Un pigeon décoré
Le Mont Valérien, sur les territoires des communes de Suresnes, Nanterre et Rueil-Malmaison, possède un fort militaire construit au XVIIIe siècle et qui en 1880 devient le berceau de l'Arme des transmissions. On y trouve également le dernier colombier d’Europe.
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Un vestige d’une autre époque, qui défie le temps machine et qui vit au rythme biologique de ses pensionnaires : les pigeons voyageurs. Les Egyptien les utilisent dès l’Antiquité ainsi que les Grecs et les Romains.
Durant la Guerre de 1870, le pigeon voyageur prend un rôle majeur dans le conflit franco-prussien. La microphotographie (ancêtre du microfilm) amplifie l’efficience d’un trajet et 2000 à 3000 messages se logent sur les pattes d'une seul volatile. Lors de la Première guerre mondiale, ayant fait école, les Armées utilisent plus de 30 000 d'entre eux et certains deviennent de véritables héros. Au cours de la Seconde, les anglais parachutent 16 500 spécimens au-dessus de la France. Ils permettent aux résistants de renseigner Londres.
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L'arrivée des nouvelles technologies de transmission de messages à la fin des années soixante sonnent le glas des pigeons voyageurs militaires.
Cependant des militaires plaident leur cause auprès du général de Gaulle et ils obtiennent le maintien d'un colombier de tradition. D'abord installé à Saint-Germain-en-Laye, puis transféré en 1998 à la forteresse du Mont-Valérien, il devient au passage un musée dédié à l’histoire de la colombophilie. Aujourd'hui sur les hauteurs du cette colline historique et ses 26 hectares de prairies, 145 pigeons, répartis dans 6 familles, perpétuent l'héritage de messager des airs, à l'écart de la pollution et des épidémies.
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Pour l'anecdote certains pigeons reçurent des décorations comme de véritables soldats lors des grands conflits. Le célèbre « Vaillant » (matricule 787-15), dernier messager du fort de Vaux, lâché le 4 juin 1916 à 11 h 30 apporta à Verdun un ultime écrit du commandant Raynal.
Cité à l'ordre de la Nation, un fac-similé de cette distinction est conservé au colombier militaire du Mont-Valérien pour avoir transporté au travers des fumées toxiques et des tirs ennemis ce terrible courrier suivant :
« Nous tenons toujours, mais nous subissons une attaque par les gaz et les fumées très dangereuses. Il y a urgence à nous dégager. Faites-nous donner de suite toute communication optique par Souville, qui ne répond pas à nos appels. C'est mon dernier pigeon. Signé : Raynal. »
Gravement intoxiqué par les gaz de combat, le pigeon arriva déjà tiède au colombier de la citadelle de Verdun. Mais il permit à l'unité prise sous le feu d'être épargnée grâce à des tirs de contre-batteries. Sa dépouille est conservée au musée colombophile militaire.
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Pour ceux qui ne verrait rien d'autres que de banals volatiles qui viennent, tels des voleurs, farfouiller dans les cageots ou sur les étals des marchés des villes, voici quelques informations fort utiles.
Le pigeon se guide sur le champ magnétique de la Terre, son bec lui servant de boussole.
Capable de voler de 50 à 120 km/h, selon que le vent s'oppose à lui ou le pousse.
Un record répertorie un vol incroyable de 11 590 kms en 24 jours seulement, entre Saigon et la France.
Il n’effectue qu’un seul trajet, celui pour retourner à son colombier d'origine, ce qui oblige l’homme à se déplacer avec le pigeon vers le lieu de départ du message. Et même un sucre ne pourrait l'attirer.
Il peut transporter un message de 400 g maximum.
Les Transmissions organisent, lors de leur fête de tradition, des lâchers. Le colombier du Mont Valérien reçoit environ 8 000 visiteurs par an, provenant essentiellement de centres scolaires et d'associations.
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Sources : Wiki et Ministère de la Défense
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