"A sangre y fuego"
Aujourd'hui, mes règles ne sont plus ce qu'elles étaient.
Elles sont toujours rouges et vives, à feu et à sang.
Mais moi, j'ai changé.
Je n'ai pas eu mes règles pendant quinze mois. Je les ai oubliées tout ce temps. Quand elles reviennent, elles me rappellent cette période passée.
Cette période, où j'ai porté, donné et encouragé la vie.
A l'abri, la cavalière du feu s'est développée, fourbissant son attirail, polissant sa cuirasse pour affronter sa première cavalcade au travers de la divine porte.
Choisissant son heure in extremis, elle est descendue des colines de chair pour les déchirer, animale et troublante. Le jour de sa venue, c'était le sang qui enfin s'écoulait, battant à mes tempes fatiguées de douleur ; c'était la flamme propagée dans mes os, dans mes muscles, dans mon âme.
De cette bataille inimaginable, nous sommes toutes deux sorties victorieuses. Entre la cavalière du feu et moi, point de sang, mais mon sein gorgé de lait.
Cette règle de la nature, je ne la regarde plus de haut. Je ne la regarde plus de loin. Cette règle décidée pour toutes les femmes est devenue concrète pour moi. Je la regarde avec bonheur, avec amour : comme je regarde ma fille, comme j'imagine ses frères et soeurs.
Le sang de mes règles sont la vie et le feu.
N.B. : Référence du titre : poème de Pablo Neruda issu de "La centaine d'amour" ("No te quiero, sino porque te quiero...")
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