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J’ai été ce bambin joyeux, rieur, avide de découverte, débordant de vie. Nous avions peu à la maison, aussi je jouais avec tout ce qui m’entourait. Je pouvais rester des heures à regarder une fourmilière ou faire une course d’escargots. J’assemblais branches et ficelles pour construire un arc ou un lance-pierre, je sifflais avec une feuille entre les pouces, je me collais les graines d’érable sur le nez, ou les jettais pour qu’elles retombent en tournoyant comme des hélicoptères. Je construisais des barrages de cailloux dans le ruisseau, tout en essayant de capturer des petites bêtes. Je mâchonnais des grains de blé pour faire comme si j’avais un chewing gum. Je traînais à la ferme de l’autre côté du parc, quand le gros chien n’était pas là, pour observer comment traire les vaches et tuer le cochon.
Quand mon frère m’emmenait avec lui, je me faisais son ombre, et j’apprenais les bêtises de ses copains. À leur contact, je fixais mes limites. Je riais de bon coeur quand ils mettaient un pétard dans une crotte de chien, mais filais les dénoncer quand ils espionnaient ma soeur et ses copines dans les vestiaires de la gym.
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