La crainte de Valentine
Durant la nuit, Valentine ne trouva pas le sommeil et se retourna plusieurs fois. Sébastien finit par se réveiller et lui souffler,
— Mais qu’est-ce que tu as ?
Il passa son bras sur elle pour l’empêcher de se tourner à nouveau.
— Je ne sais pas… Je n’arrive pas à dormir.
— Quelque chose te tracasse ?
Elle soupira. Il constata,
— Oui, quelque chose te tracasse. Qu’est-ce que c’est, Val ? Vide ton sac, tu pourras peut-être dormir après ça.
Elle tourna la tête vers lui, le regarda dans la pénombre de la chambre puis finit par lui dire,
— Écoute, je ne sais pas si nous fiancer est une bonne idée.
Encore à moitié endormi, il réagit, étonné.
— Mais qu’est-ce que tu racontes ?
— Je crois qu’on ne devrait pas se fiancer.
— Mais pourquoi ? Mais qu’est-ce que tu as ?
Il se redressa dans le lit et alluma la lampe de chevet puis reprit,
— Explique-moi ce qu’il te prend tout d’un coup, Val !
Elle s’assit, elle aussi, leva les yeux vers lui et avoua,
— C’est une chose qui me trotte dans la tête depuis un petit moment… J’appréhende le moment où tu me parleras d’envie de faire un bébé.
— Mais pourquoi ? Ça t’angoisse ?
— Oui.
— Mais… Tu as peur de quoi Val ? Tu ne veux pas d’enfant ?
Vivement, mais au bord des larmes, elle répondit,
— Non, j’en veux… Dans l’absolu, mais j’ai peur « d’être mère » Seb.
— À cause de ta mère, c’est ça ? Tu n’es pas ta mère, Val, tu n’as rien en commun avec elle.
— Je sais… Mais j’ai peur de mes réactions Seb, peur de ne pas savoir comment m’y prendre avec un enfant.
Sur un ton rassurant, il tenta de l’apaiser,
— Mais je serai là Val, ça se fait à deux un bébé, ça s’élève à deux aussi.
— Je le sais Seb… Mais j’ai si peur de ne pas être à la hauteur.
Il l’attira à lui et l’invita à se reposer sur son torse.
— Valentine, je maintiens ma demande officielle, je veux t’épouser, toi, parce que je t’aime, comme tu es.
— Même avec mes craintes ?
— Oui, même avec tes craintes. Et je te rappelle, je serai toujours avec toi, Val, et j’espère réussir à apaiser un peu tes craintes.
Elle soupira tout en tentant d’écraser un sanglot qui montait en elle.
— Je tiens à toi Sébastien…
Puis les larmes commencèrent à couler, elle tressaillit. Sébastien la serra contre lui, avec un pincement au cœur.
— Moi aussi, je tiens à toi, je tiens énormément à toi.
Il lui embrassa la racine des cheveux, puis reprit,
— Oui, j’aimerais fonder une famille avec toi, Valentine. Si tu as besoin de temps pour te faire à l’idée et de digérer ce que tu as appris ces derniers mois, je comprends. On prendra le temps qu’il faudra Val.
— Merci, mais tu vois, je m’en veux de te freiner dans tes projets…
— Hé ! Ces projets-là, c’est avec toi que je veux les faire Valentine, tu ne me freines en rien, ça se fait à deux ces projets-là.
Valentine serra ses bras autour de la taille de Sébastien et resta collée à lui.
— Je t’aime… J’avais si peur de te perdre à cause de ça…
— Val …
Il lui caressa les cheveux puis lui massa le cuir chevelu.
— Valentine, je t’aime, je veux t’épouser… Je n’ai pas envie de te perdre non plus. Viens, viens près de moi.
Elle remonta et posa sa tête à la hauteur de la sienne. Il la regarda dans les yeux et lui dit,
— Je ne savais pas que tu appréhendais autant l’idée d’avoir un enfant.
Elle baissa les yeux puis le regarda à nouveau et lui dit,
— C’est l’idée d’être mère qui me fait douter, mais depuis que je sais que tante Annie m’a en partie élevée, je ne sais pas, je me dis qu’il y a de l’espoir.
— Moi je suis plein d’espoir… Laissons faire le temps et faisons les choses dans l’ordre.
— C'est-à-dire ?
— Bah, je te propose de nous marier avant d’envisager de faire un bébé.
Elle sourit et lui caressa la joue,
— Oui, faisons ça.
Elle se pelotonna contre lui, il la serra dans les bras après avoir éteint la lampe et ils se rendormirent front contre front.
Annotations
Versions