Chapitre 8

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D'un bond, je suis expulsée de ma chaise, sous le choc, je suis déboussolée, je me mets à faire des allers-retours dans ma chambre. Je m'écroule par terre, la main sur ma bouche pour parvenir à retenir les bruits qui pourraient s'en échapper, je me mords la main, le plus fort possible. Je n'ai pas réussi une seule fois à évacuer toute la haine que je ressens pour mon père alors j'en viens à me détruire moi tandis que ça devrait être l'inverse. 

Une trace de morsure, je laisse sur ma main, mon sang se mettant à couler abondamment, je déchire un bout de mon t-shirt et entoure ma blessure. Je ressens une explosion brûlante et douloureuse qui se propage dans tout mon corps, des picotements étranges comme si mon âme était prête à s'évaporer sous forme de milliers de morceaux, là maintenant.

J'ouvre la porte de ma chambre, reste figée dans l'encadrement, « C'est le moment » dis-je. Je marche en direction de la cuisine, il y a un tiroir qui n'est pas fonctionnel, ce tiroir est censé servir de " décoration " mais ce n'est pas la réelle raison. Ma mère a toujours eu peur que mon père puisse commettre l'irréparable donc elle a décidé lors de la construction de la maison d'y mettre un espace secret dont personne n'y serait au courant, elle a décidé d'y cacher une arme toujours chargée à portée de main.

 Durant mon adolescence, elle m'avait pris à part lorsque mon père partait de temps à autre pour faire des sorties dans les bars pour m'expliquer que cette cachette était pour nous deux. Elle était sous son emprise depuis si longtemps, je ne sais pas ce qui l'a retenue jusqu'à là, j'imagine que c'est moi où peut-être pas, je n'en sais rien.

Étant plus jeune, je ne comprenais pas pourquoi elle me disait ça, c'était mon père celui que j'aimais, mais durant mon adolescence, il commençait à perdre beaucoup d'intérêt à mon égard, puis il me regardait comme il regardait maman.
J'insère mon doigt dans l'ouverture, je pousse de toutes mes forces puis j'arrive à décoller le tiroir de son encadrement, puis me munis de l'arme.
« J'ai tué mon père, je l'ai fait. » 

Je suis assise à côté de son corps gisant par terre, un couteau à la main, mais j'attends un signal de ma mère, qu'elle me rassure et me dise que tout est fini, mais rien. Je regarde mes mains, elles sont remplies de sang, il perd énormément de sang, c'est impressionnant. Le sang coule sans s'arrêter pendant quatre minutes tout au plus, je fronce les sourcils, je le pousse pour essayer de voir pourquoi le sang ne coule pas où je l'ai poignardé et tiré dessus, je me mets à paniquer, je mets une main sur ma poitrine, mon cœur bat à tout rompre.

Je déchire son t-shirt, aucun sang ne sort de ces blessures, ou sont parti les coups de couteaux ? Le sang continue de couler, je me regarde, je me palpe, c'est mon sang, je saigne.
« Quoi comment est-ce possible ? » Dis-je. Une légère brise me caresse, je me retourne, désorientée, ma mère se tient, genoux au sol, devant moi, « Je suis désolé Lyly, tu as fait de ton mieux. » Des chaudes larmes se mettent à couler le long de mes joues. Je tremble, ma mère essuie mes larmes, m'embrasse le front « Il est l'heure de nous rejoindre Lyly. »

Mon père a gagné, je suis morte, il m'a tuée, il nous a tuées. Je suis la huitième femme à qui il a ôté la vie, c'est un rituel pour lui, il retourne en ville, trouve une future femme qui pourrait accepter de fonder une famille avec lui, il est si doux, si affectueux au départ. Ensuite, elle a deux options, soit elle tombe enceinte et elle sera à peu près épargnée ou elle ne peux pas tomber enceinte et fera partie de sa collection de CD.

Si elle tombe enceinte, elle devra mettre au monde des garçons si l'inverse ce produit elle sera tuée un jour ou l'autre, mais il faut qu'il planifie une mort inattendue et tordue. Toute sa vie ne sera que torture, malheur et suffocation, toutes ces femmes et enfants errent dans cette maison depuis des années en espérant pouvoir être libre un jour.
Un champ de cerisiers, j'ai les pieds nus dans l'herbe parfaitement tondue, des arbres roses qui s'étendent au fur et à mesure que je m'enfonce dans cette forêt si féerique. 

Des chants d'oiseaux se font entendre de tous les côtés, je m'enfonce un peu plus puis vois un grand lac scintillant au reflet de la lune, des femmes dans l'eau s'amusant et rigolant à tout-va. Je plonge mes pieds dans l'eau du lac, une odeur si agréable se fait sentir, fruitée et si douce, j'allonge le reste de mon corps dans l'herbe. Je les regarde s'épanouir, elles ont un teint éclatant, les joues roses et une coiffure parfaitement coiffé, j'inspire, je souris et je rigole avec elles, je ne me suis jamais sentie aussi bien, toutes ces femmes et ma mère sont libre maintenant, tout comme moi.

Fin.

Lyly n'a pas survécu, mais s'est battue pour pouvoir avoir une vie plaisante avec sa mère, son père a tué sa mère de la même manière. Lyly a été dans le déni pendant un moment, car sa mère était la seule chose qui pouvait la faire tenir assez longtemps pour lui permettre de se confronter à lui, son cerveau l'imaginait dans des situations étranges, elle y a cru désespérément. Même si elle n'a pas survécu, elle peut désormais être enfin paisible aux côtés de sa mère.

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