Aujourd'hui est un jour comme les autres. Le temps passe et tout le monde profite de la vie. N'est-ce pas ? Est-ce qu'on se voile la face ? Telle est la question.

Et bien, moi, Maya, je vous défie de dire que je suis heureuse. Tout le monde regarde les enfants comme des êtres incroyables, innocents et naïfs. Etes-vous sûre de les connaître ? Moi, oui. Mais vous ? Non.

Aujourd'hui est bien un jour comme les autres. En me regardant ce matin, je me déteste encore un peu plus que la veille. Je ressens la même chose qu'eux. Pourquoi suis-je si grosse ? Pourquoi suis-je si moche ? Je n'en sais rien. Mais je suis punie. Chaque jour. Comme un enfant qui aurait fait une bêtise.

Lundi, je suis allé à l'école. Ils avaient tagué sur les murs. Toutes sortes d'insultes. Mon prénom au centre. Ils avaient l'impression de me faire honneur. Lundi, mon coeur s'est fissuré encore une fois.

Mardi, je suis retourné à l'école. Cette fois-ci, on m'attendait devant le portail. Je n'ai pas eu le temps de m'enfuir. Lancer de projectiles de tous les côtés. Je me suis enfuie. Mardi, j'ai à nouveau pleuré.

Mercredi, comme chaque jour, je me suis rendue en enfer. Personne ne m'attendait devant le collège. Peut-être que c'est mon jour de chance. Après la sonnerie, je me suis rendue en salle de sport. Cette fois-ci, on m'attendait. Ils m'ont enfermé dans le local de sport. Mercredi, j'ai ,pour la énième fois, hurlé.

Jeudi, pieds traînants, tête baissée, je marche vers ma prison. Je ne sais pas à quoi m'attendre. On était en fin de journée. Je rentrais chez moi, regard tourné vers le ciel. Sur le chemin, sans que je m'y attende, on m'a attrapé et trainé dans une ruelle. Jeudi, j'ai été tabassée.

Aujourd'hui, je ne retournerais pas là-bas. Je me regarde dans le miroir. Cheveux en pagaille, cocards et lèvres enflées. Je casse ce miroir de toutes mes forces. Je pleure, je crie. Pourquoi moi ? Je ne saurai jamais. Est-ce qu'il existe une vie après la mort ?

Maya prend un morceau du miroir. Elle sait comment se tailler les veines. Ses camarades lui envoyaient toutes sortes de vidéos. Ils l'ont poussé à mourir. Ils lui ont appris à se suicider.

Alors, telle une chirurgienne, Maya se tranche les veines.

Vendredi, je me suis pour la première fois suicidée.

3 jours plus tard :

Aujourd'hui, on est lundi. Je me suis réveillée. Mais je ne suis pas morte. Suicide raté. C'est maman qui m'a découvert sur le sol de ma chambre. Elle a essayé de stopper l'hémorragie et a appelé le SAMU. Je suis en vie. Et vous savez quoi, je suis contente. Pendant les 3 jours à l'hôpital, j'ai volé dans les cieux. J'ai vu toutes mes pensées qui se déambulaient. J'étais libre comme l'air. C'était beau.

On est jeudi. Maman prépare nos bagages. Je m'en vais. Mes camarades sont désolés. Ils se sont dénoncés. Les masques sont tombés.

Etes-vous sûrs de connaître vos enfants ? Avant non. Maintenant oui.