Chapitre 9 - Trahison
J’accélère presque à fond, voulant arriver au plus vite. Cependant je gare le véhicule à quelques mètres de la maison de Misty, ne voulant pas me faire repérer s’il y a le moindre problème chez elle. Je pourrais alors agir plus furtivement. J’approche d’un pas décidé mais reste tout de même prudente. Je ne me trouve plus qu’à quelques mètres de sa maison lorsque j'entend des voix s’élever, brisant le silence de ce quartier endormis.
Je passe par une petite ruelle pour approcher de la maison de Misty sans être vue. À demi dissimulée, j’observe l’entrée de chez elle se trouvant à ma gauche un peu plus loin. Tout ce que je peux voir c’est une voiture. Le même genre de tout-terrain que j’ai conduit pour venir jusqu’ici. J'aperçois également un soldat au niveau de l’entrée de la maison, accompagné d’un homme aux bras croisés ne portant pas d’uniforme. Ils discutent ensembles, mais pas assez fort pour que je puisse comprendre ce qu’ils se disent à cette distance. Ils portent tous deux leur attention vers l’intérieur de la maison, dont le porte est visiblement grande ouverte. Je parviens donc à me faufiler dans la pénombre, l’éclairage extérieur ne fonctionnant pas pour une raison ou une autre, et arrive jusqu’à atteindre une fenêtre de la maison de Misty. J’essai donc d’observer discrètement à l’intérieur.
J’ouvre grand les yeux face à ce que je vois. Misty est assise sur une chaise, les poignets attachés derrière son dos, la tête baissée. Sa mère, qui de toute évidence veut la rejoindre, est retenue par un soldat. Ses joues brillent à la lumière à cause de toutes ses larmes qui ont coulées et coulent certainement encore. Face à Misty se tient un homme portant le même uniforme que l’assassin de mes parents. Je serre les poings. Mais il ne faut surtout pas que je me précipite. La fenêtre étant légèrement entrouverte, j’entend une bribe de parole provenant du plus haut gradé.
- Ton père nous a tout dit. Alors comme ça tu es aérokinésiste … Nous n’en avions encore jamais vu, c’est une première.
Sa voix rocailleuse atteste de l’air satisfait qu’il semble montrer à Misty. Cependant je ne suis pas sûre d’avoir bien compris tellement cela me paraît invraisemblable. Son propre père leur a tout dit ? Serait-ce l’homme aux bras croisés que j’ai vu devant la maison ? Comment peut-il faire une chose pareille à sa fille ? Une telle trahison …
Mais je n’ai pas le temps de me questionner, il faut que j’agisse avant qu’ils ne l'emmènent. Je me déplace donc en restant accroupi jusqu’à l’arrière de la maison. De ce côté se trouve une porte, qui est malheureusement fermée, mais je remarque qu’une fenêtre est entrouverte. Elle donne sur une pièce sombre, je pense pouvoir y entrer sans problème. Je soulève donc le plus doucement possible la fenêtre et enjambe le rebord pour atterrir dans ce que je pense être la chambre des parents de Misty.
Toujours accroupi, je traverse la pièce et entrouvre légèrement la porte donnant sur une pièce lumineuse. La voix rocailleuse s’élevant à nouveau soudainement me bloque dans mon action, me faisant sursauter. Il semble toujours s’adresser à Misty. Je jette un petit coup d’oeil dans la direction d’où vient la voix. Je constate alors que Misty, dos à moi, est toujours attachée sur sa chaise. Sa mère n’a pas changé de place non plus, mais elle se débat de l’emprise du soldat.
- Je vous en supplie, laissez partir ma fille … Elle n’a rien fait de mal.
La mère de Misty sort difficilement ces mots de sa bouche, tant ses pleurs l’en empêche. Mais le plus haut gradé n’en a visiblement rien à faire. Pour toute réponse il fait un mouvement las de la main à son soldat, lui demandant de cette manière de faire sortir la femme. Son subordonné s’exécute alors et emmène la mère effondrée de douleur et pleine de colère, qui malgré le rapport de force physique évident, se débat au maximum pour tenter de se libérer de son emprise. Il ne reste donc plus que Misty et l’homme à la voix rauque dans la maison. Et moi, qui compte bien agir dès que l’occasion se présente. C’est d’ailleurs le bon moment. Avec mon altercation plus tôt, j’ai réussi à projeter des éclairs de mes mains sous la colère. Et je pense avoir compris comment faire pour reproduire ce phénomène, mais avec moins de volts, car mon corps désormais marqué n’a pas supporté le surplus d’électricité tout à l’heure.
Je me relève donc et ouvre la porte. Je lève ensuite ma main droite, visant l’homme, tout en faisant un pas dans la pièce éclairée. Il me remarque immédiatement suite à cette action. Cependant, il n’a le temps que d’écarquiller les yeux avant que je n’envoie un éclair qui le foudroie de plein fouet, le projetant un mètre plus loin au sol. Je me précipite alors pour libérer Misty de ses liens. Mon action a été efficace, mais le bruit et la lumière produite les a certainement tout de suite alarmés.
- Kyra ?
- T’inquiètes pas, je suis là pour t’aider.
- T’aurais pas dû venir …
Je parviens à détacher Misty et l’aide à se lever. Elle me regarde soulagée, un sourire aux lèvres, mais son sourire disparaît aussitôt et son expression se modifie en de grands yeux regardant derrière moi. Je n’ai pas eu le temps de me retourner que je reçois un gros coup sur l’arrière de la tête. Presque assommée, je m’écroule au sol.
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