L'aube est proche

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L’aube est proche et les premiers bruits viennent du village. Quelques barques de pêcheur troublent l’onde. J’entends les coups réguliers de leurs moteurs frapper l’eau puis s’éloigner vers l’horizon. Je me suis approché du lieu de votre disparition, le cœur tremblant, les mains moites. J’ai ramassé l’écume de vos vêtements. Votre odeur y est encore inscrite, un délicat lilas dont les volutes entourent mes doigts. Voici ce qui me reste : une fragrance légère, une robe de lin, une mélancolie qui tourne tout autour de moi dont j’aurai bien du mal à venir à bout. Je vais devant votre maison, j’en connais l’emplacement pour vous avoir vue sortir avant que vous n’ayez rejoint le rivage. C’est une maison en angle. Son coin de mur ressemble à une étrave de bateau. Pour quel voyage, je vous le demande, la Fiancée du Ciel, la Passante des nuages ? Vos volets sont peints en vert bouteille. Ils ont des fentes ménagées en leur partie supérieure, dans le genre des persiennes. Ils ne sont pas fermés, tirés seulement. Sur le rebord de pierre, je dépose avec délicatesse ce qui a recueilli votre chair. Je ne peux m’empêcher de déposer sur la toile de lin un baiser des plus pieux, mais aussi, sans doute, des plus passionnés qu’il m’ait été donner d’offrir. Je pars rejoindre ma Pension du ‘Bout du monde’, non sans avoir pris soin de photographier votre demeure sous tous ses angles. Les regardant, tous ces clichés volés, j’espère qu’ils m’apporteront un peu de réconfort. Savez-vous, Princesse de la Nuit, rien n’est plus douloureux pour un amant que de voir, tel Orphée, son Eurydice disparaître pour le sombre et cruel Tartare. Oui, je crois bien que c’est ceci que j’ai vécu, dont l’état de déshérence m’habite longuement. Je ne sais, Être de la Nuit, si vous consentirez à revenir sur la Terre. Si vous revenez, voici mon adresse, 108 Quai aux Fleurs, Paris 4°. Peut-être m’écrirez-vous ? Peut-être pourrais-je vous rejoindre sur cette belle terre de Sardaigne. On la dit livrée à mille sortilèges, on la dit terre de contes et de légendes. Dites-moi, rassurez-moi, vous n’êtes pas seulement un pur produit de mon imaginaire ? Il me serait si cruel de vous perdre définitivement !

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