Le romantique
Je suis un nostalgique. Ou un romantique, si vous préférez. J'ai parfois les pensées qui flanchent, les idées qui fuient. Mon cerveau est en surchauffe constante, ma liberté l'essence de mon bonheur. Une odeur ? Un souvenir. Une émotion ? Un voyage.
Les bons élèves cherchent une simplicité dans les relations amoureuses qui se transforme en des histoires complexes, je suis de ces cancres qui croient et désirent l'inverse : Une complexité qui se traduit par de la simplicité. Je rêve de cette histoire d'amour clichée, celle qui commence sur un banc dans un parc et termine allongé sur le sable la tête dans les étoiles. La passion du petit garçon envers celle qu'il rêve d'emmener au bout du monde. Je porterai un vieux costume trois pièces, elle serait radieuse, dans une robe longue avec un bandeau dans les cheveux. On serait deux ratés du cœur qui n'aurait qu'un seul regard à s'échanger pour apprendre à se connaître et s'aimer comme des fous.
Je suis un romantique. Ma sensibilité me pousse parfois à des pensées intrusives injustifiées. Des angoisses absurdes. Mes idées vivent et me le font parfois payer. J'analyse mes relations, je réfléchis trop. Et si je vous en parle alors vous direz : Mais il est fou !
Je suis un romantique. Je n'arrive pas à me mêler au flot des relations mondaines et parfois superficielles. Des copains, quelques bicyclettes et des aventures semblables à des romans pour enfants me suffisent. Fumer des cigarettes en racontant nos amours secrets toute la nuit, loin des soirées bruyantes : m'en faut-il vraiment davantage ? Je m'ennuie dans ces soirées en boite de nuit ou la musique et bien trop forte pour rire et pleurer sur l'épaule de mon ami. Tel est ma définition du bonheur qui s'accompli dans l'amitié.
Je suis un romantique. L'odeur du sapin raconte une histoire, le bruit de la mer une autre. La nostalgie est de ces sentiments traqués, poursuivit, pourtant si doux. Pas la nostalgie politique non, mais celle qui offre de voyager. Qui offre de partir dans son enfance quand bon nous semble. De voir dans cette planche qui grince dans le couloir de la vieille maison de ma grand-mère une véritable histoire liée à des souvenirs et combattre ceux qui voudraient la changer. De voyager dans chaque époque et d'y prendre ce qu'il me plait. C'est mon sentiment préféré. Mêlée à la mélancolie elle forme mon chant de vie : Marcher au milieu de ces champs où petit je venais jouer, sous le brouillard de novembre en me disant " tu te rappelles ? C'était doux". Oui, je me le dis à moi-même. Je me parle car je sais que lui pourra me comprendre.
Je suis un romantique, maladivement passionnée de liberté. Celle qui fait de mon esprit un vagabond capable de tout. Jouer des rôles, rire pour rien, me prendre pour les héros de mes films, de mes livres, aimer comme un enfant.
Je suis un romantique. Je fuis le serieux. Je ne changerai pas le monde alors autant rire de lui. Rien n'est grave hors-mis les filles et Dieu. La vie n'est qu'un roman qui ne demande qu'à etre lu alors à nous de faire en sorte qu'il soit le plus divertissant possible.
Je suis un romantique. Je vois dans chaque chose une aventure humaine. Je vois, au moment de Noel, une magie qui me transporte dans un doux roman d'amour, de tendresse et de froid. Je vois dans cette soupière remplie de chocolat un souvenir.
Rouler vite en voiture sous le soleil en écoutant des musiques d'été avec les vrais copains me suffit à être heureux.
Chaque moment est une poésie. Chaque lieu est un souvenir. Je suis un romantique démodé, idéaliste, sensible et par conséquent un type un peu fou. Au bruit de la ville, je préfére le chant d'un oiseau à la campagne. Mais c'est ce qui pour moi me rend libre. Tant pis si les gens inscriront une mauvaise note sur mon bulletin : Quelque part, lorsque tous planche sur leur copie à l'école, je suis un peu celui qui, au fond de la classe se fiche bien de montrer qu'il connaît sa leçon et préfère regarder par la fenêtre les feuilles tomber, les rêves virevolter et les pensées passionnées.
Je suis un romantique.
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