Les choses basculent
Voici, on est arrivé au point où les choses basculent, où le centre de gravité de l’être trouve ses propres assises. Certes, l’événement n’est nullement immédiat, il faut passer d’une réalité à l’autre, déserter sa propre cécité, ouvrir ses yeux à ceci qui vient à nous sur ses ailes de beauté. Un envol au plus haut du monde. Un regard qui puise à l’eau bénéfique du sens. Toute sa peau, on la confie à recevoir les sensations, on la place en miroir face à cette argile, à ces nuages, à ces pierres. Rien n’a été fait au hasard. Nature est pourvoyeuse de tout jusqu’en son plus infime détail. Tout conflue dans l’expérience de soi donatrice de joie. Oui, la joie, cette improbable venue, voici qu’elle fleurit, là, tout juste devant l’étrave de notre visage. Cela ruisselle comme les eaux au printemps. Cela éblouit comme cent mille soleils. Cela s’étale dans la douceur. Cela a la consistance d’un baume. C’est soudain, brusque, un crépitement, et tout à la fois une caresse, la douceur d’une joue tout contre la nôtre. Un étonnement que jouxte un ravissement.
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