Chapitre 1

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Part 1

Chapitre 1

Le Cœur d’Artiste

Je ne me souviens point de comment cela a débuté! Mais je présume que j’étais simplement un jeune empli de rêve, de passion et bien entendu; de médiocrité. Si j’avais eu ne serais qu’un centime de l’expertise que je voudrais que les gens m’accordent. Alors peut-être, n’aurais-je point sombré sur un chemin aussi caillouteux, enjoncer dans mes regrets qui, chaque jour, s’étale plus lourdement sur ma conscience déjà bien vacillante. Mais du passé, il ne reste qu’un lointain souvenir dégarni par le ressentiment. Constamment, à ruminer sur mes dépits ne changera absolument rien aux tourments qui, m’acculent, de plus en plus dans la terreur de se qui est advenu, de se qui arrive et de ce qui adviendra ; à nos pauvres âmes perdues.

Quand j’y repense, j’ai toujours eu une ardente et profonde fascination pour l’opéra. Des artistes qui pratiquent de leurs disciplines dans une effervescente passion sacrée. Un esprit de corps au sein d’un orchestre animé par l’émotion et le cœur. Tous les musiciens le savent, composer sans amour pour son art est d’une impossibilité puérile. Le temps sacrifié à l’acquisition de la technique, de la maitrise et de la précision nécessite un quasi insurmontable acharnement pour le commun des mortels. J’ai souvent cru que j’avais les qualités requises pour atteindre les sommets enneigés de la gloire. Me tenir au côté de grands noms qui transcendent les âges. De la même manière que Mozart, Wagner, Verdi et tant d’autres. Me réputer fier parmi mes pairs, traversant l’histoire comme une étoile qui scintille pour l’éternité dans les annales de l’humanité. Cependant, je devrais plutôt dire, malheureusement, il me manquait quelque chose qui ne s’acquiert point par la pratique et les longues nuits d’insomnies. Une horrible réalité qui malgré la plus grande persévérance du monde ne surmontera jamais la barrière infinie de l’incompréhension du pourquoi, j’étais incapable de réussir là, où je sentais qu’était ma juste place. Cette chose, cette abominable et méprisante iniquité était le simple fait que j’étais, et resterais, à jamais… Sans talent. Mais cela, on ne peut que le découvrir après nombres d’échecs et de regrets. Comme c’est drôle de pourchasser ses rêves, et qu’en fin de compte, tout ce qu’on vous dit pour vos efforts titanesques se résume à, simpliste, sans saveur, du déjà vus ; mais le pire, c’est quand on vous répond, meilleure chance la prochaine fois. Comme si étaler toutes mes tripes et mon sang dans une œuvre pouvait être répété à l’infinie sans gruger à même ma santé mentale. Nombreux sont les génies qui devinrent fous poursuivant sans cesse la conquête du divin dans l’espoir de le rapporter à l’homme. Tant de longues nuits à pleurer mon incapacité à atteindre mes rêves tout en maudissant ma pathétique circonstance et tous ceux qui ne croyaient point en moi. Un soir, noyant mon amertume face à un centième refus sous le regard railleur de notre chef d’orchestre. Je naviguais à présent sur le cœur noir de Montréal, me déplaçant sur les sombres boulevards sinueux tout en entendant les milliers d’échos de voix de soulards, bambocheurs et étudiants tapageurs grouillants dans notre ville qui ne dort jamais vraiment. Seules les sirènes de polices brisaient le vacarme des festivités. Mon cœur, lui, n’était pas à la fête. Il rêvait simplement de l’oubli.

Marchant sans trop savoir où j’allais, encombrer par le brouillard de l’alcool mélangé à la douceur de ma belle Marijuane. Je poursuivais à l’aveugle partiellement incommodé par la lutte interne qui me suppliait d’enfin abandonner et de passer à autre chose. J’aurais pu continuer à errer pendant encore bien longtemps, mais un sentiment d’étrangeté me gagna. Au loin, je n’entendais plus le tapage incessant des gueulards nocturnes et seul le silence accompagnait l’atmosphère glacée qui m’entourait en cet instant. Confus, je décidai malgré tout de continuer à avancer. La réalité est qu’il est quasi impossible de se perdre à l’intérieur de Montréal. La cité est faite de la même manière qu’un quadrillé, mais j’admets qu’avec les rénovations qui semble interminables depuis une dizaine d’années, qu’elle peut parfois prendre l’allure ingrate d’une toile d’araignée géante. Toutefois, à ma grande surprise, plus j’avançais, plus l’architecture changeait. Les allées devenaient de plus en plus petites rendant le transport en véhicule quasi impossible. De longs plants grisâtres de chèvrefeuille mourant recouvraient les demeures et boutiques coloniales à l’apparence insalubre. Derrière ce feuillage singulier, ces nombreux magasins vendant outillage et marchandise que je ne reconnusse point de nom ou d’utilité, étaient engoncés au centre de notre ville comme un secret jalousement gardé par les rats qui, a premièrement vu, était maitres en ces lieux perdus. Je savais que je n’avais pas quitté Montréal puisqu’au-dessus des bâtiments j’apercevais toujours les gratte-ciels hideux marquant l’emplacement du centre-ville populeux. Le froid inquiétant et un début de gueule de bois bien carabiné me convainquirent presque de rebrousser chemin. Pourtant, ma curiosité, elle, m’insistait à rester jusqu’au bout. Ou du moins, jusqu’à la fin de cette sombre ruelle endormie.

