Chapitre 6

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Clara était en train d'essuyer les verres qui venaient de terminer de faire leur tour dans le lave-vaisselle quand elle aperçut du coin de l'œil, Mao au coin de la rue qui marchait d'un pas rapide en direction de l'entrée de son bar.

  • Tu as l'air de bien mauvaise humeur, fit Clara à l'attention de Mao lorsque celle-ci s'installa au comptoir. Tu t'es encore fâchée avec ton amoureux ?

Mao lui lança un regard de travers.

  • J'en déduis que la réponse est oui.

Mao se détourna de ses yeux.

  • Aux dernières nouvelles, je n'ai pas d'amoureux... comme tu dis...
  • Ah ? fit Clara, quelque peu surprise. Ce n'est pas bon pour toi, Mao, de nier la réalité... Tu le sais ? Je n'ai aucune envie de te faire la leçon, ni d'être la petite voix de la révélation... Mais, si toi, tu es célibataire en ce moment... Moi, je suis la vierge Marie...

Mao soupira.

  • Clara... Je n'ai pas envie de rire, ce matin... Tu peux le comprendre, ça ?
  • Je sais, je sais, je sais.... Mais bon... Que veux-tu ? Mets-toi à ma place... J'aimerais bien de temps à autre, enlever le côté tragique de l'histoire...
  • Le côté tragique ?

Clara avala sa salive.

  • Oui, c'est vrai... Oublie ça...

Mao la regarda d'un air soupçonneux.

  • Des fois, je me dis que tu devrais au contraire aller jusqu'au bout de ta pensée. Peut-être que tu pourrais avoir l'air honnête pour une fois.

Clara fit la moue.

  • Tu as peut-être raison, ou, peut-être pas.

Mao sortit une cigarette de son paquet.

  • Ça te dérange si j'en grille une ?
  • Moi, personnellement... Non. Mais tu n'es pas sans savoir que c'est interdit désormais.
  • Parce que ce n'est pas bien, c'est ça ? fit Mao. Pfff... Le bien ou le mal : c'est une rhétorique un peu dépassée.

Clara répondit par un sourire narquois.

  • Peut-être bien... Peut-être que non. Mais ce n'est pas à nous d'en décider...

Mao ne répondit pas. Elle préféra changer de sujet.

  • Il t'a laissé un mot sur la table de chevet, je parie... fit Clara.

Mao lui lança un regard furieux.

  • Il avait des choses à faire et il te retrouve plus tard... Je me trompe ?

Elle hocha la tête. Elle aurait voulu pouvoir nier mais elle ne pouvait pas.

  • Il va falloir que tu reprennes l'initiative, Mao. Sinon tu sais bien comment ça va se terminer.
  • Et tu veux que je fasse quoi ? Il ne me doit rien et je ne lui dois rien. Et c'est bien mieux comme ça !
  • Et pourtant, tu viens ici, râler à propos de ça !
  • Rooh, arrête. Tu vois bien ce que je veux dire...
  • Mais au fait, c'est quoi le début de l'histoire ? demanda Clara.

Mao regarda sa montre. Elle avait encore un petit quart d'heure avant d'aller au boulot, alors elle commença à raconter son histoire.

  • Alors à ton avis, il la connaît d'où cette fille ? Comment pouvait-il savoir qu'elle était enceinte ? Sans déconner, je t'assure qu'il n'y avait aucun indice.
  • Et elle l'était au final ?
  • Aucune idée, nous ne sommes pas équipés pour cela dans le camion pour les urgences. En règle générale si la patiente est consciente, c'est elle qui nous le dit et sinon c'est l'entourage. Là sur un accident routier où il y a un mort et deux blessés sérieux inconscients, c'est impossible de savoir. Mais c'est pour ça que ça me rend folle. En plus, je l'ai vu faire. J'étais derrière. Il a pris son pouls et il l'a à peine regardée. Donc soit, il la connait super bien et mais dans ce cas-là ça ne colle pas à son histoire de "Je l'ai rencontrée pendant une soirée". Soit... Bah je ne sais pas... La fille n'est pas enceinte et c'est un mytho. Mais je n'arrive pas à y croire non plus à cela. Je ne vois pas son intérêt.
  • Peut-être devrais-tu aller à l'hôpital pour demander ?
  • Je suis secouriste, je ne suis pas de sa famille. Autant au moment de la prise en charge, je pouvais demander tout ce que je voulais... A partir du moment où tu as remis ton patient à l'équipe des urgences, tu n'as plus le droit de rien.
  • Je n'y crois pas. Tu connais les gens quand même là-bas, non ? Tu passes ton temps à leur ramener des gens... Je suppose que vous ne faites pas que passer en coup de vent et "bye les gens !", non ?
  • Oui, fit Mao en soupirant. Tu as raison. Je pourrais faire ça. Mais je n'aime pas. J'enfreins du coup les règles et j'oblige en même temps la personne qui va me répondre à en faire de même. Ce n'est vraiment pas le top.
  • C'est cela ou bien tu vas tourner en boucle encore et encore sur le sujet. Moi je te propose juste la solution la plus simple pour tenter de répondre à tes questions.
  • Ok. Je vais y réfléchir et je te dirai ! Je dois filer.

Mao envoya un baiser d'un geste de la main à Clara, laquelle secoua la tête amusée : décidément son amie n'était encore qu'une grande enfant.

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