Mais quel culot ! Il ose venir chez moi alors qu’il m’a envoyé de quoi me suicider, mais qu’est ce qu’il ne va pas dans sa tête !!!! Je suis hors de moi car rien que d’entendre sa voix m’a fait mal et je ne veux plus jamais avoir mal !

- Chérie, je peux rentrer ? Me demande ma mère.

- Oui.

- Qu’est ce qui se passe avec Mickaël ?

- Je n’ai pas envie d’en parler maman.

- Ok. Mais il avait l’air vraiment pas bien, ça m’inquiète. Je ne l’ai presque pas reconnu.

Et bah bien fait !

- Je veux plus en parler maman. S’il te plait.

- D’accord mais si t’as envie un jour de discuter, tu sais que je suis là.

Ouais entre deux biberons et deux couches, super.

- Ça va aller, merci.

Elle pose un baiser sur mon front et me laisse à ma solitude. Car je me sens seule terriblement seule et puis j’ai mal. Mon dieu que ça fait mal. Mes larmes inondent mon oreiller et je finis par m’endormir.

- Mick’ !!!!!

Je me réveille en sueur et tremblante. La lumière de mon téléphone attire mon attention et je vois qu’on m’appelle…à 3h25…merde c’est qui ? Je décroche.

- Oui bonsoir, excuse-moi de vous appeler mais on nous a amené un jeune homme sans identité, avec juste son portable dans sa poche et vous êtes le dernier numéro qui s’affiche alors peut être que vous pourriez nous aider à savoir qui il est.

Oh non !!!

- Est…ce…qu’il est tatoué ? Dis-je avec appréhension.

- Euh oui en effet il a des tatouages.

- Mickaël Parker. Il s’appelle Mickaël Parker. Qu’est ce qu’il lui est arrivé ?

- Je ne peux rien vous dire par téléphone, vous devriez venir.

Sans hésiter je saute de mon lit, portée par une force invisible. Mes mains tremblent lorsque je m’habille, le téléphone collé à mon oreille pour prévenir Jack et les parents de Mickaël. J’arrive en courant aux urgences et demande des nouvelles sans attendre l’arrivée des proches.

- Calmez-vous, je suis la personne qui vous a appelée. Me dit la femme

- Qu’est ce qu’il a ? S’il vous plait, dites-moi qu’il est vivant ?

Alors qu’elle va pour parler, j’entends la voix de Mickaël hurler comme s’il était enragé.

- Non, vous ne pouvez pas !!!! Crie-t-elle alors que j’entre dans la pièce.

Oh mon dieu !!!

Mickaël est attaché et 3 médecins tentent de le rallonger alors qu’il se débat. Ses yeux sont injectés de sang, ses veines sont tellement bien dessinées qu’on dirait des routes sur son corps.

- Sortez !!! Crache un des médecins.

- La seringue pète bordel ! Calmez-vous ! Bordel c’est quoi cette merde ! Sa veine est trop dure ! Faut calmer son cœur ! Il a trop de sang dans les veines, ça va péter ! Hurle un autre médecin.

- Foutu poison, il est en train de durcir les tissus ! Faut qu’il se calme, on va le perdre sinon !

J’approche doucement et pose ma main sur son ventre contracté. Son cœur bat si vite qu’on le voit battre à travers son corps. Les médecins me regardent et Mickaël se rallonge essoufflé.

- Je suis là, s’il te plait laisse les te sauver Mick’, j’ai besoin de toi. Je te demande pardon, s’il te plait ne meurs pas. Dis-je en éclatant en sanglot.

- J’ai une veine !!!

- Je le perds !!! Il s’enfonce !!!

On me pousse, son corps convulse et j’ai l’impression que mon cœur est en train de s’éteindre en même temps que celui de Mick’.

- On intube !

- Je n’y arrive pas !

Le médecin me regarde comme si j’étais le seul remède à l’état de Mickaël. Je repose ma main sur son ventre et lui parle.

- Je t’aime, s’il te plait vis… vis pour moi, pour nous.

- C’est bon, j’ai réussi. Merci. Me lance-t-il soulagé d’avoir pu faire son travail.

- Sauvez-le, je vous en prie.

- On va faire notre maximum, s’il vous plait, sortez maintenant.

Je sors de la pièce, prête à m’effondrer mais on se jette sur moi.

- Qu’est ce qui s’est passé Marielle ? Me demande la mère de Mick’ affolée.

- Il fait une overdose je crois. Dis-je sous le choc.

- Oh non ! Pas encore.

- Il…il a failli mourir. Dis-je en pleurant

- Je vais me renseigner. Dit son père.

Lorsque je regarde à travers mes larmes, je vois Jack et Julie qui m’ouvrent leur bras et je m’effondre. Georges le père de Mickaël, revient près de nous alors que la mère et la sœur de Mick’ se prennent dans les bras.

- On m’a rien dit de plus. Il ne s’arrêtera jamais bon sang ! Ce gosse va me rendre dingue !

