Le voleur de lumière

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Une nuit, j'ai croisé un inconnu à l'angle de la rue du paradis.

J'y ai rencontré la noirceur du mal.

Il a pris mon âme, dérobé mon innocence, dévoré mon humanité.

Il a volé ma vie pour m'offrir l'éternité.

Il a échangé mes larmes sucrées contre la froideur de son regard; la lumière de mon soleil, la chaleur de ses rayons pour les ténèbres de la nuit.

J'oublierai les saveurs des mets que j'aimais tant, leurs épices, leurs senteurs ne m'évoqueront plus leur goût délicieux.

La lune et les étoiles seront mon unique soleil.

Condamnée à être éternellement mais ne menant qu'un semblant d'existence.

Froide comme la glace, dure comme la pierre, plus rapide que l'impossible.

Il est tout ce qu'il me reste à présent, je n'ai d'autres choix que de renoncer à ma vie passée, à tout ceux que j'ai un jour aimé; je suis un compagnon de la mort.

Il caresse mon cou de sa main de glace, il s'arrête à l'endroit où il a dévoré ce qu'il me restait de vie.

Il me sourit et murmure à mon oreille, de sa voix douce et ensorcelante, qu'il m'a fait le plus beau des cadeaux; je ne connaitrai ni la maladie ni la vieillesse.

Pourtant je ne sens plus les battements de mon cœur, je ne respire plus.

Quelle ironie.

Ainsi une nuit, nos chemins se sont croisés et je me suis éteinte;

Il a volé ma lumière.

De celle que nous portons tous en nous, cette lumière qui nous rend vivant.

Juste comme ça, parce qu'il en a éprouvé le désir, parce ce que personne n'aurait pu l'en empêcher, il m'a tué.

Peut-être s'ennuyait-il, le poids d'une solitude était-il devenu trop lourd à porter ou avait-il perçu le sentiment de désespoir qui me poursuivait.

J'aime à penser que rien ne se produit par hasard, que chaque événement arrive pour une raison, cela aide parfois à accepter l'inacceptable.

Pourtant ce soir, je ne trouve ni réponse, ni forme d'un destin héroïque caché.

Un grand vide se saisit de tout mon être.

Etrangement je ne ressens ni tristesse, ni colère, juste le regret de ne pas avoir assez vécu, apprécié, ce que j'avais, osé toutes les folies.

Je ne savais pas à quel point je voulais vivre jusqu'à ce que cela me devienne impossible.

L'on dit toujours qu'on ne se rend compte de la véritable valeur des choses une fois qu'on les a perdues.

La vie est précieuse.

Ma vie était précieuse.

Peut-être est-ce ma punition...

Après m'avoir fixé en silence et observé le moindre de mes gestes ou expressions depuis mon retour à la vie; si je puis dire... il avance sans faire de bruit puis s'engouffre dans une ruelle.

Il ne se retourne pas, il sait déjà que je m'apprête à le suivre.

Que pourrais-je faire d'autre à présent?

Comme suivant ses instructions, je le suis et m'engouffre à mon tour dans la ruelle.

Telle une ombre, je m'enfonce dans les profondeurs de la nuit, aux confins d'un monde caché.

 

 

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