À ce vieil ami.
Je ne sais pas quand tu as mis un pied
Sur la barque de mes espérances,
Lourd de reproches, tu l’as fait tanguer,
Et j’ai eu peur de boire la tasse.
J’ai l’adresse d’une pierre,
Les mains toutes caleuses,
Et le cœur aveugle de ses violences furieuses.
Alors évidemment que je ne peux
Faire que des bêtises, des babioles ;
Mais ce n’est pas une raison suffisante
Pour me fustiger, et gouverner
Mon batel vers les
Grèves mortelles de ces
Pays peuplés d’ombres muettes et de malaises sourds.
Non, je te le dis, te regardant
Droit dans tes yeux vierges d’inspiration,
Je ne me laisserai pas malmené !
Oui, j’ai un cœur brûlant qui ne connaît que les excés !
Oui, j’ai des mains crasses pleines de cendres salissantes et blessantes !
Oui, je suis pétri de mots-mirages et autres songes-sottises !
Mais je les aime !
J’aime ces sentiments sincères, ces amours immodérés, ces ires radiantes !
J’aime ces pattes grossières et candides qui ne veulent que caresser !
Et que j’aime ces idées qui dansent la nuit et sur le papier !
Ô je sais que j’ai fauté, plus que jamais !; que j’ai embarrassé, ennuyé, lésé !; mais je dois faire tout ce que je peux pour offrir une larme-étoile, une excuse qui ne soit pas ni vaine, ni insulte.
L’on me fait confiance, plus que toute celle que tu t’es efforcé et t’efforceras de gratter ; je l’ai lu sur ses lèvres.
Et ce n’est pas dans tes bras froids,
Entre tes ongles-cages,
Les pieds dans la tangue d’un estran sans fin,
Que je pourrai avancer et poser un genou au sol.
Alors voici.
Des mots choisis.
Qui te bannissent.
Va, fantôme, pique-assiette,
Je ne t’aime pas.
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