Venise- Santa Lucia
Je l’observe s’éloigner. Il disparaît rapidement dans la foule, curieusement, il semble plus petit, il se fond dans la masse des touristes. Je suis partagée entre la joie de l’avoir revu et la peine de le perdre déjà. « Allons, ma petite, tu ne vas pas te laisser abattre ! Il va certainement réapparaître avant que tu retournes à Paris. » Me dis-je en faisant un tour d’horizon autour de moi.
Les MIB trônent au sommet des marches, enfin, je dirais plutôt qu’ils dominent. Ils observent, les yeux cachés derrière leurs lunettes noires, beaucoup plus justifiées sous le soleil d’avril. Ils ne semblent pas regarder dans ma direction, mais comment juger réellement cette impression, je ne vois pas leurs yeux.
Je sors mon smartphone et commence à immortaliser la monumentale gare de style années trente sur quelques photos (eh oui, j’ai beau être une geekette affirmée et fière de l’être, je prends le temps de préparer mes voyages !) Elle étale ses arches d’époque mussolinienne dans la ville. C’est bon, les MIB sont cadrés sur au moins deux clichés, ça pourra servir plus tard. Ils ne me prêtent aucune attention, la femme porte la main à son oreille, tend l’autre vers le canal.
Je suis son geste en continuant mon panoramique. Elle pointe un joli bateau à moteur qui s’éloigne du quai. J’aperçois juste deux silhouettes à l’intérieur et le conducteur qui pilote fièrement sa machine à l’extérieur. Par acquit de conscience, je prends quelques clichés du véhicule.
Malgré la fatigue qui commence à troubler ma vue, je m’imprègne de l’atmosphère qui règne ici. La gare dévide des amas de touristes et leurs bagages. En deux secondes, je vois défiler tous les pays du monde, des Asiatiques, des Américains des Russes et des Indiens se mêlent aux Européens dans une énorme farandole de gens.
Les uns se font accoster par des porteurs à gage. D’autres appellent des taxis sur le bord du quai, les derniers grimpent le pont qui enjambe la plus grande artère de Venise de ses harches de pierres blanches (note pour l’avenir, vérifier de quelle pierre il s’agit.)
Que m’a dit Antarès avant de partir ? Prendre le vaporetto, la ligne 5.1, arrêt my little poney ? Oui, c’est ça, mais c’est quoi le vaporetto ?
Je sors mon guide de Venise, judicieusement placé dans une poche accessible, avec un manuel de conversation en italien, les deux tombent par terre. Encombré par mon sac, je n’ose me pencher, un jeune homme d’allure latine se rapproche et me propose son aide. Il parle italien. Je suis Sicilienne, je connais surtout le patois local. En Italie, on change de langue comme de région, ce que je baragouine de sicilien ne s’exporte même pas au village voisin. Alors qu’il tente de communiquer, je sens une légère pression dans mon dos.
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