Cimetière

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 Je m’avance vers le groupe, la fille dans le dos de la vieille dame, lui saisit les bras. Le costaud tient le papy qui proteste en vain. Les regards des MIB, dénués d’expression, s’arrêtent un instant sur moi. Leurs mains sont prises, si je dois agir, c’est maintenant, mais il y a un monde entre l’enseignement de Verevckine et sa mise en pratique.

 Je me fige, le cerveau en ébullition, il demande de l’aide : « ANTARES ! Au secours ! »

 Je jette un coup d’œil vers lui. Il demeure immobile, englué, à la même place. Les feullage des arbres ne pas non plus. Je ne sais pas quoi faire, je désespère quand je vois Pierre qui surgit derrière la WIB.

 « Police municipale, lâchez ces gens ! » Hurle-t-il. Sa voix est ferme et posée, mais reste sans effet.

 Claudia est là aussi, mais elle n’y va pas par quatre chemins, elle frappe le MIB d’un coup de pied sec dans la jambe. La brute lâche le vieil homme et se retourne vers elle en jurant. La jeune femme n’attend pas qu’il se ressaisisse et lui assène un phénoménal coup de genou dans les parties, mais, bien que souffrant, il la repousse d’un coup de tête. Comme elle est plus petite que lui, elle encaisse dans le front, s’écarte et enchaîne trois crochets dans sa figure, dans ma tête, elle passe du statut de fitness bimbo à celui d'héroïnne de mon coeur.

 Sans prendre le temps de réfléchir, Pierre tente de saisir le bras de la WIB. Elle esquive, lâche sa proie, lance à son adversaire un sourire cruel et se déchaîne. Une pluie de frappes nerveuses tombe sur lui. Il les évite toutes, mais perd du terrain face à cette furie.

 Le vieil homme aide sa femme à se relever, leur chat les a rejoints, le poil hérissé, il feule vers les combattants.

 Je ne sais toujours pas comment apporter mon aide. Mes nerfs se tendent, je tente de faire appel à ma colère et ma haine, j’en appelle au côté obscur, mais c’est une autre idée qui me vient à l’esprit. Je me retourne vers le porteur de la machine qui bloque mon Antarès. Je cherche un objet qui pourra me servir d’arme.

***

 L’homme face à Gabriela n’est pas un voyou des rues, il est entraîné et rapide, il combine une excellente technique avec une force physique impressionnante. Il frappe, cherche les failles de la garde de la jeune femme. Elle pare ou esquive, mais à chaque impact sur son avant-bras, la souffrance devient plus présente. Elle doit aller droit au but, prendre le dessus et ne plus laisser passer la moindre occasion.

Elle réfléchit, son unique avantage est d’être plus petite et  plus agile que lui. Elle l’attire entre deux pierres tombales, il saute dessus pour accroître son ascendant, un pied sur chacune. Gabriela se lance sous l’arche de ses jambes et percute le genou avec son épaule, en y mettant toute sa force et son poids. Un craquement et un cri de douleur lui apprennent qu’elle a gagné. Gabriela ne peut s’empêcher de sourir lorsqu’elle voit l’homme tomber en se tenant l’articulation abîmée.

***

 La femme en noir poursuit Silvio de ses attaques. Il esquive, mais elle est rapide et entraînée, il n’arrive pas à contrer. L’aïkido repose sur les esquives et le placement de l’adversaire. Le combattant essaye de l’amener à s’exposer pour placer une clef ou un déséquilibre. Mais face à cette adversaire, l’aïkido n’apporte pas de solutions au jeune homme. Il décide de faire appel à une autre forme de combat.

 Depuis quelques mois, il accompagne Gabriela à ses cours de Krav Maga, un sport de combat enseigné aux militaires et policiers. Si l'aïkido repose sur l'esquive et la souplesse, le Krav compile toutes les techniques pour neutraliser le plus rapidement possible un adversaire. Jusqu’ici, il n’avait jamais eu besoin de ses nouvelles compétences, mais il y a un début à tout.

 Silvio tente une frappe, la femme esquive et réplique aussitôt. Silvio répète l’expérience, il commence à discerner un schéma, une méthode dans la technique de son adversaire. Il sait qu’il va devoir se montrer implacable, que sa survie passe par une efficacité extrême.

 Silvio lance ses coups, la WIB les pare et contre-attaque avec une constance de machine. Le jeune agent enchaîne deux directs vers son visage, elle les bloque en resserrant ses coudes devant sa figure, il en profite pour lui écraser violemment le pied. Il conserve la pression sur la pression sur le membre de la WIB de manière à limiter ses mouvements. Désormais au contact, il frappe le ventre musclé de la femme, sans effet. Elle tente de répliquer, elle arme son poing, offrant à Silvio une ouverture. Il la déséquilibre en lui posant la main sur l'épaule et crochète son mollet de son pied. Elle tombe lourdement, le dos de sa tête heurte une tombe, Silvio se retient de l’achever, elle a son compte.

***

 Comme je comprends que Pierre et Claudia ont géré les deux premiers, je me tourne vers celui à la grosse machine. Je vois à son visage que son assurance a fondu comme neige au soleil, mais il reste concentré sur sa tâche : tenir son appareil levé, à bout de bras.

 Je ne suis pas grande, j’ai séché trop de cours de gym, mais je possède de bonnes bases en science physique : je sais que l’énergie est fonction de la vitesse et de la masse.

 Si je veux avoir une chance de réussir, il faut que je surprenne le gars, son attention se focalise sur le combat que ses deux acolytes livrent à pierre et Claudia. Je contourne, choisis avec soin ma trajectoire, je n’ai droit qu’à un seul essai. Quand je sors de son angle de vue, je me lance. Le bruit de mes pas sur les graviers éveille un début de réaction chez ma cible, j’accélère. Il tourne la tête dans ma direction, je plonge !

 La scène se passe au ralenti, le gars se retourne, lentement tandis que je vole vers lui. Le temps reprend son rythme naturel au moment du choc. Ma tête percute ses côtes avec un craquement sourd, je ne sais pas si ce bruit provient de mes cervicales ou du type, mais en tout cas, il bascule en arrière.

 Son corps amortit ma chute, il se cogne l’arrière du crâne sur une croix en pierre. J’entends le tintement métallique de son appareil alors qu’il se brise sur une statue.

 Mon adversaire me repousse sans ménagement, en fait il me jette carrément à deux mètres de lui, heureusement, j’atterris dans les graviers.

 Le gars se relève et s’approche de moi. Menaçant, il s’apprête à me frapper, mais stoppe net lorsque son regard se porte derrière moi. Sans que j’aie le temps comprendre, le MIB s’enfuit en direction de la sortie, rapidement suivi par ses complices. Enfin, l’un boite, sautille pour soulager sa jambe, l’autre se tient l’arrière du crâne avec la main, j’aperçois une traînée rouge entre ses doigts.

 À l’arrière-plan, je constate que les arbres ont recommencé de se balancer au rythme du vent.

 Je découvre la cause de leur fuite quand Antarès arrive auprès de moi, le visage inquiet.

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