Chapitre 17- Frères en périls

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HAYDEN

Snow Heaven

La situation vire au cauchemar. Que je passe à la caisse pour mon insolence est une chose. Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Mais Isaac, ne mérite pas de payer pour mes erreurs. Je ne peux l'accepter.

Je ne me le pardonnerais jamais. Comment pourrais-je rentrer chez moi, regarder Konur droit dans les yeux après l'avoir perdu ?

Étalé de tout mon long sur le sol détrempé, je me fais violence pour chercher à me redresser. Sans discontinuer, tout en poussant sur mes membres atrophiés, je réussis l'exploit de me remettre sur mes quatre pattes.

Lorsqu'Isaac apparaît en haut des escaliers, une colère sourde se réveille du plus profond de mes entrailles à un tel point que je vois rouge. Il ne devrait pas se trouver là. N'aurait jamais dû essayer de me chercher. Il a merdé !

— Hayden ! lâche t-il, la mine déconfite.

Je n'ose imaginer l'image que je dois lui offrir. Le poison qui parcourt mon organisme m'épuise d'une façon considérable. 

— Hayden, hein ? répète mon ennemi, fier d'avoir obtenu cette information, bien qu'il n'en fera rien.

Voir mon petit frère tenu en joute par cet homme consumé par la haine me fait vriller.

Telle une bête enragée, je me jette contre les barreaux de ma cage. Il n'y aura plus de paix possible entre nos deux communautés, je ne suis pas prêt d'effacer cette image de ma mémoire.

— Pourquoi bave-t-il comme ça ? Qu'avez-vous fait à mon frère ?

Aidé par son fusil, Ned le pousse à se diriger vers le mur ou d'imposantes chaînes rouillées l'attendent.

Il faut que je nous sorte de cet enfer au plus vite. Isaac ne tiendra pas.

Hurlant le prénom de leur père, Laurena et Lucas, affolés, s'empressent de nous rejoindre à la cave.

— Mais qu'est-ce que tu es en train de faire ? l'interroge son fils, de plus en plus dépassé par la situation.

— J'en ai attrapé un autre ! leur révèle-t-il. Vite, que l'un de vous vienne l'attacher !

Pendant des minutes qui me paraissent interminables, frère et sœur étudient Isaac. Avec ses cheveux châtains aux reflets dorés, coiffés en undercut et son visage angélique, on lui donnerait le Bon Dieu sans confession. On est très loin de la bête sanguinaire pour laquelle ces humains nous prennent.

Lucas se décide enfin à obéir à son père. Sans doute le fait-il pour se racheter auprès de son paternel après avoir eu de telles pensées morbides à son attention. Je le considère comme faible mais inconsciemment il me fait songer à Isaac qui tout comme lui, a toujours cherché  à obtenir les bonnes grâces de notre paternel.

Une fois encore, je me jette contre la serrure de la cage tout en déversant ma rage. Mon museau s'abîme à chacune de mes tentatives. Le sang souille mon masque gris. La petite sorcière dont la main est cramponnée à la rambarde n'a pas bougé d'un iota et préfère rester fixée sur ma totale impuissance. Je ne le supporte pas ! Mon alter ego non pus !

Menacée par le fusil de ce fou furieux que je me promets d'exécuter dès que l'opportunité me sera donnée, Isaac n'a pas d'autres choix que de laisser le métamorphe lui entraver les poignets. Tous les deux échangent alors un regard. Tandis que celui de Lucas est furtif, Isaac lui ne lâche pas des yeux.

— Et c'est nous que vous considérez comme des monstres ? crache-t-il à son attention, la voix déformée par l'émotion.

Sans répondre et après avoir reculé, le métamorphe laisse la voie libre à son père qui, entre temps, s'est saisi du flacon d'aconit .

— Bien ! On va voir si tu es aussi résistant ! Cela dit, mon petit doigt me dit que tu seras bien plus loquace que ton frère !

À cette révélation, les lèvres de Blanche-Neige quittent leur jonction. Là voilà qui nous observe à tour de rôle. Je l'imagine chercher des similitudes entre nous. Elle n'en trouvera que très peu. Hormis notre taille à peu près identique, nos yeux noisettes et notre teint naturellement doré, nous sommes différents. Les traits d'Isaac sont doux. Mon visage respire une certaine dureté.

De là où je me trouve, je perçois le rythme cardiaque de cette fille qui augmente. Je sais qu'il en est de même pour Isaac, lorsque ce dernier bascule son regard sur elle. Nous, les loups, avons certaines aptitudes, spéciales. Celle du prédateur capable d'entendre les battements du cœur de sa proie. C'est naturellement excitant !

— Mais c'est quoi ce bordel ! lâche mon frère, ayant sans doute reconnu Laurena. Mais dans quel merdier tu t'es foutu ! s'énerve-t-il en me fixant. Si on sort vivants d'ici, je jure que je vais te tuer de mes mains !

Il n'aurait pas la moindre chance, mais je ne suis pas contre lui offrir cet espoir.

— Commençons, si tu veux bien !

Usant d'ironie, notre ennemi jouit de sa position de force.

Lorsque je le regarde tremper la pointe d'une nouvelle flèche dans la fiole, je serre les dents. L'entraînement au combat que j'ai suivi m'a préparé à de nombreuses situations. Alors pourquoi cette fois ci tout me semble différent ?

— Vas-tu rester silencieux ? il s'adresse à moi. Il ne tiendra pas si longtemps, il est trop faible !

— Va te faire foutre, sale connard ! jure Isaac. Cela ne m'empêchera pas de te botter le cul !

À l'intérieur, je souris de la répartie de mon jeune frère. Il a beau ne pas faire partie des loups dominants, il n'en reste pas moins un fils d'Alpha. Et le constater me rend fier.

Ned, muni de son arme, s'approche d'Isaac pour poser sa flèche à quelques centimètres de son œil.

— Qu'est-ce que tu vas me faire, salopard ?

Isaac panique, ne tient plus en place alors que la pointe s'avance dangereusement de sa rétine.

— HAYDEN ! hurle-t-il.

Je suis arrivé au bout de ce que je suis capable d'endurer. Tant pis si l'on me considère comme faible, mais il s'agit de mon petit frère et ça change la donne.

Une vingtaine de secondes plus tard, ma transformation est achevée et à aucun moment je n'ai gémi de douleur lors de ma métamorphose.

— Ça suffit ! je m'écris.

Complètement nu, je me redresse de toute ma hauteur, voyant le visage de mon ennemi se décomposer lorsque mes traits lui sont enfin dévoilés.

— Nom de Dieu, je nage en plein cauchemar ! dit-il manquant de s'étouffer.

— Tu voulais que je prenne mon apparence humaine, c'est chose faite ! je vocifère. Tu as gagné !

La bouche de Ned s'ouvre de stupeur.

— Ta ressemblance avec Konur est frappante ! Tu ne peux être que son...

— Fils ? En effet ! Souhaites-tu toujours envoyer Bambi au casse-pipe ? je termine, un rictus accrocher à mes lèvres.

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