Epilogue

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Le Café Anglais avait conservé son charme suranné. Moustier s’assit à la même place qu’autrefois et s’abandonna à la nostalgie des souvenirs. Lorsque Baptiste entra, chassant l’ombre légère de ses amours de jeunesse, ils se donnèrent l’accolade comme de vieux amis.

— Comment allez-vous, monsieur le grand reporter? Vous ne regrettez pas la Chine ?

— Un peu. Je ne voudrais pas y être aujourd’hui. Des nationalistes veulent instaurer une république. Je me demande ce que sont Wang et le Commissaire Ling ?... Vous n’avez pas changé.

— Vous non plus, mon cher Baptiste, un peu plus mûr peut-être. Il est vrai que vous êtes chef de famille maintenant.

— C’est ce que me répétait ma pauvre tante Edith, paix à son âme. Ses conseils de vieille fille revêche me manquent.

— Comment va votre épouse ?

— Le mieux du monde. Elle s’occupe de nos enfants et de son salon de thé japonais, le premier du genre à Paris. Ces dames de la haute société s’y bousculent et trouvent cela « follement pittoresque ». Je tiens aussi à vous féliciter. J’ai eu écho de votre nomination. Ambassadeur au Brésil, c’est un poste très recherché ! A ce propos, j’ai scrupule à vous poser la question mais ….

— Qu’est devenu Des Essarts ? Votre soudaine disparition, suivie du suicide du seigneur Yamagashi votre réapparition théâtrale un mois plus tard en France et les articles que vous avez publié, tout cela n’a guère profité à sa carrière, vous l’imaginez sans peine. Après la dissolution du Gouvernement Provisoire, il a été rappelé au Quai d’Orsay. Après deux ans du purgatoire dans les bureaux, on l’a envoyé à Varsovie. C’est tout de même mieux que notre consulat d’Islande. A votre santé !

Baptiste regarda la foule insouciante qui se pressait sur le boulevard.

— je suis heureux de vous revoir, certes, mais vous ne m’avez fixé ce rendez-vous pour me parler de la Pologne.

— En effet j’ai attendu d’en être sûr pour vous en faire part, car nos informations sont très contradictoires mais cette fois, il n’y a malheureusement plus aucun doute. Le Diable Blanc est mort au cours d’une bataille avec l’armée chinoise. Les témoignages sont confus, sujets à caution mais on raconte que ses hommes se sont fait tuer jusqu’au dernier. Son quartier général a été brûlé. On n’a pas retrouvé son corps.

— Il aurait disparu, une fois de plus…

— Je dirais plutôt qu’il est entré dans la légende. On raconte que votre oncle s’est enfui sur un bateau pirate, qu’il est descendu vers le sud pour recruter une nouvelle armée.

— il en est capable. J’ai toujours sur mon bureau le poignard qu’il m’a offert sur la plage lorsque nous nous sommes séparés. Il aurait appartenu à un officier de Gengis Khan et Yukiko porte le collier de jade d’une ancienne impératrice. En tout cas, c’est ce que nous raconterons à nos enfants. Je ne connaissais pas ce café, c’est un bel endroit pour les souvenirs. Je me demande si je retournerai un jour à l’hôtel Astor.

— Il va pleuvoir. Vous souvenez-vous des orages de Tianjin ?

ils trinquèrent au moment où les premières gouttes s’écrasaient sur le boulevard.

FIN

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