Je suis désormais ce veuf inconsolable. J’ai perdu Fabienne brutalement. Elle a été emportée par un cancer en quelques mois. Le temps m’a rattrapé d’un coup : je suis devenu ce vieil homme fatigué. Je me suis effondré... je savais depuis toujours que je n’avais pas de consistance propre. Fabienne était mon exosquelette. Maintenant, je porte mon âge sur mon visage fripé, sur mes mains dont la peau fine laisse apparaître veines et tendons. Je n’ai jamais eu peur de la mort, de la mienne en tout cas. Je suppose que c’est le cas pour tous ceux qui ont quelqu’un à retrouver. L’imminence me fait tout de même modérer mon discours. Je me réveille souvent la nuit avec une angoisse sourde, à l’idée de ne plus exister.