Chapitre 4

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 Finalement à la fin du troisième jour je regagnai les terres de mon clan. Épuisée, mais satisfaite, cette méthode de double cultivation se révéla bien plus éprouvante que je ne l’imaginais, mais ça en valait largement l’effort ! Seuls les génies à l’essence violette d’un des domaines supérieurs pourraient la surpasser. Il ne fallait pas que je me laisse dépasser par l’euphorie. je n’ignorais pas que le niveau de Saint qu’ici-bas tous pensaient le sommet, n’était que le début de la culture pour les domaines supérieurs. Là-haut, la plupart des cultivateurs de familles moyennes l’atteignaient entre 20 et 30 ans. Pour les grands clans, disposant de beaucoup de ressources ils y parvenaient avant même la fin de l’adolescence.

 Lorsque les premières habitations furent en vue, une bouffée de nostalgie m’envahit. Presque un siècle que je voyageai loin d’ici. Les deux gardes me regardèrent entrer dans la petite agglomération avec étonnement. La nuit ne tarderait plus, de rares travailleurs discutaient encore çà et là de leur dure journée. Je humai le parfum des herbes médicinales fraichement coupées et entreposées pour la vente du lendemain, tandis que j’approchai de la maison de mes parents.

 Les couleurs depuis longtemps fanées, la balustrade de la terrasse avant manquait pour moitié, une végétation sauvage remplaçait les parterres colorés d’origine. Les affaires du clan ne prospéraient pas.

 Ma mère sortie soudain de la maison en courant, les larmes aux yeux, bientôt suivit de mon père et ma petite sœur. Elle se jeta sur moi me serrant très fort. Et je lui rendis son étreinte avec bonheur, profitant de sa chaleur et de son doux parfum floral qui se cachait derrière le fumet du diner de ce soir.

  — Yu’er, ma petite Yu’er tu es en vie !

  — Je suis désolée de vous avoir inquiété.

  — Ne suis plus jamais les idées stupides de tes cousins ! Si courir dans la forêt augmentait la force spirituelle, ça se saurait ! me reprocha mon père.

  — Je sais père, mais si je ne suis pas rentrée plus tôt c’est parce que j’ai fait une rencontre formidable.

  — Allons bon ! De quel jeune maître t’es-tu entichée pour quitter le nid trois longues journées ? Que fais-tu de ta réputation ?


Je souris en secouant la tête.


  — Non, père, j’ai rencontré un Saint spirituel fraichement arrivé dans la vallée.


Tous affichèrent une expression incrédule, et gardèrent le silence un moment.


  — Rentrons et explique-nous ça.


 Je suivis tout le monde jusque dans la pièce principale, tenant la main de ma petite sœur, joyeuse. Chacun s’assit devant son assiette tandis que ma mère encore secouée rajoutait mon couvert. Le potage sur la table, mon père se servit avant de reprendre.


  — Alors comme ça tu aurais rencontré un Saint. Et en plus un qui n’est pas de Fort refuge. Comment est-ce possible, il n’y a probablement plus aucun humain en dehors de la Vallée.

  — J’ai conscience que cela parait fou, d’après lui il existe encore un certain nombre de communautés de par le monde qui résistent aux bêtes démoniaques. Après avoir discuté, il a accepté de me prendre comme disciple.


 Il soupira.


  — Ma fille, je sais à quel point tu es déçue de ton talent et de ce qu’il implique pour ton avenir, mais raconter de telles histoires ne pourra pas t’être bénéfique.


Je savais qu’il ne me croirait pas, c’était bien pour ça que j’avais attendu.


  — Je peux prouver ce que je dis père.


Je sortis le cristal d’évaluation de ma poche et me levai pour qu’ils puissent tous le voir. J’injectais ma force spirituelle dedans, il commença progressivement à s’illuminer. Celle-ci grimpa jusqu’à passer les 100 points. L’abasourdissement laissa place à des sourires extatiques.


  — Tu… tu… tu as déjà percé au rang d’artiste martial !


J’acquiesçai d’un signe de tête.


  — Comment est-ce possible ?

  — Mon maître m’a appris une technique de culture de haut niveau maman. Adaptée à mon essence spirituelle.

  — Nous devons immédiatement en faire part au patriarche ! C’est une opportunité à ne pas manquer.

  — Je voudrais que vous gardiez ça secret pour le moment.

  — Mais pourquoi ? s’enquit mon père dubitatif.

  — D’abor, d mon maître n’est pas très sociable et ne souhaite pas être dérangé. Si l’on apprend qu’il se trouve à proximité toute la vallée ira lui demander des faveurs, il risque de partir afin d’avoir la paix. Et alors je n’aurais plus d’opportunité aussi belle.

  — Si un tel expert souhaite rester cacher nous ne devons pas le trahir ! Sinon nous causerions nous-même notre ruine, renchérit ma mère.


 Je remerciai intérieurement ma mère pour sa compréhension. Comment pouvais-je laisser qui que ce soit apprendre que mon maître n’était qu’une trace de conscience préservée dans un minuscule anneau de jade. Et puis je ne pouvais pas montrer trop tôt ce changement. Car si cela se savait avant que moi ou mon clan gagnions assez en force. Certaines familles nobles n’hésiteraient pas à faire peser une pression telle sur mon clan qu’il serait contraint de m’offrir en mariage pour préserver tous les autres membres.


  — Bien, nous garderons cela pour nous. Que comptes-tu faire avant ton entrée à l’institut du Lotus mauve ?

  — Mon maître souhaite que j’étudie avec lui jusque-là. Je ne suis rentrée que pour ne pas vous inquiéter. Il m’a demandé de ramener avec moi quelques herbes médicinales pour que je pratique l’alchimie, appris-je à mon père.

  — Il peut également t’enseigner l’alchimie ? s’étouffa-t-il.

  — Oui. D’après lui un véritable expert doit pouvoir manipuler les deux forces de façon complémentaire.

  — C’est possible de faire ça ? questionna ma petite sœur incrédule.

  — D’après les textes avant la Folie, c’était le cas de la plupart des génies de la culture. Ce n’est qu’à cause des piètres techniques préservées dans notre vallée que ce n’est plus possible.

  — Que doit-on dire au patriarche s’il demande après toi ?

  — Simplement que je m’entraine dur en réclusion.


 Ils se regardèrent un moment, avant de soupirer.


  — D’accord, nous ferons comme tu le souhaites et à ton retour ?

  — Je garderais profil bas le plus possible, du moins tant que je ne pourrais pas assurer votre protection.

  — Eh bien, je suis heureux de voir que tu as bien grandi ces trois derniers jours ma fille, me dit mon père avec de la fierté dans le regard.


J’eus soudain crainte d’en avoir trop fait. Je ne pouvais pas raconter la vérité à personne. À personne.


  — Merci. Je ferai de mon mieux pour ramener de quoi aider Xiao Ning à augmenter son niveau. J’espère pouvoir trouver comment aider le clan à accroitre son statut.

  — Je te fais confiance, ma fille. À présent, mangeons ! C’est un grand jour pour notre famille et son avenir.


 Le repas se déroula à merveille après ça. Je n’avais plus passé de si bonne soirée depuis des décennies. C’était tellement plaisant de me sentir à nouveau aimée et choyée. Il me fallait tout faire pour préserver ma famille.

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