Chapitre 1
Dans une cave humide, les gouttes s'écrasaient sur les dalles froides. Leurs chutes résonnaient à travers le corridor et la large cage de métal. A l'intérieur les chaines pendaient depuis le plafond. Les épaisses menottes de rouilles maintenaient et étiraient les faibles poignets. Les cicatrices encore saignantes décoraient le torse, nu. Un nouveau coup de fouet fendit l'air, en même temps qu'un hurlement étouffé :
— Parle !
Le prisonnier resserra ses lèvres, il les mordit jusqu'au sang. Plutôt mourir que de trahir la Résistance. Une nouvelle saccade s'enchaina tout de suite. Son dos se cambra bouche béante, mais il ne libérait aucun son ou alors il n'était plus en état de s'entendre crier :
— Si tu ne parles pas on tue celle-là
Le visage d'une jeune fille d'à peine 16 ans fut plaqué contre ses yeux brouillés : Victoria. A l'origine elle n'était même pas censé participer à la mission mais elle avait tellement insisté... Le Capitaine n'aurait jamais dû l'accepter dans ses rangs, il aurait dû la renvoyer à la Base, en sécurité. Si seulement il avait su :
— Tu as trois secondes pour parler
— Capitaine...murmura la jeune otage tandis qu'elle sentait le canon sur son crane
Celui-ci tira sur les chaines qui claquèrent mais son corps ne bougea pas d'un pouce, impuissant. Face à lui, l'adolescente haletait, un regard de terreur. A leurs pieds les membres de l'escouades gisaient au sol, inerte, morts. A quel moment les choses avaient elles mal tourné ? Quand ils n'avaient pas remarqués l'embuscade ennemi ? Pendant qu'ils trainaient pour rentrer à la Base ? Quand ils avaient été repéré en posant les dynamites ? Ou alors bien avant, quand ils pensaient que cette opération serait simple et rapide.
— Trois
Les dents du Capitaine grincèrent. Il avait promis à Victoria qu'il la protégerait. Il n'avait cessé de promettre encore et encore même entre les barreaux de cette prison. Elle échappa un sanglot et il se mordit la langue. Mille vies valent mieux qu'une ; voilà la première leçon enseignée par la Résistance. Il était inutile de chercher la bonne réponse pour la simple raison qu'il n'y avait pas d'autres réponses : le Capitaine se devait de garder le silence autant que Victoria se devait de mourir. C'était nécessaire pour la survie de l'humanité :
— Deux
— Capitaine je vous en prie
Pour la survie de l'humanité
— Un
— Pitié !
Pour la survie de l'humanité
"Pam". L'arrière du crâne explosa sous la détonation. Le sang gicla sur le Capitaine dont la bouche demeura béante, tremblante. Son coeur tapa de plus en plus fort contre sa poitrine, douloureuse, si douloureuse. L'un des geoliers, propulsa le déchet contre le mur. A quelques mètres, les orbites de l'adolescente fixaient le survivant dans une accusation rancunière. Il dégluti. Dans un même temps il compris qu'il avait bloqué sa respiration depuis plusieurs minutes déjà. Il inspira une écrasante bouffé avant de tirer sur les poignets. Il se débattit en tout sens et les chaines fendaient l'air dans un acte aussi désespéré qu'inutile.
Sans prévenir les coups de fouets, plus puissants et plus déchirants s'écrasèrent contre son dos. Et chaque perle de sueur ou de sang qui glissait sur les plaies ouvertes le poussaient à hurler plus fort.
A l'extérieur, la Duchesse de Draguimur bouchaient ses oreilles bien plus sensibles que celles de l'espèce Humaine. Elle soupira face à la cacophonie dissonante, une insupportable torture. Au moment où le sang s'éjecta un peu plus loin, elle recula de quelques pas. Elle craignait de tacher sa robe de soie pourpre, un investissement qui lui avait coûté toutes ses économies.
