Cette fusion
Après avoir connu cette fusion interne, cette osmose de moi-même avec moi-même, comment pourrais-je témoigner d’autre chose que d’une confiance infinie envers ce qui est ? Comment, au plein de cette chair nacrée, un doute pourrait-il s’insinuer, une plainte planter son épine, une humeur chagrine lancer ses griffes en direction de qui je suis ? Oui, cette expérience est infiniment singulière. Elle me place face au monde sans intermédiaire. Mon regard sous le regard du monde. Le monde sous mon regard. Réversibilité des visions, confluence des consciences. Oui, le monde a une conscience pour la simple raison qu’il est le recueil d’une myriade de consciences. L’homme est toujours persuadé d’être l’unique parmi les uniques. Mais ceci n’est que le résultat d’une inflation anthropologique qui pose la condition humaine au sommet de la hiérarchie. Quiconque aura lu ces mots aura, me concernant, l’impression d’un Existant simplement occupé d’égotisme. Combien ils seront dans l’erreur. C’est bien parce que l’on s’est reconnu soi-même en tant que l’essence qui nous habite que l’on peut aller vers l’autre et, à notre tour, le reconnaître en tant que cette essence par nature différente mais complémentaire, immensément complémentaire. Il faut avoir fait l’expérience de la solitude pour donner et demander de l’amour. L’amour n’est que ceci, un mouvement de moi à l’autre, de moi au monde et réciproquement afin que le cycle, jamais, ne s’interrompe. C’est lorsqu’il cesse que les haines s’attisent, que les guerres s’allument.
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