- Il est venu nous voir et…sa mère n’arrive pas à finir sa phrase.

- Moi aussi j’ai refusé de le voir. Dis-je

- Ce gosse est ingérable, je sais plus quoi faire. Dit son père hors de lui.

Je sens les muscles de Jack se contracter et il se décolle de moi.

- Putain mais vous ne comprenez rien !!!! Tout ce qu’il demandait c’est notre aide bordel !!!

Je n’ai jamais vu Jack hors de lui mais là j’avoue que je suis impressionnée.

- Il m’a appelé et j’ai préféré baiser que d’aider mon pote !!!! Il est venu vous voir et vous n’avez pas répondu à son appel au secours !!! On n’est tous responsable s’il est en train de crever !!!! Tous !!!! Et surtout vous !!! Crache-t-il au visage du père de Mick’

- Mais…

- Fermez là et écoutez un peu. Mickaël en pouvait plus de votre absence. Chaque fête des pères, il brisait son cadeau de rage quand on était petit car vous étiez absent. Il ne croyait pas au père Noël car chaque fois il demandait de passer un Noël avec vous et à chaque fois vous n’étiez pas là ! Année après année il devenait violent parce que vous lui manquiez !!! Parce qu’il avait besoin d’un père pour se construire !!! Parce qu’il avait peur de perdre son père !!!! Il regardait les infos et à chaque fois il avait cette frayeur dans le regard mais il ravalait. Il supportait plus de voir votre femme en larmes bouffée par la peur de vous perdre !!! Vous avez brisé son enfance, son adolescence et maintenant sa vie ! S’il en est là aujourd’hui c’est de votre faute ! Il est ingérable à cause de vous !

Je n’aurais pas pensé que Jack puisse être si violent et Georges ne répond pas, brisé par les paroles tranchantes du meilleur ami de son fils. Mais lorsque Jack’ se retourne vers moi, je sens que ça ne sera pas pour me remonter le moral.

- Et putain toi, ouvre tes yeux Marielle !!! Il est fou amoureux de toi, tu as été sa seule motivation pour décrocher de cette came !!! Il voulait vivre une histoire avec toi et tu l’as rejeté car tu flippes ta race de l’aimer !!! Ouais c’est un dealer mais je reste persuadé que t’aurais réussi à le faire décrocher petit à petit. Il lui fallait juste du temps et de l’amour. Et tu lui as refusé.

Ses mots sont si justes que j’ai moi aussi rien à répondre.

- Et quant à moi, je n’ai pas su être à la hauteur. Je l’ai laissé tomber au moment où il avait besoin de son meilleur ami. On peut tous s’en mordre les doigts s’il y passe. Dit-il à bout de souffle.

Le silence s’invite dans cette maudite salle d’attente. Julie me demande de venir prendre un peu l’air et lorsqu’on arrive au niveau des distributeurs on tombe sur Adrianna et sa mère.

- Adrianna ?

- Oh Marielle, euh salut.

- Tu viens voir Mickaël toi aussi ?

- Quoi ?! Non, mais qu’est ce qui se passe ? Demande-t-elle affolée.

- Il a fait une overdose.

- Oh non !!! Dit-elle en portant sa main à la bouche

Elle regarde sa mère et j’ai une sale impression.

- C’est de ma faute maman, c’est de ma faute !!!

- Oh chérie non ce n’est pas de ta faute.

- Pourquoi ça serait de ta faute ! Dis-je sèchement

Elle fait non de la tête mais là je suis bien décidée à savoir.

- Parle Adrianna !

- Il m’a aidé à avorter. C’était horrible.

- Quoi !!! Oh mon dieu.

Elle nous explique et je n’imagine pas l’horreur qu’il a du supporter pour son amie. Je l’invite à nous rejoindre car je sais qu’elle compte beaucoup pour Mickaël et que surtout lui compte beaucoup pour elle.

- Ca va toi sinon ? Dis-je

- Oui on a juste été aux urgences pour vérifier que j’allais bien et mon corps va bien..

- C’est important pour Mick’ que tu ailles bien.

Elle me sourit alors que son corps tremble.

- T’as froid ?

Elle fait non de la tête.

- Je suis en manque c’est tout. Dit-elle comme si cet état était normal.

Je retire mon manteau et lui fais enfiler. Elle se gratte le bras mais veut pas aller voir un médecin. Je lui donne des trucs à boire et à manger et elle finit par s’endormir sur les sièges de la salle d’attente.

- Elle est si jeune. Dit la mère de Mick’ en la regardant.

- Mick’ était bien plus jeune quand il a commencé. Crache Jack

- Jack ,s’il te plait, arrête. Dis-je pour le calmer.

Ca fait des heures qu’on est ici et son père fait les 400 pas. Et puis enfin une femme arrive.

- Bonjour, vous êtes les proches de Mickaël je suppose ?

- Oui. Comment va-t-il ?

