Chapitre 13
Nous avons apprécié ces quelques heures de repos, de soin et de discussions. C’était une excellente manière de se préparer au combat final, et de dresser des plans. J’ai aussi profité de ce moment de calme pour étudier les différents objets que j’avais conservés. Mais cette fois-ci, en collaboration avec les gens autour de moi pour éviter toute mésaventure. D’ailleurs, ce cher Arsène avait lui aussi trouvé quelque chose dans les fontes du chevalier de la mort, donc nous allions éviter de rejouer la scène qui avait failli me coûter un bras et la vie.
En conclusion, nous avons un pendentif qui permet de prévenir son possesseur qu’un bateau volant arrive. Et c’est par le biais de son étrange pierre et de la découverte de ses capacités que nous en avons appris plus sur l’histoire du nain bricoleur qui était avec nos nouveaux compagnons. Son accent étrange s’expliquait du fait qu’il venait d’une cité mythique, celle d’où venaient ces fameux bateaux-balais ! Il était sur les traces de son frère, et nous avons eu donc la douloureuse mission de lui apprendre sa mort : c’était l’un des corps que nous avions découverts avec Yumi près de la maison qui avait explosé (et brûler mes longs cheveux par la même occasion). Le blason que nous lui avons décrit finissait de confirmer cela, et nous en étions vraiment attristés pour lui.
Le deuxième objet que j’avais en ma possession était un diadème à entrelacs serpentins. Or Arsène avait trouvé de son côté dans les fontes un médaillon similaire. J’ai vite fait le lien entre les deux et j’ai pu sentir le lien de communication qui existait. Mais soudain, alors que je m’apprêtais à le tester, j’ai été prise d’un doute violent. Je portais un bébé, certes depuis fort peu longtemps, mais est-ce que je ne le mettais pas en danger ? Et je ne pouvais même pas l’expliquer à mes compagnons, vu que je n’en avais pas informé le principal intéressé. Heureusement, le centaure m’ôta cette épine du pied en testant lui-même le diadème. Et en effet, ce dernier permettait de sentir la galaxie de serviteurs ophidiens, et même de leur donner des ordres. Mais s’il se focalisait sur une personne, cette dernière pouvait le « voir » aussi. Il ne fallait pas dévoiler la supercherie, aussi resta-t-il en mode « passif ». Il put espionner le temple du Roi-Zombie grâce à cela, ce qui nous donna une bonne idée de notre faiblesse face aux forces qui nous attendaient là-bas. Il observa également une petite troupe qui s’inquiétait de l’absence de leur reine et qui marchait vers le temple. Ainsi, ce n’était pas encore totalement officiel qu’elle avait été tuée.
J’ai alors pris un peu de temps pour parler à Nathanaël. Le pauvre… Il ne s’attendait pas à ce que notre amour puisse si vite avoir ce type de conséquence. Je souffrais un peu de sa réaction froide, mais la sorcière en moi ne pouvait que le comprendre. J’aurais pu me sermonner moi-même d’avoir eu autant de légèreté. Enfin, au moins, il savait.
Une fois que Nikolaï eut terminé ses observations, nous avons eu alors une idée. Pour nous avantager, il fallait trouver un moyen que les ophidiens sachent que leur reine était morte, et qu’ils se retournent contre le Roi-Zombie. L’idée était alors la suivante : j’empruntais le corps d’un vautour qui prendrait dans ses serres le diadème attaché à deux bombes d’Ichiro, puis j’irai voler vers le temple et les lâcherai à cet endroit pour que le bijou soit détruit. Ainsi, en tout cas nous l’espérions, les ophidiens seraient informés de sa disparition, et s’ils avaient un moyen de localiser le dernier emplacement du diadème, ils fonceraient sur le temple. Nous avions un timing serré pour faire coïncider cela avec l’arrivée de la troupe en chemin. Et surtout, nous espérions alors pouvoir trouver une entrée plus secrète et plus discrète, à l’arrière de la dune de sable, comme Arsène l’avait suggéré lorsqu’il avait vu le temple la première fois.
Pour pouvoir arriver dans les temps, et vu que mon corps était endormi pendant l’emprunt et que je ne pouvais donc pas voler en balais, le groupe fut divisé. Sen et Nathanaël restaient avec nos nouveaux amis, pendant que tous les autres courraient vers l’arrière du temple, en transportant mon corps.
