La rencontre

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Roland tournait en rond, attendant patiemment que son fidèle compagnon nettoie sa plaie. Quelque chose l’intriguait, mais comment lui faire comprendre ses pensées. Il s’approcha d’Oscar et lui parla distinctement.

- Oscar, il va falloir que tu m’aides sur ce sujet. Il faut faire comprendre à Edvrid que ce n’est pas un des nôtre qui a pris la sacoche et mon épée, car sinon, il aurait enterré mon corps. Le seul qui doit être en possession de mes affaires c’est uniquement Sieber ou un des siens.

L’étalon secouait sa crinière, émettant des souffles à travers ses naseaux. L’enjeu devenait compliqué et la seule solution était d’envoyer Edvrid au château d’Arkama. M ais cette idée était inconcevable, il allait être abattu avant même d’atteindre les murailles. Roland jeta un œil sur le flanc de la montagne bleue, les légendes se mélangeaient dans son esprit. Mais celles-ci ne l’avaient-elles pas déçue, puisqu’il n’avait trouvé que la mort en son sein. Il chercha encore un instant, puis regarda la forêt maudite. Si le seul espoir résignait quelque part, probablement que les esprits maléfiques pourraient l’y aider.

- Bien, Oscar tu vas me suivre jusque dans la forêt maudite, il faut conduire Edvrid là bas.

L’étalon ouvrit grand les yeux, exprima son désaccords et se cabra tout en hennissant nerveusement.

- Qu’as-tu encore ? demanda Edvrid en essayant vainement de le calmer. Tout doux, là, aller vient avec moi, nous rentrons !

Edvrid saisit les mors et le tira pour reprendre le chemin de la citadelle. Roland s’opposa à plusieurs reprises, ordonnant à son étalon de le suivre. Il n’y avait plus rien à faire, son destrier ne l’écoutait plus. Et c’est la mort dans l’âme qui les regardait s’éloigner. De toute façon, même s’il regagnait la citadelle, personne ne pouvait l’entendre.

Roland partit de son côté, et après plusieurs heures de marche, il se retrouva devant l’épaisse forêt des damnés. Cette grande et vaste forêt très dense que tout le monde craignait. Il soupira puis avança droit devant lui. S’il y avait un espoir, probablement qu’il pouvait le trouver ici. Il marcha longuement, traversant les haies tranchantes. Il ne sentait rien, pas une égratignure et cela l’intriguait tout de même. Il continua encore, sautant au dessus d’une large rivière tumultueuse. Il croisa ici et là des animaux sauvages qui s’enfuirent sur son passage. Finalement, il n’y avait qu’eux qui pouvaient le voir. Et c’est alors qu’il déboucha dans une clairière, aperçu un vieillard assit au bord d’un maigre feu. Il s’avança, lentement, afin de le détailler. Celui-ci portait des vêtements amples, en lin grossièrement tissé, une barbe qui lui retombait sur les cuisses et des sourcils foisonnants. Il triturait les braises à l’aide d’une longue tige en métal. Roland s’approcha et s’arrêta à quelques pas devant lui, intrigué par la présence d’un vieil homme dans ce bois maudit.

- Approche Roland, et raconte-moi ce que tu fais par là ! dit-il d’une voix très grave.

- Vous… Vous pouvez me voir ?

- Bien entendu, je te vois et je t’entends très bien, que crois-tu ? Aller, viens t’asseoir et raconte-moi ce que tu cherches ici dans ce bois maudit !

Un peu interloqué que cet homme puisse le voir et l’entendre, il prit place auprès du feu, se demandant comment cet homme pouvait savoir qui il était.

- Cette légende, répondit-il nerveusement, celle de la montagne bleue n’est que pur fantaisie, et je crois que celle de cette forêt en est également !

- Que tu crois ? N’es-tu pas allé dans cette montagne pour échapper à tes ennemis ?

- Si, bien entendu que oui ! Mais tout ce que j’ai pu y trouver c’est la mort ! Qui êtes-vous ? Comment pouvez-vous me voir ?

