Chapitre 8.1: Unis-toi à moi avant qu'on ne disparaisse

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La douleur n’est pas un mal, au contraire. Elle vous apprend des choses. Je le comprends maintenant.” Charles Manson(1)

Personne ne parla cette nuit-là. Nous effectuâmes les tâches que Grégoire nous confia. Le hangar, privé de ses discussions animées, faisait office de prison, dont les détenus allaient et venaient à un pas régulier, les yeux baissés. A la pause cigarette de 21h, l’unique parole prononcée fut pour demander un briquet. Les gars avalaient et soufflaient la fumée, perdus dans leurs pensées, nostalgiques de l’époque où nous n'étions qu'un petit gang, pas une organisation criminelle qui traitaient avec les pires ordures du monde entier. Nous l’avions cherché. La soif de pouvoir de Grégoire, et notre propre manque de jugement nous avaient précipités dans un gouffre auquel nous ne pouvions pas échapper. L’étau se refermait, je paniquais, claustrophobe. Alex et Val étaient agités, leurs doigts tremblaient, ils parvenaient difficilement à fumer correctement. Que pouvais-je bien leur dire ? Incapable de trouver les mots, je demeurais stoïque jusqu’à mon départ, une heure plus tard. Sur le chemin du retour, le vent dans mes oreilles criait de mille et une voix.

Amina m’attendait, dissimulée sous le porche de mon immeuble. Préoccupé, je faillis la manquer. Je levai les yeux vers cette beauté, que j’étais incapable d’apprécier à sa juste valeur dans mon état.

 — Victor, tu vas bien ? Tu es très pâle, constata-t-elle.

 — Je n’ai pas mangé ce soir, j’étais ailleurs, répondis-je évasif.

Nous montâmes les escaliers en silence. Je n’eus pas besoin de m’expliquer, elle respectait mon besoin de me refermer. En passant la tête dans mon appartement, j’eus l’impression de pénétrer dans un territoire protégé, loin des horreurs de la nuit. Je pris une profonde inspiration, calmant mes tremblements. Sans prévenir, je pris Amina dans mes bras, son odeur apaisa mes nerfs à vif. Sans un mot, je l’entraînai dans la salle de bain. Elle me suivit sans objecter. Je n’étais pas certain de ce que je voulais non plus. Mon cerveau s’était débranché.

Une fois les pieds sur le carrelage, je retirai ma veste, mon tee-shirt et mon jean. Je la fixais pendant que son regard parcourait mon corps. La pudeur m’était inconnue et pourtant l’intensité de son inspection me mettait mal à l’aise. Je l'imaginais compter le nombre de cicatrices, de bleus qui se dessinaient sur ma peau livide. Elle se rapprocha, baladant ses mains sur mon torse avant d’enlever son épais pull blanc en laine. Il révéla un soutien-gorge en dentelle rouge. Elle prit ma main et les déposa sur sa poitrine. Fasciné, j’épousais la forme de ses seins moulée par ce petit bout de tissu du bout des doigts. J’avais l’impression de tout redécouvrir à nouveau. Je déposai ensuite un léger baiser dans son cou. Elle me sourit et défis la braguette de son pantalon. Son jean tomba, exposant un tanga accordé avec son soutien-gorge. Je la tenais dans mes bras, incapable de trouver les mots pour décrire une telle perfection. Je ne pouvais détacher mes yeux de ses formes généreuses. Je posai mes doigts sur son bras et remonta vers son cou en la caressant doucement. Puis, j’attirai son cou vers moi et l’embrassai sur le front. Il avait un gout salé. Était-ce dû aux larmes que je versais? Je la serrai dans mes bras. Elle me rendit mon étreinte.

Je me détachais à contrecoeur de son corps et enlevai mon caleçon. Comme je voulais éviter qu’elle s’aperçoive de l’effet qu’elle produisait sur moi, je filai dans la douche. Je fermai la vitre et fis couler l’eau. Je me tenais dos à elle. Il fallait qu’elle se sente libre de me rejoindre.