Dans ma poursuite d’un mystère, j’entendis résonner à mes oreilles la musique d’un chœur symphonique d’autre monde. Jamais au courant de ma courte existence d’adepte n’avais-je écouté un tel tempo saccadé et mystique à la fois. Le rythme, les notes, les temps, absolument tout était différent de ce que j’avais gouté jusqu’à présent. Je ressentais au plus profond de mon âme l’étreinte magique de cette mélodie porteuse d’irréelle contenance homophonique. J’avançais comme un assoiffé pris par l’embrassade d’un mirage salé, prisonnier au cœur du désert. Une oasis de culture au pouvoir d’éveiller mon esprit et mes sens m’attendait au coin de cette venelle mystérieuse. Chaque pas produisait des impressions que je ne saurais d’écrire. L’air était de plus en plus fort et rapide suivant, comme par enchantement, ma progression au sein des longs bâtiments plongés dans un agonisme sans fin. Quand enfin, à regret, je l’aperçus.

Une petite échoppe lumineuse se tenait comme un phare face aux ténèbres alarmantes qui m’encerclaient. Un simple lampadaire égayait une affiche de vitrine où on pouvait lire (Le Cœur d’Artiste). Le tout accompagné par une triste et branlante enseigne en forme de note de musique noire. Au-dessus d’une modeste porte ouverte se trouvait un néon clignotant avec l’énergie du désespoir, nous indiquant que le magasin était toujours éveillé au business. La rue était vide de vie et seule la mélodie aux connotations fantastiques se faisaient entendre, agrémentant l’irréel de la situation d’un enchantement doucereux. Je ne pus résister à son appelle dans savoir plus.

L’intérieur était beaucoup plus triste comparé à ce que toutes mes attentes m’avaient préparé. Un simple vieil homme était assis au côté d’un antique gramophone géant. Il semblait sommeiller tout en roulant continuellement la poignée qui permettait à la musique d’enrober l’endroit de son hymne céleste. Quelques étals épars, encombrés d’objets divers et généralement incomplets, enjonçaient les lieux. Des choses anciennes donc l’utilisation avait été perdue par l’entremise de la technologie était à disposition pour tout artiste à la recherche d’un trésor brisé. De plus, la pièce était accompagnée par une odeur de moisissure et de transpiration que souvent, j’attribuais aux vieilles personnes en fin de vie. Il n’y avait rien d’intéressent, si ce n’était la prestance de l’orchestre immortalisé dans la musique du vinyle qui tournait en continu.

Le vieil homme ressentit mon approche puisqu’au moment où pas moins de dix pieds nous séparaient, sa main s’arrêta de virer. Emportant avec elle la plus belle des mélodies que ce monde est porté. '’Qui êtes-vous ? Que faites-vous ici ? Partez !’' M’apostropha t’il. J’étais décontenancé, mais bien que j’eusse été incommodé par l’abus d’alcool, je me sentais ragaillardi d’énergie par l’élixir que mon oreille avait gouté jusqu’à présent. Je pris le temps de parler avec lui et de lui expliquer les raisons de ma venue. Je songeai, à mon grand désarroi, que l’homme avait simplement omis de fermer son magasin et m’encourageais maintenant fortement à quitter les lieux. Voyant mon obstination à rester, il se précipita pour regarder par la vitrine crasseuse. Son visage était affolé et soucieux comme celui d’une bête en cage qui craignait le retour de ses bourreaux maléfique. Il balbutiait à répétition des incongruités sans vergogne du genre. '‘ C’est impossible ! Après trente ans de malheur. Non… ce ne se peut.’'