- Je suis Phillias, grand mage des terres. La montagne bleue a répondu à ta demande, voilà tout. Elle a fait de toi une personne qui ne connaîtra plus la souffrance, elle a fait de toi le plus puissant de tous les guerriers…

- Baliverne ! coupa Roland. Comment pourrais-je me battre puisque je ne peux parler, ni toucher qui que ce soit ?

Le mage fit un large sourire, remua encore une fois les braises et le fixa droit dans les yeux.

- De part le fait que personne ne puisse te voir, Roland, et du fait que tu puisses te déplacer où bon te semble fait de toi le plus redouté.

- Est-ce les hommes de Sieber qui ont pris les parchemins ? questionna le chevalier, sans prendre attention à ce qu’il lui disait.

- Sieber en personne, oui !

Roland se leva puis fit quelques pas, cherchant comment pouvoir récupérer ces précieuses lettres.

- Il les a sûrement donnés à Arkama… souffla-t-il. Tout est fini, j’ai échoué et ce qu’il va advenir…

- Rien n’est fini, Roland.

- Et comment faire ? hurla-t-il. Me rendre dans ces murailles et demander poliment à Arkama de me les rendre ?

- Roland…

- Et quoi ? Seul les chiens de Sieber pourraient me voir…

Roland se mit à rire, les yeux levés au ciel, imaginant déjà la scène.

- Exactement, Roland. Les chiens de Sieber peuvent te voir, et cela sera ta force.

- Stupidité ! Cela se voit que vous ne les avez jamais croisés. Ces chiens sont des monstres, ils dévorent tout ce qui se présente devant eux. Les bicéphales du diable !

- Sers-t’en ! Ils seront, sans nul doute, curieux de ta présence.

- Non, je n’approcherai pas de ces bêtes assoiffées de sang. Mais, vous, vous pourriez me suivre et parler en mon nom.

Phillias se leva et commença à partir, mais Roland le suivit de près, réclamant son aide. Ils s’engouffrèrent encore plus profondément dans cette épaisse forêt, où peu de rayon de soleil arrivaient à traverser. Soudain, Roland s’arrêta et regarda autour de lui, les oiseaux s’étaient figés, sur une branche, un écureuil avait stoppé sa course la patte levée pour décrocher une noix. Phillias se tenait droit devant un gouffre, récitant des incantations étranges. Ne craignant plus rien, Roland s’approcha pour voir de plus près ce qu’il faisait. Phillias se retourna et le fixa, ses yeux étaient d’un rouge très vif et, soudain, le chevalier se sentit aspirer. Il chuta, ne pouvant se rattraper sur les parois du gouffre, durant de longues et interminables minutes avant de pouvoir se redresser. Là, devant lui, le mage se tenait devant lui, un sourire à peine perceptible.

- Où sommes-nous ? questionna Roland, tout en regardant autour de lui.

- Dans les entrailles de la terre, Roland. Viens, suis-moi, nous devons nous rendre dans tes terres avant que Sieber n’y parvienne.

- Quoi ? Je ne comprends pas, expliques-toi ! hurla-t-il.

Le mage s’arrêta puis se retourna face à lui. Il remonta sa capuche, et lui fit signe de le suivre, mais Roland voulait des explications claires.

- Les messages, les as-tu lus ? demanda-t-il.

- Non, je n’en ai aucun droit et vas-tu me dire ce que tu as derrière la tête ?

Phillias l’invita à le suivre, encore une fois. Voyant qu’il n’aurait aucune réponse sincère, Roland se mit en marche.

- Il faut que nous arrivions avant Sieber à la grande citadelle. Voilà tout ! Et quand à la réponse de tes souhaits, la montagne bleue n’a fait que les appliquer. Elle a donc donné ces parchemins à qui il fallait. Cependant, Roland, je crains que tu ne sois pas dans le bon camp ! finit-il par répondre en riant.

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