Je sentis un courant d’air froid au moment où la porte de la douche s’ouvrit. Ses mains enlacèrent ma taille, sa tête se posa sur ma nuque. Nous restâmes ainsi quelques minutes, savourant cette sensation. L’eau chaude nous réchauffait et emportait mes larmes. Je savais que je devais lui parler, il était hors de question que je passe mes nerfs dans le sexe comme j’avais tant l’habitude de le faire. Elle ne méritait pas ça. Je respirai profondément et rencontrai les émeraudes étincelantes de son regard. Je posais ma main sur sa joue. Des frissons parcoururent ma paume.

 — Amina, chuchotais-je, les lèvres si proches des siennes que je sentais son souffle.

 — Tais-toi, tu vas tout gâcher, dit-elle un sourire sur les lèvres.

Devant mon attitude, son regard se fit interrogateur, puis résigné. Elle leva les yeux au ciel.

 — Tu vas tout gâcher, affirma-t-elle, les mains sur les hanches.

Nue, les mains sur les hanches, elle me rendait fou. Si seulement elle prenait conscience de la force qu’il me fallait pour me contrôler.

 — Ce soir, j’ai réalisé que tu avais raison, lui expliquai-je en caressant son visage. Tu avais raison sur tout. Nous devons combattre Grégoire, nous enfuir, tous ensembles.

J’observai son visage intrigué et poursuivis :

 — Il a dépassé les bornes, il a trahi toutes nos valeurs…, continuai-je, ma voix se brisa. Il…a accepté un cadeau de la part de notre nouveau partenaire au Mexique, ce sont… des femmes. Ils les ont amenées en bateau, attachées, sûrement mortes de peur. J’aurai voulu les arrêter, je te le promets.

Ses yeux étaient remplis de larmes, aussi terrifiés que moi. Néanmoins, elle prit mon visage dans ses mains, me rassurant :

 — Tu n'aurais rien pu faire, mon amour. Si tu avais désobéi, ils t’auraient descendu. Et mort, tu n’aurais pas été très utile. Il faut le dénoncer, le faire tomber et trouver une échappatoire.

 — Comment allons-nous faire ? la questionnai-je.

 — Après le gala, je vais lui dire que je le quitte, que tout est fini, me répondit-elle. On ira retrouver la journaliste. Tu compléteras les blancs, les informations que je n’ai pas pu lui donner. On proposera aux autres de l’abandonner. Lucas, Alex et Val partiront c’est sûr mais les autres… Ensuite, avec l’argent que nous avons amassé, nous disparaîtrons. Pendant que la justice lui fera sa fête, on boira des cocktails sur une plage. Grégoire croupira seul en prison pour le restant de ses jours.

Après ce discours courageux, elle m’embrassa passionnément. Je voulais y croire à cette vie qui nous attendait, je voulais la vivre, avec elle. Nous sortîmes de la douche. Je la soulevais, ses jambes serraient mes hanches et la transportai jusqu’à mon lit. Je la déposai délicatement. Elle s’installa sous la couverture, les yeux malicieux. Elle me fixait, se mordant les lèvres. J’arrachai la couette et dévoilai son corps nu. Je m’allongeai sur elle, puis embrassai lentement chaque centimètre de sa peau jusqu’à ce qu’elle me supplie d’aller plus loin. Je remontai et plaquai un baiser fiévreux sur ses lèvres. Avant qu’elle puisse torturer ma bouche, je promenai ma langue le long de son bas-ventre. Lentement et en appuyant de plus en plus, je léchai son clitoris. Elle gémissait sous mes assauts. J’écartai ses cuisses, et la pénétrai avec ma langue. Le feu nous embrasait tous les deux. Je m’accrochai à ses formes pour aller plus loin. Ses mains se perdaient dans mes cheveux. Retirant ma langue, je la doigtai. Son corps voluptueux tremblait sous mes doigts. Je cherchai à la rendre folle. Son visage était déformé par le plaisir, elle m’excitait de plus en plus. Un cri lui échappa et avant que je puisse aller plus loin, elle me repoussa pour me chevaucher. Elle se frottait contre mon membre en érection. Le rythme s’accélérait, la patience se faisait torture. Amina prit mon membre douloureux dans sa bouche, me tourmentant de sa langue. C’était merveilleux. Je n’avais jamais rien ressenti de tel, chaque coup de langue m’électrisait. De toutes les femmes dont j’avais partagé le lit, elle était celle que je désirais le plus. Elle se redressa, radieuse.

