Final trépidant
Faubourg St Honoré, Paris
Brigitte sort du Palais de l'Elysée, toute fringante, elle traverse la rue pour se diriger vers la boutique voisine Milady dans le but d'y acheter quelques robes. Soudain, des policiers du GIGN l'encerclent, elle s'arrête, un peu étonnée. Morgant, en tenue d'intervention protégé d'un gilet pare-balle et brandissant son pistolet légèrement de biais, hurle :
– G.A.C. ! Pas un geste Madame Macron !
Elle lève les mains, et les policiers se précipitent sur elle, la menottent et l'emmènent rapidement dans un véhicule.
* * *
Salle d'interrogatoire de la police criminelle de Paris
Morgant cuisine la femme avec son tact habituel :
– Vous allez nous dire quel lien vous avez avec ces meurtres ! Regardez ces photos : quatorze meurtres, et ça va continuer si vous ne nous dites rien !
– Mais je vous jure, je ne sais pas de quoi vous parlez…
Au bout d'un certain temps, Guidon prend le relais, accompagné de Ridu :
– Madame, voulez-vous quelque chose à manger ? Un café ?
– Un café je veux bien.
– Ridu, va chercher un café pour Madame Macron. Bon, cela doit être éprouvant pour vous, je sais, mais sachez qu'il y a des vies innocentes en jeu, vous pouvez nous aider, j'en suis convaincu.
– Je ne sais rien de toute cette affaire, j'en suis désolée.
– Est-ce que cette représentation théatrâle vous rappelle quelque chose ?
Elle regarde le fascicule avec stupéfaction :
– Mais… c'est la pièce que j'ai fait joué à la classe de mon Emmanuel…
– Emmanuel ? C'est qui ça Emmanuel ?
– Mon mari.
– C'était un de vos élèves ?
– Oui.
– Parlez-moi de lui.
– C'est un homme brillant, qui réussit tout ce qu'il entreprend, il s'est lancé dans une grande révolution pour le pays, un mouvement qui marche bien, c'est un grand leader.
Derrière la vitre sans teint, Hoche appelle Da Silva :
– Pétronelle, renseigne-toi sur un certain Emmanuel Macron, le mari de la femme qu'on interroge.
– Alors oui, voilà… c'est un homme de 39 ans, un ancien banquier de chez Rothshild, politicien qui a gagné des élections récemment. Il a gagné des milions d'euros ces dernières années.
– C'est notre homme ! s'exclame Hoche.
Morgant interpelle Da Silva :
– Ma puce, dis-nous où se trouve cet homme actuellement.
– Alors… il revient juste d'une visite à Berlin, il sort de l'avion à Orly.
– Allons-y ! ordonne Hoche à son équipe.
Quelques minutes plus tard, alors que Morgant roule à très vive allure dans les rues de la capitale, le téléphone de Hoche vibre, c'est sa femme :
– Oh ! Je suis complètement désolé chérie, j'ai oublié la fête de l'école, je suis impardonnable !
– C'est pas grave mon chéri, de toute façon le baby sitter m'y accompagne en ce moment, c'est un homme charmant.
– Amusez-vous bien.
– Tiens… il veut te dire un mot.
– Passe le moi…
– Arthur ? Ne vous inquietez pas, votre femme est entre de bonnes mains...
– Merci beaucoup Georges, c'est vraiment sympa de votre part.
– Pas de quoi...
* * *
Orly, dix minutes plus tard…
Morgant, Guidon, Hoche, J J et Ridu sont sur les lieux, accompagnés d'une horde de policiers qui bouclent le secteur. Ils dévisagent toutes les personnes dans le hall central.
– Il doit être là, s'exclame Guidon.
– Da Silva ! Surveille les écrans des caméras de l'aéroport et trouve notre homme, ordonne Hoche.
– Séparons-nous, conseille Morgant.
* * *
Dans le parking en sous-sol de l'aéroport, Emmanuel Macron se dirige vers son automobile où l'attend son chauffeur personnel et son garde du corps. C'est alors qu'il aperçoit un jeune homme aux cheveux longs qui arbore fièrement un tee-shirt “France Insoumise”. Il l'interpelle :
– Hé toi !
– Oui..?
Il s'avance vers lui, avec son sourire séducteur, lui fait un clin d'oeil prononcé et lui dit :
– Pourquoi as-tu adhéré à ce mouvement de naïfs ? Aujourd'hui, la seule voie possible, c'est la mienne, libérer la croissance pour créer des emplois, être les plus compétitifs !
– Mais Monsieur, je suis pas d'accord, moi heu…
– Rejoins le côté sinécure du marché !