Le visage du médecin se ternit et mon cœur se serre fort.

- Son cœur nous a fait 3 arrêts mais on a réussi à le stabiliser…

- Oh merci mon dieu. Coupe la mère de Mick’

- Il est sous assistance respiratoire car il n’arrive pas à respirer tout seul. Lâche la médecin comme pour nous faire comprendre que dans un corps, y a pas que le cœur qui compte.

- Il va s’en sortir n’est ce pas ? Demande sa mère la voix tremblante.

- Nous avons stabilisé son cœur, nous avons arrêté les hémorragies internes, mais il ne respire pas tout seul et son cerveau va finir par s’éteindre. Je suis désolée mais il est en vie grâce aux machines, on ne peut rien faire de plus, c’est fini. Je vous invite à aller le voir pour lui dire au revoir. On attendra votre feu vert pour arrêter le respirateur et le laisser partir tranquillement.

- Non !!!!! Hurle sa mère.

- Je suis désolée.

La médecin repart et j’arrive plus à dire un mot. La mère de Mickaël s’effondre dans les bras de son mari qui éclate lui aussi en sanglot.

- Non il ne peut pas mourir. Dit Ether en larmes elle aussi

- Chérie vient. Dit sa mère en ouvrant ses bras.

- Non !!!! Mon grand frère est fort !!! Il ne mourra pas car il va se battre comme il l’a toujours fait parce que moi je ne peux pas vivre sans mon grand frère. Il a toujours été là depuis ma naissance, il est plus un père qu’un frère. Je ne peux pas…je ne veux pas…non non je ne veux pas qu’il meurt !!!

Elle recule comme si on était des monstres.

- Vous l’avez tué !!! Je vous hais !!!

Lorsqu’on entre dans la chambre de Mick’, Ether est en larmes contre lui. Il paraît si paisible que ça fait froid dans le dos. Mes larmes coulent sur mes joues et j’ai l’impression que mon cœur est en train de s’effriter à chaque bip des machines. Je prends la main chaude de Mick’. Comment pourrait-elle se refroidir, non c’est impossible, pas Mick’ !

- Faut pas le débrancher. Dis-je

- Marielle…Dit sa mère en pleur.

- Faut pas Fanny. Je sais pas pourquoi mais faut pas. Dis-je sans savoir pourquoi je dis ça mais quelque chose en moi me dit que rien de tout ça est fini.

Ils se regardent tous puis me regardent. La médecin rentre et nous demande si nous sommes prêts. Comment l’être ? Comment laisser la personne qu’on aime le plus partir définitivement ? Je ne peux pas. Impossible.

- Vous êtes sur qu’il n’y a pas d’espoir ? Demande sa mère

- Je suis désolée mais il est temps de le laisser partir Mme Parker.

- Faites pas ça. Dis-je

Je regarde les parents de Mick’.

- Pitié, faites pas ça, ce n’est pas fini, je vous assure que ce n’est pas fini. Je ne sais pas comment je le sais mais je le sais. Faites-moi confiance !!!

Tous me regardent comme si j’étais une dingue mais d’un coup ça s’agite derrière nous.

- Un charriot !!! Vite !!!! Hurle la médecin qui se jette sur le corps de Mickaël qui se met à bouger dans tout les sens.

Oh mon dieu !!!

- Mickaël vous m’entendez ? Serrez ma main si vous m’entendez.

On se regarde tous alors qu’on laisse la place au corps médical qui entoure Mick’. J’ai l’impression qu’on joue avec mon âme là. On entend une grande inspiration comme s’il avalait une grande bouchée d’air.

- Marie !!! Crie-t-il d’une voix rauque.

Sa voix vient de prononcer mon prénom et mon cœur reprend un souffle de vie. Je m’approche en même temps que le reste de ses proches. Le regard de Mick’ passe de visage en visage comme pour être sur de qui nous sommes.

- Il est encore sous le choc de son réveil. C’est un miracle et j’aime les miracles. Bienvenue parmi nous Mickaël. Vous avez 5 minutes. Nous dit la médecin soulagée.

Mais le regard de Mick’ s’assombrit et lorsque sa mère veut s’approcher il a un mouvement de recul.

- Chéri c’est maman.

- Vous…vous ne…voulez…pas de moi. Dit-il d’une voix cassée et faible.

- Chéri pardon, pardon.

Mick’ fait non de la tête puis il ferme les yeux comme pour ne plus nous voir.

- On va le laisser se reposer, il a besoin de repos. Dit le père de Mick’

Mais lorsqu’on veut retourner près de lui une infirmière nous arrête.

- Désolée mais il refuse les visites. Je vous prie de bien vouloir partir.

- Nous sommes ses parents !

- Il a été clair, il ne veut aucune visite. Je suis désolée mais je ne peux pas aller contre la volonté du patient.

Mick’ est vivant mais conscient qu’on n’a pas été là pour lui. A nous de regagner notre place dans son cœur maintenant. Si toutefois c’est encore possible.