À nouveau confinée en novembre 2020, je ressentais le besoin de m’isoler dans un endroit désert où personne ne pouvait me trouver, certainement aussi pour braver l’interdiction de dépasser une heure de sortie. Me promenant dans le bois, plusieurs miradors de chasseur attiraient mon attention. J’en choisi un. J’avais amené un plaid et je pouvais ainsi m’asseoir et lire « L’anniversaire de la salade » de Machi Tawara. Les tankas ont cette particularité de se déguster lentement et de pouvoir arrêter régulièrement la lecture. C’est ainsi que je pouvais entendre le vent dans les feuilles, voir passer au loin un faisan, regarder le soleil entre les mailles du filet de camouflage. Tous ces petits bonheurs auxquels nous ne prêtons plus attention dans nos vies mouvementées. Retrouver un regard puéril. Certains, préférant les espaces urbains, trouveront mes propos ridicules, hors du temps. S’émerveiller d'un tout petit rien, être dans un état de sérénitude. À l’abri des regards, je jouissais d’un endroit privilégié où même les vététistes et le cultivateur dans son tracteur ne pouvaient me voir. En communion avec la nature, je ne voyais pas le temps passer. Prévoyante, j’avais emporté avec moi une gomme et un crayon à papier. Je pouvais ainsi rejoindre mon domicile sans être inquiétée.

Notre liberté retrouvée, tout au moins pour ce qui est de la limitation des distances, cet état n’est maintenant plus accessible. C’est un des aspects positifs que je conserve du confinement. Et je crois que chacun de nous pourrait raconter au moins un événement positif à ce sujet.

Je me suis bien sûr écartée du sujet du défi mais je souhaitais vous faire partager ce moment de plénitude. Car dans chaque période, il y a du bon.