3. La mairie
Hortense est belle, Patrice doit en convenir. La robe de mariée cintre sa taille fine. La mousseline blanche fait ressortir ses grands yeux bleus. Quand il plonge dans son regard, Patrice a l’impression de se noyer dans un lac froid de Norvège (c’est ainsi qu’il imagine les lacs là-bas, glacés). Il aime Hortense, c’est certain, mais ne veut plus l’épouser.
La mairie de la petite bourgade, bordée par deux vertes collines, a un air propret avec sa façade immaculée et son blason ornant la vaste entrée.
Hortense, tout sourire, s’approche d’un pas léger vers son fiancé. Elle tient à la main un bouquet de myosotis qu’elle lancera quelques heures plus tard, telle une promesse, aux femmes célibataires, rêvant elles aussi d’un mariage en blanc. Patrice pose ses lèvres sur celles d’Hortense qui s’écarte en riant.
- Attention à mon maquillage!
Le couple pénètre dans le bâtiment, suivi par la foule d’invités, tels un roi et une reine précédant sa cour. Docilement, tout le monde s’assoit. Quelques personnes restent néanmoins debout au fond de la salle où pend un lustre brillant de fausses pierres. Les fenêtres ouvertes laissent passer un air frais que Patrice, le front et le cou moites, apprécie. Au loin, les cigales chantent.
Le maire, un homme tout en rondeur et jovialité, déclame l’éternel discours, comme un acteur de théâtre. Hortense prononce son oui d’une voix claire et douce ; Patrice dit non dans sa tête et oui devant tout le monde. Les invités applaudissent chaleureusement. Hortense offre ses lèvres à son époux qui sent une goutte de sueur glisser le long de son dos.
Le maire récite un tonitruant :
- Je vous déclare mari et femme.
Patrice a envie de vomir.
(à suivre)
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