Soudain, elle distingua les bruits de pas lointains dans le corridor. Ses sourcils se froncèrent à la vue du sourire mesquin et arrogant, celui du Baron fou :
— Vous êtes en retard accusa t elle
Le concerné haussa les épaules sans la moindre once de respect. Il dirigeait déjà toute son attention sur les cris de douleurs. Ses commissures s'étirèrent face au distrayant spectacle :
— Qui est ce ?
— Un Résistant responsable de la destruction de 2 garnisons. Par sa faute, le prix des AB va encore augmenter
— Quelle importance. Je déteste ce groupe sanguin de tout de façon, il est bien trop fade en bouche
La jeune femme roula des yeux, il n'y avait pas grand-chose que le Baron appréciait excepté le sadisme et l'indécence. Un éclat de voix encore plus strident perça l'entièreté du sous-sol :
— Par Satan faites le taire ! Même un cochon égorgé fait moins de bruit
— Mais Madame il n'a toujours pas parlé
— Dans ce cas tuez l'un des singes qui lui sert de compagnon
— Ils sont tous morts Madame
— Alors faites quelque chose de silencieux !
Les pupilles du Baron brillaient en direction de la Cage et du torse musclé tantôt marqué au fer rouge, tantôt tailladé au couteau. L'odeur du sang encore frais s'éparpillait partout, il salivait déjà :
— Qu'avez-vous obtenu de lui jusqu'à présent ?
— Pas grand-chose : Il s'appelle Alaric et il est l'instigateur de cette fâcheuse opération. Il paraitrait que ce soit lui qui ait abattu notre regretté Général.
Le Baron siffla face à cette nouvelle. A l'intérieur de la cage, les tortionnaires avaient abaissés les chaines du prisonnier. Accroupi au sol, ils avaient plongé sa tête dans une bassine emplie d'eau. Ils la maintenait à l'intérieur pendant de longues minutes avant de la retirer en arrière avec brutalité :
— Parle !
Alaric n'avait même pas la force de rétorquer, il toussota, pris de brèves inspirations qui lui brulaient la poitrine. Et en quelques secondes ses poumons se retrouvèrent une nouvelle fois privés d'air.
— S'il pouvait nous donner la localisation de leurs Base centrale, cela nous arrangerait bien. On pourrait se débarrasser de ces parasites en une seule fois.
Le Baron se mordit la lèvre, savourant le spectacle avec avidité. Impossible de savoir s'il avait écouté le moindre mot prononcé par la Duchesse. Toujours figé sur la cage, il interrogea dans un soupçon de curiosité :
— Je pari que l'hypnose est inefficace sur lui
Son interlocutrice hocha lentement la tête, dépitée. C'était la première fois qu'ils mettaient la main sur un Capitaine de la Résistance pour au final ne rien en tirer du tout.
Le Baron s'approcha de la prison, lentement. Puis, entoura ses longs doigts effilés, gantés autour d'un barreau de fer. Il semblait se préoccuper un peu trop du prisonnier et cela ne plaisait pas du tout à la Duchesse qui préféra changer de sujet :
— Les garnisons du Nord doivent être reconstruite et le Général remplacé. Mon imbécile de frère pense qu'une promotion pourrait sauver votre réputation. Il aimerait que la Capitale vous considère autrement qu'un simple clown dévergondé, il vous estime beaucoup.
— Dommage, je n'ai pas très envie de lui faire plaisir
— Allez crever en enfer !
Le cou du Capitaine craqua au moment où le poing cogna sa joue. Deux dents s'éjectèrent sur le sol et un filet de sang s'échappa de sa bouche, une odeur enivrante, si enivrante, le Baron devenait fou. Dans un crissement, les chaînes forcèrent le mortel à se relever. Ses bras se tendirent vers le haut, écartelés tandis que les pointes de ses pieds peinaient à garder contact avec le sol.
