La Luciole
Chaque soir, avant d’aller dormir,
Je regarde par ma toute petite fenêtre ;
Une lucarne, portail des mirages,
D’ombres portées et d’autant de poétesses.
Je scrute songeur la berge berceuse
Où rouspètent quelques ranidés,
Emmi roseaux, nénuphars et rouge barque ;
Et l’eau embrasse le vieux moulin.
C’est là-bas, non-loin de la roue de bois,
Que je vis voleter sans répit
Cette toute petite étoile d’un vert rêveur ;
Cantant calmement aux grandes sœurs
La douceur de l’eau, ce miroir moiré ;
Les caprices d’Été des criquets ;
Les histoires qui languissent dans l’air du soir.
Lors, épris, je me laisse porter,
J’écris pour ne pas oublier ;
Gratter un peu de papier, de bois tendre,
À me faire lucane valeureuse ;
Creuser de cahiers un ardent musée.
Depuis lors, je laisse la fenêtre ouverte
Pour offrir un havre contre l’orage, et un âtre pour l’hiver
À la modeste estelle aux éclats céladons,
Trésor rêvé du bord de la rivière.
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