Charm, Jinx & Bob

4 minutes de lecture

Quelques heures plus tard, Charm et Jinx se trouvèrent loin de la tour, à l’abri dans une grotte aux abords d’un bois où coulait un ruisseau. Ils avaient abandonné la plus grande partie de leur butin pour alléger la mule afin qu’elle puisse porter le corps de l’orc. A plusieurs reprises, la kaméen avait dû invoquer le mot de pouvoir de guérison, le même qu’il avait utilisé pour arracher Jinx des griffes de la mort quelques années plus tôt dans le village orc. Charm n’avait toujours pas compris pourquoi Jinx tenait autant à sauver cet orc mais il n’avait jamais vu son amie dans un tel état, même le jour où elle lui avait planté un coup de couteau dans le dos. La cénéphir avait nettoyé et panser les blessures de l’orc, et celui-ci semblait respirer un peu mieux. Charm estimait que s’il passait la nuit, il devrait s’en tirer.

Une fois que le feu leur réchauffait bien le corps et que la viande fut grillée, Charm regarda Jinx d’un air très sérieux :

« Tu vas m’expliquer maintenant ? C’est quoi Ceri-ú-anír ? »

Et la cénéphir fondit en larmes. Elle lui raconta alors ce qu’il s’était passé au village orc : Bobo, sa gardienne et sage-femme, l’orc mâle, la grossesse et finalement l’accouchement. Charm se demandait comment le bébé orc avait pu survivre à l’assaut mais il se souvint alors d’avoir été renversé par un orc avant de rentrer dans la hutte où il trouva Jinx. C’était probablement Bobo ! Et celle-ci emportait probablement le nouveau-né à l’abri des combats…

« Que veux-tu faire avec lui ? C’est un orc et il ne sait probablement rien de ses origines. Il est aussi mauvais que les autres et n’hésitera pas à nous tuer s’il en a l’occasion… »

Jinx se mordit la lèvre, signe de grande nervosité. Elle savait que son ami avait raison mais quelque chose en elle avait été secoué comme jamais auparavant.

« Je n’ai pas réfléchi aussi loin, avoua-t-elle. De toute façon il ne va probablement pas se réveiller avant demain. On avisera au matin.

- En attendant, je le ligote, déclara Charm. Je n’ai aucune envie qu’il nous étrangle dans la nuit. C’est plus sûr. »

Jinx voulut protester mais le kaméen la regarda d’un air dur et elle se ravisa.

L’orc ne se réveilla qu’en fin d’après-midi le lendemain. Dès qu’il reprit conscience, son instinct prit le dessus et il bondit sur ses pieds. Enfin, il essaya : Charm avait bien ligoté ses poignets et ses chevilles et il ne fit qu’un petit bond avant de s’écrouler au sol, alertant les deux compagnons. L’orc se débattit pour rompre les cordes et Charm dut intervenir pour le calmer. Jinx, quant à elle, sentait déjà un déchirement : son bébé n’était en fait qu’une bête sauvage, identique au reste de ses semblables. Mais alors, l’orc hurla :

« Libérez-moi ! Libérez-moi ! »

Ce qui frappa le plus les deux compagnons, c’est qu’ils avaient parfaitement compris ce que l’orc disait… Celui-ci parlait en mendérim ! Comme ils ne réagissaient pas, l’orc cria la même chose, mais cette fois-ci en cénéphir !!! Charm était scié ; de sa vie, il n’avait jamais considéré qu’il pût rencontrer un orc polyglotte.

Jinx, quant à elle, vit un signe du destin. S’adressant à lui en cénéphir, elle lui intima de se calmer mais cela n’eut aucun effet. Charm, quant à lui, ne prit pas de gants : il colla à l’orc un coup de pied dans la figure, l’assommant à moitié. Jinx ragea et repoussa le kaméen violemment. Ce fut au tour de l’orc d’être étonné : ses deux ravisseurs se battaient pour lui.

« Arrête de te débattre, Ceri-ú-anír ! Tu n’es pas en danger !

- C’est qui, Ceri-ú-anír ?, répliqua l’orc.

- Mais c’est toi !, s’écria la cénéphir.

- Non, moi je suis Grumsh. Et je vais te tuer ! »

L’orc se jeta tant bien que mal sur Jinx, mais Charm eut le temps d’intervenir et lui colla un coup de genou dans la pomme d’Adam. Puis il lui posa sa lame contre la gorge du prisonnier et l’intima de se calmer.

« Je ne t’ai pas sauvé la vie pour te tuer !, s’exclama le kaméen. Alors tiens-toi tranquille ! »

Grumsh réalisa en cet instant qu’il était vivant. Pourtant, il était persuadé d’avoir été tué par la boule de feu dans le poste de garde. Il se regarda tout étonné : il était blessé mais bon nombre de brûlures avaient été soignées. Le kaméen avait l’air de dire vrai.

« Pourquoi m’avez-vous sauvé ?, fit-il en mendérim.

- Honnêtement, je ne sais, répondit Charm. Tu dois ta vie à cette jeune femme. Je sais que ce n’est pas dans ta nature mais tu devrais pour une fois te montrer reconnaissant.

- Tu ne sais même pas ce que c’est ma nature, lui cracha Grumsh.

- Arrêtez !, hurla Jinx. »

Puis elle se tourna vers son ami :

« Charm, va faire un tour ! Je dois parler avec Ceri-ú-anír…

- Hors de question !, s’écria le kaméen. Je ne vais pas te laisser avec cette bête sauvage ! »

A ces mots, Grumsh grogna de rage. Mais la cénéphir lui fit signe de se taire.

« Il ne m’arrivera rien, il est bien attaché et je resterai à distance. S’il te plaît ! Je dois parler avec mon fils… »

Charm rageait. Mais il ne pouvait pas refuser.

« Je ne serai pas loin. Au moindre bruit, j’accourrais et le tuerais moi-même ! », déclara-t-il de frustration en s’éloignant.

« Fils ? », demanda alors l’orc.

Jinx le regarda d’un air sérieux.

« Nous avons pas mal de choses à nous dire tous les deux… »

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Julien Be ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0