Poursuivant dans une litanie sans vergogne, il parcourait les cent pas qui lui étaient permis à l’intérieur de son échoppe quand enfin, au comble de nombreuse minute interminable, il s’arrêta net pour m’observer. D’un ton calme et contrôlé cette fois. ’ Dis-moi gamin, à quoi songeais-tu avant de fouler ces lieux ?’ La question me prit de court et j’ignore pourquoi, mais je lui dis la vérité sans ménagement pour mon égaux. ’Écrasé par l’échec et au fond du désespoir qu’est ma vie. Je crois que je cherche en l’alcool et la drogue, un long moyen subtil de mourir. ’ Jamais de mon existence n’aurais-je osé converser à quelqu’un de la sorte, mais asteure que le chat était sorti du sac, rien ne retint les sanglots qui maintenant m’ensevelissait devant cette réalisation soudaine que moi-même j’ignorais. Étrangement, je ne m’arrêtai point-là. Je lui conversais d’absolument tous. De mes échecs, de mes rêves et même de mes angoisses puériles d’artiste incompris. Je n’évitais aucun détail, je me dévoilais à nu face à cet inconnu rencontré par le fil du hasard. Un sentiment d’impuissance et de libération me gagna. Comme si une plaie béante qui corrompait mon esprit avait été finalement ouverte à l’air frais. L’odeur est infecte, la couleur est horrible, mais la guérison pouvait enfin débuter au travers les larves suintantes que pouvaient être l’acceptation. C’était la musique cependant qui m’avait fait cet effet. Tout comme si, je pouvais au bout du compte mettre un terme sur mes émotions contradictoire qui m’ensevelissait, handicapant ma rémission artistique. J’étais si heureux d’enfin pouvoir placer des mots sur mes sentiments bafoués. Je pensais exploser d’ivresse extatique jusqu’à ce que mon monologue saccadé fût arrêté durement. '’ Mais ferme ta gueule, bâtard !’' Me dit-il, me ramenant les pieds sur terre loin de ma douce euphorie.' Ici on ne trouve pas le salut, bien le contraire à dire vrai.’’ Il soupira amèrement puis il se dirigea vers la remise qui était au fond. Disparaissant à l’intérieur, je l’entendis grogner tout en fouillant dans le pêlemêle que devait être son système d’entreposage qui, sans doute, devait laissait a désiré. C’est après un court instant surmonté de plusieurs injures dans une langue qui m’était étrangère, qu’il réapparut tenant dans ses mains une longue boite en bois.

’’ Écoute-moi bien avant d’énoncer myriades de questions idiotes. Ici, je ne vends rien. Je donne des choses…(soupir) à regret, aux personnes que mère désespoir dépose devant ma porte. À l’intérieur de cette boite, se trouve l’objet de tous tes fantasmes. Mais, oui, parce qu’il y a un hic, elle peut aussi devenir une lame à double tranchant si mal utilisé. Je ne souhaite pas que tu aies cet objet… Néanmoins, il est à toi, alors prend le si tu le désires. En revanche, prudence ! Excessivement trop nombreux sont ceux qui vendent leurs âmes en quête de succès. Réalisent bien trop tard que le prix était beaucoup trop cornélien.’’ Accompagnant ses paroles, une larme coulait sur son visage buriné. ‘’Une seule chose dois-tu me promettre. Sinon gare à toi et à ceux que tu aimes. Au grand jamais pardis! N’utilise cet objet de malheur devant oreille attentive. Sinon, père malheur suivra et fils du drame tu deviendra. Malgré les avertissements que je t’ai prodigués, désires-tu toujours cet objet ? Si oui, prends-le… et disparais à jamais.’’

Marchand dans l’allée sombre en direction de la ville. Je portais dans mes mains le petit coffre qui m’avais été donné. J’ignore pourquoi j’avais accepté de prendre cet objet. Mais malgré tout je marchais d’un pas résolu en direction de chez moi. Avancent rapidement, je jetai un dernier regard vers le magasin de musique. Toute lumière avait disparu de l’échoppe. Cela donnait l’impression pernicieuse que personne n’y avait jamais vraiment résider depuis de nombreuses années. Sortant enfin du passage sombre. Je reconnus bien vite que j’avançais pas à pas, dès à présent, sur la chossé familière du boulevard Maisonneuve. Une aube rougeoyante semblait se lever au loin. Le réveil allait être une torture des plus pénible, mais au moins je rapportais un supposé trésor de mon aventure. Plus tard dans l’agonie, la souffrance et le désastre, je tenterais de retrouver cette mystérieuse allée donnant sur l’enseigne du (Cœur d’Artiste). Et à ce jour, rongé par-là culpabilité, je cherche encore amèrement.

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