Nous avons eu beaucoup de chance, encore une fois. L’effet de la destruction du diadème eut un impact explosif sur le médaillon qu’Arsène avait, ce qui signifiait que tous les ophidiens avaient clairement été informés de la chose. Je suis revenue à moi alors que nous étions en chemin. Puis, grâce aux talents de notre druide avec les petits rongeurs du désert, nous avons pu découvrir un vieux passage dans le sable. Après un peu d’efforts pour l’agrandir et que le centaure puisse passer, nous sommes donc entrés dans la nécropole. Il fallait en revanche laisser le razorback et la monture de Yumi à l’extérieur. Mais ainsi, ils marqueraient l’accès pour nos autres compagnons.
Nous avons alors commencé à explorer les lieux, salle après salle, escalier après escalier, couloir après couloir. Doucement, et le plus discrètement possible. Une première sorcière humaine fut neutralisée rapidement. Elle avait de belles bottes, mais de trop petits pieds, dommage. Ensuite, nous avons débouché sur une salle bien plus grande où se tenaient un magicien et un ogre. Nous avons réussi à venir à bout du géant un peu bête, même si Krorin eut le droit à de sacrées blessures. Mais hélas le magicien, sous une forme gazeuse insaisissable, put s’enfuir. Nous savions donc que l’alerte allait être donnée et que le temps pressait. Pour ma part, j’avais descendu les quelques marches qu’il y avait là, pour éviter que nous soyons pris à revers. Et bien m’en a pris, car deux autres ennemis se trouvaient là. J’ai pu tué le premier grâce à ma baguette d’éclair, et je lançais avec une autre baguette un golem de pierre qui s’élança à la poursuite du magicien de glace qui s’enfuyait lui aussi. Les pouvoirs magiques vont avec la couardise ? Je ne le notais mentalement.
Nous avons débouché sur une cuisine, la refermant d’abord pour poursuivre notre chemin. Or le couloir qui suivait était non seulement peu engageant avec ses gigantesques têtes de pierre à la bouche ouverte, mais surtout (après un rapide aller-retour d’Arsène pour voir ce qu’il y avait tout au bout), Belladone et Nikolaï nous alertèrent de l’arrivée d’un puissant sort. Le temps de tous nous mettre à l’abri, nous avons ensuite vu un magma se répandre sur toute la longueur du couloir. Nous avons donc rebroussé chemin, revenant à la cuisine, car le voleur avait repéré un escalier.
Et là, nous sommes tombés dans ce que nos ennemis avaient pensé comme un piège fatal. L’ogre tourne-broche était une illusion, mais à la place se matérialisa un efrit bien réel et dangereux. Nikolaï l’avait vu à travers le médaillon, et nous savions que c’était lui qui contrôlait les deux génies qui avaient la garde du fameux bâton. Et par l’escalier arrivèrent un nécromant et une puissante momie. Nous avons été d’une efficacité qui, là encore, me laissait penser que la chance était vraiment avec nous. Nikolaï transforma la momie en statue de bois (nous lui avons réglé son compte de concert bien plus tard, une fois le combat terminé). J’ai pour ma part lancé un deuxième golem face à l’efrit, alors qu’Arsène commença à sérieusement l’entamer, ainsi que notre maître nain. De l’autre côté, Belladone et Ichiro commençaient à s’occuper du nécromant. Au final, c’est Yumi qui acheva ce dernier, alors que l’efrit avait invoqué trois autres golems contre lesquels luttaient mes camarades. Mais mon propre golem put porter le coup fatal à l’efrit que j’avais aussi touché d’un éclair de ma baguette. Il y eut quelques momies venant se joindre à la fête, mais Belladone les renvoya d’où elles venaient en un tour de main grâce à sa magie.
Au moment où j’écris ces lignes, à la va-vite dans la cuisine alors que nous soignons nos blessures avant de repartir, nous sommes donc tous toujours vivants, et surtout nous avons récupéré les deux lampes magiques qui contrôlent les gardiens du bâton. Nous avons décidé de trouver la salle, et d’attendre le dernier moment pour détruire les deux objets afin de libérer leurs génies. Mais nous ne savions pas où était cette salle, et la destruction de la momie transformée en bois avait alerté le temple (si le magicien gazeux ne l’avait pas déjà fait), car ses propres invocations de momies avaient toutes été détruites. Nous entendions, au loin, les bruits d’un banquet. Nous étions donc conscients que le prochain combat risquait de se dérouler avec un nombre bien plus important d’ennemis.
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