J'ai fait un rêve
La main sur le torse,
J’ai fait un rêve ;
Rêve sous le soleil.
J’ai senti ses rayons
D’été me darder.
La main sur le cœur,
J’ai fait un rêve ;
Rêve sous le ciel blanc.
J’ai senti sa douce brise
Souffler sur ma peau.
Je me rappelle encore des odeurs ordinaires,
Celles de ces temps passés,
Celles des cuisines candides.
L’odeur de l’iode qui balaye mon corps refroidi.
Je me rappelle encore l’intense saveur du blé,
Noir de sel,
Blanc de sucre,
Le goût de la mer et de son amante la terre.
La main sur le torse,
J’ai fait un rêve ;
Rêve sur le sable.
J’ai senti sa chaleur
Caresser mon âme.
La main sur le cœur,
J’ai fait un rêve ;
Rêve sur la grève.
J’ai senti son étreinte
Le baiser de l’eau.
Je me souviens du bourdonnement dans le lointain,
Chant des anciens,
Danse de jeunesse,
La voix même de ces paysages, ce quotidien.
Je me souviens des pleurs des morgans noires drapées,
La terre déchirée et brisée,
Son âme nous ceignant, et saignante
Chaîne fatiguée qui nous lie tous et à jamais.
Main couvrant la plaie,
J’ai fait un rêve ;
J’y voyais un drapeau
De larmes, de cendre, de sang ;
Et j’ai souri.
Il avait chu.
Et le ciel de granite s’était vêtu
De neuf étoiles blanches.
Annotations
Versions