La malédiction des joyaux, tome 4 : La concubine (prologue)
À des milliers de kilomètres sous la surface, un point chaud entraîna une baisse de la densité locale de la roche. Inexorablement repoussée vers le haut, une bulle de magma entama son ascension vers la croûte planétaire. Le mouvement était lent, très lent, guère plus de quelques centimètres par ans. Mais il n’y avait aucune urgence. Cela prendrait une éternité, mais tôt ou tard, un volcan entrerait en éruption.
Quelques millions d’années plus tard, une jeune femme regardait tristement une petite chambre. Deirane n’aurait jamais cru qu’elle éprouverait tant de nostalgie à quitter cet endroit dans l’aile des novices. Et pourtant… Elle y avait vécu beaucoup d’aventures. Dursun, Elya, Naim, Nëjya, c’est dans cette chambre que leur complicité s’était forgée. Et c’était sans compter les absentes, Gyvana et Dovaren. Eh bien que son nouveau coin soit bien plus confortable, elle y serait seule. Ses amies ne la suivraient pas. Le harem n’était pas un endroit cloisonné, elle pourrait toujours les retrouver et passer la nuit avec elles, ou inversement. Mais ce n’était pas comme simplement traverser le couloir pour les rejoindre. Loumäi l’accompagnait. Cependant, Loumäi n’était pas vraiment une amie, même si Deirane tenait beaucoup à elle. La petite Salirianer était une sorte de groupie, une adoratrice. Voilà le terme, une adoratrice.
Elle se passa une main sur le ventre, pour caresser la bosse qui commençait à devenir visible. Elle était la première femme du harem à tomber enceinte. Il n’était pas étonnant que Brun se soit mis à la couver, pire qu’une poule avec ses poussins. Qu’elle donne naissance à un garçon ou à une fille, cet enfant sera l’héritier du trône.
Beaucoup de concubines se contenteraient d’une telle chance. Mais pas Deirane. Elle ne pouvait pas oublier que ces hommes qui avaient de grands projets pour son enfant, avant même de connaître son sexe, l’avaient d’abord arrachée à sa famille, tué son fiancé, son premier fils et sa meilleure amie quand elle avait tenté de la secourir. Ils avaient aussi poussé au suicide une autre amie et fait de deux fillettes des orphelines. Elle ne pourrait jamais leur pardonner leurs crimes.
Elle ne savait pas encore comment elle allait se venger. Mais elle trouverait.
Et pendant ce temps, dans un profond sous-sol, une entité veillait. Elle n’était pas pressée. Elle attendait depuis si longtemps que la bonne personne apparaisse. Mais quelque chose venait de changer. Son heure n’allait plus tarder.
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