Nous étions donc tous à bord du bateau volant, filant le train - ou presque, juste 9h de décalage - au bateau volant ennemi, emportant a priori les enfants enlevés. L'ambiance à bord était sans doute moins morose que ce à quoi je me serai attendue. Nous nous demandions, en revanche, comment éviter de tomber grossièrement dans ce qui ressemblait fort à un piège pour nous attirer à la Montagne du Dragon. Pour quelle raison - ou quelles raisons ? Nous ne pouvions que formuler des hypothèses. Pour ma part, entre les rêves étranges et ma têtologie, je trouvais important de mettre le marteau légendaire, à qui Grünlig appartenait (oui, oui, dans ce sens-là et non l'inverse), à l'abri de tout complotiste démoniaque ou olphite.

Un sacré grain commençait à secouer le bateau, l'inondant de pluie et le faisant par moment tanguer. Mais c'est surtout les cris qui nous ont alertés, alors que nous étions en train de prendre un en-cas dans la cambuse. Un combat se déroulait sur le pont ! Comme Melissandre et Grünlig prenait l'un des escaliers, je me précipitai vers celui qui permet d'accéder directement à la cabine de pilotage. Belladone était la seule d'entre nous à savoir contrôler cet engin, il fallait absolument lui prêter main forte si nous ne voulions pas aller nous écraser en plein Überwald. Des harpies par dizaines avaient envahi le pont et commençaient à descendre aux niveaux en-dessous. Même si je suis une sorcière, j'ai voulu commencer par faire du prix de gros et endormir, à la manière des mages, une poignée d'entre elles. Mais celle qui les gouverne semblait doter de pouvoirs dépassant les miens, puisqu'elle a tout bonnement annulé le sort que je venais de lancer. Ni une ni deux, j'ai donc utilisé la bonne vieille méthode qui m'a accordé tant de respect parmi les nains : ma faucille en os de dragon dans une main, ma poële Frappeuse de démon dans l'autre, et j'ai tapé. C'est moins élégant et distingué, c'est moins féminin ou sorcieresque, mais ça marche très bien. J'en ai occis trois ou quatre à moi toute seule. En parallèle, je causais à Arsène grâce à notre anneau de communication pour lui demander poliment et avec calme de se sortir les doigts de la bourse et de s'occuper en se magnant le train de cette foutue enfoirée de cheffe des harpies. Ha, oui, surtout parce qu'il volait lui aussi, vu qu'il peut chevaucher Croc-doigts maintenant. Une nouveauté plutôt pratique dans les circonstances actuelles. C'est d'ailleurs ainsi qu'ils sont venus à bout de l'osseuse saloperie. Moi j'ai fini d'éteindre l'incendie du pont avec une de mes bagues (je commence à vraiment aimer les joujoux magiques).

On a aussi eu des renforts. Ils étaient deux, voire trois si on compte le familier à plumes. Pour un coq, il a plutôt été efficace à ce que j'en crois les récits de mes camarades. Mais vu que ce poulet est celui de Mama Gogol, comme je l'ai appris plus tard, je ne suis pas surprise. Bref, nous avons fini par avoir le dessus sur la volatille chantante, sans trop de dégâts - ou rien de définitif, en tout cas. Nos deux nouveaux amis sont donc respectivement Abigaël, vampire de son état - et sans ruban noir, donc buveuse de sang - et Octavius, mage vaudou et petit-fils de Mama Gogol. Un huitième fils de huitième fille si j'ai bein compris, et qui se balade avec une broche en octefer au nez de tous. Lui était un peu plus mal en point, il a beaucoup donné de sa personne - et puis, après tout, c'est un mage donc c'est moins solide, ces petites natures, c'est bien connu. Bref, Vétérini avait promis de l'aide : il nous a envoyé la demi-sœur de sa fille, ce sera déjà ça de pris. Oui, parce que maintenant, on sait aussi qui est la mère de sa fille, à savoir Lady Margolotta, qui est une vampire - même si elle fait partie des fondateurs de la Ligue de Tempérance, les fameux Rubans Noirs. Déjà que je ne savais pas 72h plus tôt qu'il était père, hein, je ne suis plus à cela près.

Nous sommes donc tous descendus pour atterir au château d'Abigaël afin de nous reposer, de remettre le bateau en état et le booster, faire fabriquer une selle à dragon pour les fesses sensibles d'Arsène, et faire le point sur la situation. Clairement, nous allons faire deux groupes pour essayer d'autres approches.

Sur le bateau, il y aura bien sûr Belladone, vu qu'elle en est la pilote, mais aussi Krorin et Michelle qui ne vont pas quitter Melinda et le bébé, Octavius parce qu'il a promis à Abigaël de ramener sa sœur (en échange d'un truc qu'ils ont fait pour renvoyer les morts à leurs tombes un peu avant de nous rejoindre, même que Suzanne en personne est venue récupérer l'artefact qui avait causé tout ce bazar), et enfin Sen - après tout, c'est son bateau.

En Überwald et pour d'autres aventures, et peut-être à un moment à travers des mines naines dans des chariots filant vite, il y aura Grünlig et le marteau légendaire, Abigaël vu qu'on est chez elle, Melissandre vu que c'est l'espionne de Vétérini et qu'il a des romantiques accointances avec Überwald, et Arsène. En fait, ce dernier, Abigaël et moi (sur mon balai) sommes capables de voler. On pourra donc faire l'arrière-garde du bateau au besoin. On verra comment on gère le devin et l'espionne qui savent pas voler à ma connaissance.

Je n'aime pas laisser Melinda et le bébé. Mais je n'ai pas osé utiliser la fiole de sang divin sans études et préparatifs dignes de ce nom. Je ne voudrais pas agraver la situation au lieu de la réparer. C'est là que Mémé Ciredutemps me manque. Et que j'aimerai bien que Tiphaine Patraque soit avec nous.

Enfin, comme d'hab : c'est la merde et il n'y a que nous pour sauver le Disque-Monde.