l’impression d’être épié. Il sait bien que la route n’est qu’à quelques pas, mais là au milieu de cette brume il se sent perdu, et craint de ne pas arriver jusqu’à elle.
Soudain, une ombre surgit devant lui. Il la discerne à peine. Elle ne semble pas humaine. On dirait quelque chose de penché, marchant avec peine très près du sol. Un bruit assourdissant l’accompagne, comme le son d’un cor. Les battements de cœur de Troy s’accélèrent. Il écarquille ses grands yeux bleus, sans pour autant distinguer plus.
Tout en regrettant finalement de n’avoir pas pris de taxi, Troy fait demi-tour et court dans l’autre sens, espérant sortir au plus vite de cette masse opaque. Tout autour de lui il entend des gémissements, des bruits de raclements et parfois une ombre surgit près de lui. Le garçon a la sensation de devenir fou. Et la brume semble ne pas avoir de fin.
(à suivre)
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