— Que comptes tu faire de lui ? Adressa le Baron dans un mouvement de tête
— Vous connaissez la règle
Il leva les yeux au ciel, bien sur qu'il la connaissait. Tout les Résistants se devaient de mourir, ils représentaient une trop grande menace de part leurs compétence de combats et leurs connaissance des failles vampirique. Pourtant les commissures du Vampire s'étirèrent dangereusement :
— Donne moi ton prisonnier et j'accepterai la demande de ton frère.
La Duchesse manqua de s'étrangler avec sa salive. Ne posséder aucun savoir vivre était une chose mais bafouer le règlement !
Elle foudroya le malotru qui venait d'étirer deux barreaux de la Cage dans une aisance monstrueuse. Malgré les jurons constant de la Dame, il entra nonchalement dans la prison. A l'intérieur, les gardiens avaient cessés leurs torture, courbé en deux dans une révérence respectueuse.
Et juste en face de lui, Alaric s'etait immobilisé.
Les muscles du prisonniers se tendirent et ses entrailles se tordèrent. Il respirait mal. Les bottes du Vampire claquaient contre les dalles à chacun de ses pas. L'hypnotisante chevelure rousse trainait sur les larges épaules comme un brasier incandescent. Le visage à quelques centimètres de sa proie, il figea ses pupilles rougeâtre sur celles du mortel. Dans un rictus malicieux, il glissa sa langue sur ses crocs proéminents. Alaric frissonna :
— N'approchez pas
— Ou sinon quoi ? Que peux-tu faire en étant suspendu comme un morceau de viande ?
Le monstre appuya sa main gantée sur le bas de l'abdomen avant de la faire remonter le long du torse sculpté par l'entrainement. Il se mordit la lèvre face à la carrure stoïque qui se retenait de flancher. L'humain comprima sa langue entre ses dents. Il fronça les sourcils poings serrés et cela amusa davantage le Baron. Celui- ci agrippa d'un coup sec la chevelure sombre avant de la tirer vers l'arrière. Alaric gémit de douleur. Contre la nuque exposé, vulnérable, le vampire huma la douce odeur comme un pervers aspirerait le parfum d'une jeune fille :
— Vous êtes fou
Les commissures du monstre s'étirèrent avec horreur. Jamais le Résistant n'avait autant tremblé, le corps en sueur, les poils hérissés :
— Si tu savais, tu n'as encore rien vu
Aussitôt dit, il captura les lèvres d'Alaric, dévora la bouche de sa proie, glissa sa langue à l'intérieur comme un membre élastique. Le mortel étouffait, suffoquait, la tête toujours tiré vers l'arrière. La Duchesse quant à elle, détourna le regard dans un soupir de dégout. Il n'était pas forcé d'agir avec tant d'impudence. En plus, elle connaissait suffisamment les rumeurs pour savoir qu'il ne s'arrêterait pas après un simple baiser. Et elle ne tenait pas à assister au spectacle. Tout ce qu'elle voulait, c'était de se débarrasser du Baron le plus vite possible. Bras croisés, elle maugréât :
— Si vous y tenez prenez le mais ne comptez pas sur moi pour vous couvrir
Le Vampire rompit le baiser d'un coup sec, sans relâcher sa victime pour autant :
— N'ayez crainte, il sera mort en moins d'une semaine
— Comme tous vos autres Calices...vous êtes abjectes
Le Baron haussa calmement les épaules avant de se concentrer à nouveau sur sa prise. Ses pupilles se figèrent sur la carotide pulsatile, enflé. Lentement, ses crocs se distendirent davantage. Il perça la peau. Alaric gémit, le corps en feu. La tête du Résistant tourna tellement que ses paupières se fermèrent toutes seules. Il perdit connaissance. Le Vampire se dégagea dans un soupir de frustration. Voilà pour quelle raison il détestait les mortels ; quelle faiblesse méprisable.
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