 — Attend, murmurai-je, incapable d’aligner deux pensées cohérentes.

 — On parlera après Victor! réplica-elle pressée.

 — Je veux savoir ton prénom, ton vrai prénom.

Elle me sourit, attendrie, et se pencha vers moi.

 — Je m’appelle Marie.

Ce prénom si doux lui allait à ravir.

 — Nicolas, appelle moi Nicolas.

Son sourire s’élargit. Elle utilisa sa main et me fit entrer en elle, lentement. J’eus l’impression d’être submergé par un océan de sensations, s’accentuant à chacun de ses mouvements de bassin. Le plaisir se lisait sur tout son corps, augmentant le mien. Je m’assis et augmentai notre proximité. Je sentais les allers-retours de son bassin contre mon ventre. Je l'embrassais et murmurais son prénom à son oreille. Elle frissonnait de plaisir, criant le mien. Elle était tout ce que j’avais toujours désiré. Nous changeâmes de position. Je me retrouvai au-dessus, elle serra ses jambes autour de moi et m'invita à accélérer le rythme. Elle gémissait et je m’exctasai. J’allais de plus en plus loin, de plus en plus vite. Je sentis l’orgasme arriver, elle me serra contre elle. Je m’accrochai à son corps, refusant de lâcher. Je jouis et m’enfonçai encore plus profondément. Plus bel orgasme de toute ma vie.

 — Tu es… incroyable, parvins-je à prononcer.

En guise de réponse, elle me retourna, s’installant sur mon ventre et se frotta contre mon membre jusqu’à jouir. Je lui parlais, la doigtais pour accentuer son plaisir. Sa jouissance me remit d'aplomb. Toute fatigue disparut, je la pénétrai de nouveau.

Nos ébats continuèrent toute la nuit, je me fondai dans sa chaleur, dans son odeur. Je m'unis à Marie de toutes les façons possibles cette nuit-là. Insatiables, nous explorâmes le corps de l’autre dans de nombreuses positions. Nous ne nous sommes pas arrêtés à ma chambre, je baptisai la salle de bain, le salon, la table à manger. Elle me guidait, m’apprenant à lui faire plaisir. Je jouis plusieurs fois, Marie aussi. Au bout de plusieurs heures, vidés de toute énergie, nous nous sommes endormis, ma tête sur son torse. J’étais le plus heureux des hommes.

(1) Charles Manson, né en 1934 à Cincinnati aux Etats-Unis, est le fils d’une prostituée alcoolique et d’un général. Sa mère est envoyée en prison alors qu’il n’a que 5 ans. Confié alors à son oncle et sa tante, qui s’avèrent être des tueurs sadiques, il est enfermé plusieurs fois dès ses 14 ans. Il est diagnostiqué d’un traumatisme psychique. Entre vols, agressions sexuelles, et proxénétisme, Charles Manson reste derrière les barreaux jusqu’en 1967. Lors de son incarcération, il découvre la musique et les Beatles, mais ses rêves de carrière se brisent très vite. En sortant de prison, il fonde une communauté hippie dont il est le gourou. Se qualifiant de réincarnation du Christ, il utilise les chansons du groupe de rock pour annoncer une prophétie: les noirs domineront le monde et le détruiront. Afin d’accélérer la réalisation de celle-ci, il envoie ses disciples commettre des assassinats à Los Angeles, faisant accuser la communauté noire. Une fois ceci effectué, il se venge du producteur de musique qui n’avait voulu de lui, la femme de Roman Polanski, Sharon Tate, et ses amis seront abbatus aussi. La police commence à enfermer la “Famille Manson”. Leur procès sera le plus long et le plus coûteux de l’histoire des Etats-Unis. Charles Manson sera condammé à la peine de mort puis à la prison à vie en 1971. Il meurt de cause naturelle dans la prison de Bakersfield en Californie.

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