Chapitre 15 - L'aéroport
Nous marchons depuis ce qu’il nous semble des heures maintenant. La route jusqu’à l’aéroport est interminable. Notre allure à bien diminuée depuis quelque temps. Mes jambes sont lourdes et ma gorge est sèche. J’aurais bien besoin d’une pause, tout comme Misty, qui a l’air dans le même état. Mais nous tenons bon. Il ne nous reste plus qu’un quart d’heure de marche et nous pourrons enfin nous poser après avoir récupéré les billets d’avion. Nos poursuivants n’ont pas cherché à nous retrouver, du moins nous n’avons croisé aucun policier à notre recherche. Pour ça, je pense qu’on est débarrassées d’eux. Au moins une bonne nouvelle dans tout ça.
Néanmoins je préfère rester prudente. Alors après avoir mémorisé le reste de l’itinéraire, je décide de casser mon téléphone. De toute façon, il ne m’est plus utile et même si je désactivais la localisation, j’aurais toujours un doute qu’ils puissent nous retrouver grâce à ça. Misty a fait de même avec le siens, puis nous avons repris notre route en nous fiant à notre mémoire et aux indications que nous pouvions trouver, notamment avec les panneaux de signalisations.
Le quart d’heure s’est finalement transformé en trente minutes, mais nous avons tout de même réussi à atteindre notre destination. Nous sommes rapidement entrées dans l’aéroport, demandant dès que possible au guichet deux billets pour un aller simple en France. D’abord surprise par ma précipitation, la femme du guichet a scruté nos visages en sueur pendant un instant, avant de finalement répondre à ma demande. Elle me répond alors que le vol en direction de Paris le plus rapide part dans deux heures. C’est mieux que rien, nous n’allons pas attendre trop longtemps. J’accepte sa proposition après un rapide coup d’oeil vers Misty, qui acquiesce d’un mouvement de tête. Je sors alors tout ce dont nous avons besoin du sac de Misty, c’est-à-dire les passeports et l’argent nécessaire, que je donne directement à la femme. Attendant que cette dernière fasse le nécessaire, je ne peux m’empêcher d’observer partout autour de moi. La poursuite avec la police me reste en tête et je sens le stress monter de plus en plus, accompagnée de la peur de se faire de nouveau attraper.
Voyant mon mal-être, la femme me demande si tout va bien tout en me tendant les billets et les passeports. Je lui répond d’un bref “oui, merci” et attrape rapidement le tout, entraînant Misty avec moi par le poignet. J’espère que cette femme ne se pose pas trop de questions… Dire qu’avant j’accordais difficilement ma confiance envers les inconnus, maintenant j’en viens à psychoter sur chaque personne que je croise, ayant l’impression que tout le monde est au courant de notre fuite. Je dois avoir l’air d’une folle à leurs yeux, avec mon air fermé et méfiant regardant chaque personne que l’on croise.
Nous avons finalement décidé de patienter en retrait de la foule, dans un petit coin légèrement dissimulé de l’entrée principale. Assises par terre contre le mur, Misty a fini par s’assoupir contre mon épaule. Je ne sais pas depuis combien de temps nous sommes là à attendre, mais cela me paraît être des heures. J’ai passé tout mon temps à stresser, perdue dans mes pensées. Et alors que je commence à fermer doucement les yeux à mon tour, luttant contre l’envie de dormir, je les ouvrent soudainement en grand. La peur me saisit, mon corps devient raide. Je secoue Misty, peut-être un peu trop fort malgré-moi, car elle s’en plaint à son réveil. Je lui fait alors signe de se taire, mettant un doigt devant ma bouche. Elle s’arrête alors immédiatement de parler, me demandant du regard ce qui ne va pas. Je lui indique alors la source de ma soudaine panique, montrant du doigt au loin deux policiers se dirigeant vers le guichet de l’aéroport. Après avoir constaté leur présence à son tour, Misty est aussi surprise, puis tente de relativiser, parlant en chuchotant.
- Ils ne sont peut-être pas là pour nous.
- Et pourquoi ils seraient là alors ?
- Je sais pas… Un simple contrôle ?
- Ils sont à notre recherche, ça ne fait aucun doute avec ce qu’il s’est passé…
- En tout cas s’ils nous cherchent ils ont intérêt à se dépêcher, car notre avion va décoller.
Accompagnant ses paroles, elle pointe du doigt une grande horloge que je n’avais même pas remarqué. Effectivement, notre avion allait très bientôt décoller, mais si nous restons là il va partir sans nous. Cependant, si les deux policiers nous voient, nous sommes fichues. Misty sort alors de son sac deux gilets à capuche. Soit elle a vraiment pensé à tout, soit c’est un coup de chance incroyable. Mais l’heure n’est pas à la réflexion. Nous enfilons chacune un gilet, prenant soin de bien cacher nos cheveux dans notre capuche, puis nous nous dirigeons vers le portique de détecteur de métaux. Après avoir passé la sécurité, nous filons vers le couloir menant à notre avion à pas de course. Notre calvaire ici est bientôt fini.
Nous avons alors fini par nous installer dans l’avion, à notre place respectives. Ce dernier est presque entièrement plein, seuls quelques retardataires comme nous arrivent à la dernière minute. Ce sont les minutes les plus longues de ma vie. La peur qu’ils nous retrouvent s’est grandement intensifiée après avoir vue les policiers. À tout moment ils peuvent débarquer dans l’avion et nous arrêter.
Mais par je ne sais quel miracle, les portes de l’avion se ferment après quelques minutes, sans qu’aucun policier ne la franchisse. C’est bon, je peux enfin souffler. Notre traque est terminée… Du moins pour le moment. Misty et moi lâchons un long souffle de soulagement au même moment, puis nous nous adressons un regard complice, accompagné d’un sourire traduisant notre apaisement suite à cette épreuve si stressante. Une hôtesse de l’air commence alors la fameuse danse que tout le monde connaît, nous indiquant les procédures à suivre en cas de crash, puis l’avion commence à avancer sur la piste de décollage. Notre calvaire ici est définitivement terminé.
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