– Non, ça… jamais, plutôt crever !
– Quelle bonne idée !
Emmanuel sort calculatrice de sa poche et la lève au-dessus de sa tête.
Soudain la voix de Morgant résonne dans le sous-sol :
– G.A.C. !!!
Emmanuel se retourne, il aperçoit les groupes spéciaux d'intervention des brigades anti-criminalité, il est dans le viseur d'une centaine de fusils d'assaut.
– Lâchez votre arme ! ordonne Hoche qui surgit de derrière une Ferrari rose.
Mais Emmanuel attrappe le jeune gars et menace de le tuer avec sa calculette.
– N'approchez pas où il meurt avec moi !
– J'y vais, fait Guidon en posant son pistolet à terre.
– Non, c'est trop dangereux, fait Hoche vainement.
Guidon marche à pas lents en direction d'Emmanuel et de son otage, il cherche à converser avec le tueur :
– Emmanuel, je ne suis pas armé.
– N'approchez pas !
– Je veux juste parler…
– Non !
Pendant ce temps, Ridu réfléchit à toute allure, de la fumée sort par ses oreilles : la Terre… le Ciel… l'Esprit… la Terre c'est notre planète, le monde… le Ciel c'est bleu, comme le fromage d'Auvergne, en Auvergne il y a des volcans, les volcans c'est le feu de la Terre, l'Esprit c'est ce qui réfléchit, le miroir réfléchit, l'eau du lac aussi, c'est l'eau, l'eau et le feu, ensemble se transforment en vapeur, le verlan de vapeur c'est peurva, peurva en Bulgare (Ridu a un doctorat de linguistique en Bulgare) c'est “première”.
Le jeune homme se tourne vers Brigitte :
– Vous pouvez sauver votre mari, que signifie la “première” ?
– C'est lors de sa première fois, au théâtre, il jouait dans une pièce de Milan Kundera.
– Milan Kundera ? Pas dans une pièce de Voltaire ?
– Non, celle-ci avait été annulée à cause de la critique de la religion contenue dans la pièce. Le meilleur ami gay d'Emmanuel s'était suicidé car il devait tenir le premier rôle, ses parents étaient communistes, ils l'ont puni pour n'avoir pas eu le courage de se plaindre de l'annulation de la pièce. Alors il s'est suicidé en croquant dans une pomme empoisonnée. Emmanuel a été boulversé, il en a beaucoup voulu aux parents de son ami.
– Comment s'appellait cet ami ?
– Luc Guidon.
Ridu contacte Da Silva, la presse de donner à Guidon toutes les informations concernant Luc Guidon. Elle se met au travail et en trente secondes chrono, informe Jean dans son oreillette.
Il dit à Emmanuel :
– Ecoute-moi Emmanuel… Luc… je suis son père !
Cette révélation fait l'effet d'une bombe, Emmanuel vocifère :
– C'est de votre faute si Luc s'est tué !
– Non, Emmanuel, je n'y suis pour rien, il était atteint d'une sclérose en lamelles du pancréas, Luc se savait condamné, il n'a pas eu la force de continuer. Baissez votre arme, Emmanuel, c'est fini, tout est fini.
Emmanuel se met à sangloter et lâche sa calculatrice, laissant échapper son otage terrorisé. Aussitôt les policiers se jettent sur lui, Morgant lui met les menottes.
Hoche félicite Guidon :
– Je ne savais pas pour ton fils, désolé…
– J'ai tout inventé, je n'ai jamais eu d'enfants. On porte le même nom de famille c'est tout.
* * *
Dans le bimoteur qui ramène l'équipe, l'ambiance est sereine et détendue , nos héros sont conscients que même s'ils ont résolu cette affaire, bien d'autres monstres attendent qu'on les arrête.
Hoche reçoit un coup de fil de sa femme :
– Arthur ? Je suis désolée, cette fois c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase : ça fait 4256 heures que tu es occupé à ton travail et oublie de rentrer à la maison. Je les ai comptées. Si tu n'es pas là aujourd'hui, je te quitte pour Georges, lui au moins, il prendra soin de nous.
– T'inquiète pas chérie, l'avion arrive dans deux heures, je serai là pour le souper.
– Tiens je te passe Georges, il a quelque chose à te dire.
– Arthur ? Je vous prepare une de mes specialites pour le souper, vous allez vous regaler… Ark Ark Ark !
Sénèque a dit : “Les promesses non tenues ne se rattrappent pas avec des dollars, des abonnements au câble et des vacances aux Maldives...”
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