Un grand manteau

Une minute de lecture

Un grand manteau de marne blanche, gravé de sillons, ourlé de nervures, se donne dans la pure évidence, sans doute était-il là de tous temps, prêt à se montrer à qui voudrait bien en recevoir l’obole. C’est pareil à une neige que nous aurions connue, enfant, dans une cour d’école, parmi les sillages d’autres enfants, tout occupés à l’émerveillement d’être. Cela coule de soi, cela fait son banc d’écume, sa lame éblouissante que reflète le gris du ciel, cette infinie médiation des choses et des êtres. C’est la mesure virginale du monde, sa pleine et onctueuse libéralité, sa floculation sur le cercle ébloui de l’âme. Cela s’irise de mille valeurs, cela pénètre le cristal de l’esprit, cela assemble les fragments polychromes de l’intelligence. On se sent ressourcé, au propre, c'est-à-dire que s’installe la sensation d’un courant maritime intérieur, d’une jeune et belle pliure océanique qui nous assemble là même où cela parle le beau langage de la poésie. Cela infuse dans la moindre parcelle du corps, cela constelle et anime le plus discret pore de la peau. Cela se dit avec la justesse géométrique des figures parfaites. Cela s’épelle avec les lettres cursives d’un alphabet antique tiré d’un parchemin armorié. Cela est exact en son éclosion continue, dans sa germination dont une plantera lèvera, peut-être un tournesol au cœur noir, aux pétales voués à l’éclatante vocation de tout ce qui croît et fleurit, donne à l’homme ses plus belles raisons d’espérer.

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