Au pays de Lilou.

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Maman vient de partir travailler, alors moi, je reste à la maison avec papy.
C'est tous les soirs comme ça, parce que je n'ai pas de papa et que mon grand-pa vit avec nous, pour soulager maman qu'il dit.

La nuit vient de tomber, c'est l'heure d'aller me coucher, mais je ne veux pas. Papy dit que les petites filles de six ans doivent faire dodo dès que le soleil se couche. Mais moi, je n'ai pas envie, parce qu'une fois dans ma chambre, je suis toute seule. Une fois la lumière éteinte, les ombres se mettent à bouger et ça me fait peur. Le moindre bruit me fait sursauter. J'ai envie de pleurer.

Pour ne pas être seule, je ferme les yeux très fort et je pense à mon pays magique, avec de gros nuages en barbapapa et des arbres en nougat. Mais surtout, il y a plein de petits lapins en chocolat et aussi des oursons en guimauve. J'aime bien danser avec eux. Je souris dans mon lit, en jouant avec mes amis imaginaires.

C'est à ce moment-là que je sens son souffle chaud dans mes cheveux alors je serre encore plus fort les yeux. Mon sourire disparaît. Je suis seule, toute seule sans vraiment l'être. J'ai peur, je sais que ça va me faire mal, mais il n'y a personne pour m'aider, me protéger, me soulager. Alors je cours, je cours très vite dans ma tête avec mes camarades imaginaires. La douleur se propage dans mon ventre, mais je ne crie pas, je ne crie plus. Ça ne sert à rien, ça dure encore plus longtemps après. Je pars, m'évade dans un monde de lumière et de joie.

Le soleil brille dans mon pays magique. Une rivière de grenadine traverse la grande prairie où des fleurs en bonbon poussent partout. Je chante, oui, je chante avec mes amis gourmands.
Ici, personne ne me trouve bizarre, pas comme à l'école. Je n'ai pas d'amis parce qu'ils disent tous que je suis étrange, parce que je ne parle pas. Ça fait un an que je n'ai rien dit. La dernière fois que je l'ai fait, maman a pleuré et elle m'a crié dessus. Elle m'a dit que j'étais une vilaine petite menteuse, qu'elle ne voulait plus me voir ni m'entendre pour le moment. Depuis, elle ne me fait même plus de câlins. Alors je me tais, peut-être qu'un jour, comme ça, elle reviendra vers moi, qu'elle m'aimera de nouveau.

Le poids sur mon corps disparaît enfin. Je me roule en boule, sans jamais ouvrir les yeux. De nouveau seule dans ma chambre, je pleure, en silence. Je déteste quand la nuit tombe. Je me sens abandonnée. Un jour, je partirai pour de bon dans mon pays magique, sans plus jamais revenir à la réalité, et plus personne ne pourra me faire de mal.
J'espère que ce jour arrivera très vite parce que je ne supporte plus cette solitude dans laquelle je suis enfermée, depuis que papy est venu vivre avec nous.

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